Parmi les annonces à retenir de son premier déplacement officiel, Gérald Darmanin dévoile un dispositif d’isolement renforcé pour les 100 narcotrafiquants les plus dangereux de France, inspiré des méthodes antiterroristes, dans le but d’affaiblir les réseaux criminels. Mais la surpopulation carcérale reste un obstacle majeur.
Pour son premier déplacement officiel en tant que ministre de la Justice, Gérald Darmanin a annoncé ce jeudi vouloir isoler les 100 narcotrafiquants les plus dangereux de France dans un dispositif d’isolement renforcé.
Un projet qu’il qualifie d’« appartement témoin », une expression empruntée au vocabulaire immobilier pour décrire ce dispositif destiné à lutter contre la criminalité organisée, notamment à Marseille.
Ce plan de répression ciblée s’appuie sur l’idée que l’isolement des plus grands criminels entraîne la fragilisation de leurs réseaux. Sur les 17 000 personnes condamnées pour trafic de stupéfiants, le ministère souhaite cibler les 100 profils les plus stratégiques.
Neutraliser les chefs de réseau derrière les barreaux
L’objectif ? Neutraliser leur capacité à piloter des opérations depuis les cellules. « Lorsqu’ils sont isolés, leurs réseaux faiblissent », a-t-il expliqué, précisant que ce dispositif s’inspire des méthodes utilisées dans la lutte antiterroriste, en appliquant des mesures de sécurité extrême aux prisonniers les plus influents.
Ce modèle est censé limiter leur capacité à continuer d’opérer depuis leurs cellules. En 2024, plus de 40 000 téléphones portables ont été saisis dans les prisons françaises.
« Continuer à téléphoner en prison et gérer son trafic ou commander des assassinats est incompréhensible pour nos concitoyens », déplore-t-il. Pour exemple, sur le territoire, les affaires impliquant des membres de la DZ Mafia, comme celle de l’homicide d’un proche du rappeur SCH, en sont un exemple frappant. Tout comme le contrat de mort visant la directrice des Baumettes et l’un de ses adjoints, qui ont dû être temporairement éloignés de leurs fonctions et bénéficier de mesures de protection après que leurs têtes ont été mises à prix sur les réseaux sociaux.
500 millions pour les brouilleurs en prison
Pour limiter l’influence des détenus, Gérald Darmanin a annoncé la généralisation des brouilleurs de téléphones. Un dispositif qui pourrait coûter 500 millions d’euros. Le ministre a également insisté sur la nécessité de renforcer les fouilles ciblées et de surveiller les réseaux sociaux et les applications cryptées, utilisées par les détenus pour continuer à mener des activités criminelles depuis l’intérieur des murs.
“Il nous faut de nouvelles cellules et des moyens matériels”, a admis le garde des Sceaux, tout en sachant que le financement et les effectifs nécessaires pour cette transformation restent un défi majeur, d’autant que la situation pénitentiaire rend cette promesse difficile à tenir. Aux Baumettes, le centre pénitentiaire marseillais, la prison compte 700 places pour 1 000 détenus.
Le quartier d’isolement, qui devrait être étendu avec l’ouverture de Baumettes 3 – une extension de 740 places – ne compte actuellement que 30 places, et les 20 supplémentaires prévues dans le projet ne suffiront pas à résoudre le problème de la surpopulation.
SUR LE MÊME SUJET