Mode in Sud vent debout contre l’alliance Castaner-Shein

Lionel Guerin, co-président de UFIMH - La Mode Française – et président exécutif de la Fédération Française des Industries du Vêtement Masculin, aux côtés de Jocelyn Meire, président de Mode In Sud, François-Marie Grau et Yann Rivoallan, respectivement délégué général et président de la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin. © N.K.

L’annonce du recrutement de Christophe Castaner par Shein suscite des remous. Le syndicat régional Mode in Sud, qui représente les entreprises de mode en Provence-Alpes-Côte d’Azur, ne mâche pas ses mots : cette collaboration est qualifiée de « choc » pour la filière.

Christophe Castaner, qui préside le conseil de surveillance du port de Marseille-Fos, est désormais membre du comité stratégique Europe, Afrique et Moyen-Orient de Shein, géant mondial de la fast fashion.

Selon Mode in Sud, ce double rôle soulève des questions d’éthique. « En tant que président du Grand port maritime de Marseille, ses fonctions devraient être exemptes de toute association avec une entreprise aux pratiques controversées », insiste l’organisation dans son communiqué, en date du 23 décembre.

Une critique frontale de Shein

Mode in Sud ne s’arrête pas à Christophe Castaner. Le syndicat dénonce également les pratiques de Shein, qu’il décrit comme un symbole de la surproduction et de la concurrence déloyale. « Ce recrutement démontre une fois de plus les moyens colossaux dont Shein dispose et les méthodes qu’il emploie », fustige Jocelyn Meire, président de Mode in Sud.

Le communiqué souligne l’impact délétère de la fast fashion sur l’environnement et les emplois locaux. Les prix ultra-compétitifs proposés par Shein sont, selon Mode in Sud, obtenus au détriment des droits des travailleurs, notamment en Chine, et de l’équilibre des entreprises françaises de mode, déjà fragilisées.

Un appel à la clarté

Pour Mode in Sud, le cas Castaner cristallise les défis auxquels la filière doit faire face. L’association appelle à des « décisions claires et fermes » pour protéger la relocalisation de la mode en France et soutenir les politiques de réindustrialisation.

Dans un contexte où l’Assemblée nationale a adopté une loi anti-fast fashion en mars, toujours en attente au Sénat, Jocelyn Meire appelle à la vigilance : « Ceux qui trahissent cette cause devraient être démis de leurs fonctions publiques ».

Ce recrutement relance le débat sur la compatibilité entre les fonctions publiques et les collaborations avec des entreprises controversées. Pour Shein, il s’agit d’une prise stratégique ; pour la filière mode française, une rupture de confiance.

N.K.