Dans un contexte économique tendu et face à une demande croissante de rationalisation des ressources, l’Union pour les Entreprises des Bouches-du-Rhône (UPE13) a décidé de mettre fin à son financement de l’agence d’attractivité territoriale One Provence.
Lancée en 2023 pour offrir à la métropole Aix-Marseille-Provence une identité forte et attractive, comparable à des métropoles comme Lyon ou Paris, One Provence avait bénéficié d’un soutien appuyé du monde économique, notamment de l’UPE13.
« C’est nous, monde économique, qui souhaitions avoir une marque identifiable pour le territoire », reconnaît Philippe Korcia, président de l’UPE13, à l’occasion d’un état des lieux sur la situation économique locale et nationale.
Si le projet a été salué pour son dynamisme initial, il estime aujourd’hui que l’agence a atteint son objectif principal. « La marque est créée, elle est connue. Il est maintenant temps de rationaliser nos ressources et de les utiliser plus efficacement », explique-t-il, soulignant que les 50 000 euros annuels alloués par l’UPE13 proviennent des cotisations de près de 14 000 entreprises adhérentes (représentant 400 000 collaborateurs), qui subissent elles-mêmes une conjoncture économique difficile.
Une décision prise à l’unanimité lors du conseil exécutif : « sur 35 personnes présentes, 34 ont dit qu’on arrête« .
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Une rationalisation nécessaire
La coexistence de One Provence avec d’autres agences, comme Provence Promotion, dédiée à l’attractivité économique, soulève des questions sur la gestion des ressources. « Ces structures ont des missions similaires et mobilisent des budgets significatifs. Pourquoi maintenir deux agences distinctes alors qu’une fusion pourrait permettre des économies et une meilleure efficacité ? » interroge Philippe Korcia. Le budget annuel combiné des deux entités est estimé entre 5 et 6 millions d’euros* selon lui.
Selon le président de l’UPE13, une mutualisation des missions de ces agences pourrait libérer des ressources financières importantes, à réinvestir dans des actions concrètes directement profitables aux entreprises. Cette perspective semble d’autant plus logique que One Provence s’apprête, dès ce mois de janvier, à intégrer les locaux de Provence Promotion.
La question de la rationalisation des structures n’est pas nouvelle. L’ancien Premier ministre, Michel Barnier, avait déjà relancé le débat en annonçant la fusion de Business France et d’Atout France, un modèle visant à mutualiser les efforts pour promouvoir entreprises et tourisme à l’international.
Dans ce sillage, Philippe Korcia avait déclaré, en septembre 2024, en amont du Forum des Entrepreneurs : « Il y a 438 agences en France, et l’Insee affirme qu’on peut en supprimer un tiers. Même sur notre territoire, certaines agences pourraient fusionner dans l’intérêt général. »
*Le fonctionnement de One Provence repose sur un système mixte, entre subventions publiques et contributions privées. 950 000 euros proviennent de la Métropole, 50 000 du Département, et le reste est couvert par des cotisations annuelles de partenaires stratégiques. Parmi eux : la Chambre de commerce et d’industrie (CCI), l’UPE13, le Top 20, Aix-Marseille Université, le port Marseille-Fos, l’aéroport, Euroméditerranée… ainsi que de grands acteurs culturels comme les théâtres. En 2024, le budget de One Provence s’élevait à 1,46 million d’euros. Pour 2025, l’agence prévoit un budget légèrement revu à la hausse, atteignant 1,51 million d’euros, en misant sur les partenaires privés.
Un geste fort en période de crise
Cette décision s’inscrit dans une logique de sobriété budgétaire, dans un contexte où 55 % de la fiscalité locale repose sur les entreprises. Un poids considérable en période de crise. « Nous devons être exemplaires dans notre gestion. Nos membres s’interrogent sur la pertinence de ces dépenses, surtout dans une période où chaque euro compte », justifie Philippe Korcia.
Pour lui, la priorité doit être donnée à des actions tangibles en faveur de l’attractivité et du développement économique, plutôt qu’à la multiplication des structures. « Ce n’est pas seulement une question d’économies, c’est une question d’efficacité. Il est temps que les acteurs publics et privés unissent leurs efforts pour simplifier et optimiser leurs actions », martèle le président de l’UPE13.
Dans un contexte national marqué par une dette publique atteignant 3 300 milliards d’euros, soit 60 milliards d’euros d’intérêts annuels – le premier poste budgétaire de l’État – l’UPE13 veut envoyer un signal fort. « Nous demandons à l’État et aux collectivités de faire des efforts budgétaires, mais nous devons aussi montrer l’exemple », explique Philippe Korcia.
La situation économique, aggravée par la dissolution de l’Assemblée nationale en décembre, a conduit à une paralysie budgétaire qui inquiète le monde économique. Sans budget voté avant février 2025, la France risque une crise supplémentaire, avec 0,3 % du PIB perdu. Un impact direct sur les entreprises et leurs investissements.
Narjasse Kerboua