Euroméditerranée en quête de projets pour relancer le Dock des Suds

Fin de partie pour le Dock des Suds. Après 26 ans de concerts et de fêtes, la mythique salle marseillaise fermera définitivement ses portes en mars 2025. Euroméditerranée lance un appel à manifestation d’intérêt pour une nouvelle occupation temporaire du site, à vocation festive et ouverte sur le quartier.

Après 26 ans de concerts et d’événements, l’association Latinissimo, qui exploite la salle emblématique du quartier d’Arenc (2ᵉ arrondissement de Marseille) et organise notamment la Fiesta des Suds, devra remettre les clés à Euroméditerranée, propriétaire des lieux.

Le départ de l’association Latinissimo du Dock des Suds, prévu initialement pour le 31 décembre 2024, a été acté il y a un an et demi à l’issue d’un long processus de négociation avec l’Établissement public d’aménagement Euroméditerranée (EPAEM).

Cet accord transactionnel, validé par le conseil d’administration de l’établissement en juin 2023 et homologué par le juge de l’expropriation, prend en compte les enjeux humains et logistiques de cette transition, affirme l’opérateur.

Pour accompagner Latinissimo, un soutien financier conséquent a été accordé, incluant la prise en charge des frais de déménagement, des investissements non amortis et une réduction exceptionnelle du loyer. Initialement fixé au 31 décembre, l’accord prévoyait un délai supplémentaire de deux mois, permettant un départ définitif fin février 2025.

Un sursis jusqu’à mars sous la pression culturelle

La décision avait rapidement suscité des réactions dans le monde de la musique, notamment du collectif « Où va la nuit ? », né de l’initiative du magazine marseillais DTM, spécialisé dans la techno, et soutenu par une vingtaine de professionnels. Ce collectif s’est mobilisé activement face à la fermeture imminente du Dock des Suds, un lieu emblématique de la scène locale.

Le maire de Marseille, Benoît Payan, a également apporté son soutien à la démarche : « Les acteurs culturels et la jeunesse marseillaise ont le droit à des lieux de vie, de fête, de musique, aménagés et sécurisés ».

Euroméditerranée a tenu à répondre aux inquiétudes des acteurs culturels quant à l’avenir du Dock des Suds et annoncé, dans un communiqué du 17 décembre, qu’il lancera avant la fin janvier 2025 un appel à manifestation d’intérêt (AMI) pour une nouvelle occupation temporaire du lieu, « faisant place à une dimension culturelle et festive, récréative et plus ouverte sur le quartier ».

Euroméditerranée assure toutefois qu’il reste ouvert à la concertation avec les élus, les acteurs culturels et les habitants pour réfléchir à l’avenir du lieu.

Un dernier événement avant les travaux

Autre concession obtenue : l’établissement accorde un délai supplémentaire permettant à Latinissimo de poursuivre son activité jusqu’à fin mars 2025, avant le début des opérations de libération des lieux en avril, avec notamment l’enlèvement des conteneurs extérieurs. Ce sursis permettra la tenue de l’événement Babel Music XP.

L’EPAEM prévoit ensuite des travaux sur le boulevard de Paris pour sécuriser l’accès à la Cité scolaire internationale Jacques-Chirac, dont l’ouverture est prévue en 2025.

Quel avenir pour le Dock des Suds ?

Quant à l’avenir de cet ancien entrepôt portuaire, reconstruit en 2006 après un incendie, il reste pour l’instant incertain. Initialement, le site devait accueillir la Cité méditerranéenne du cinéma dans le cadre du plan « Marseille en Grand » en 2029. Cependant, ce projet a été abandonné début octobre pour des raisons économiques, la Région Sud ayant revu ses priorités.

L’établissement public rappelle son rôle historique dans l’accueil et l’accompagnement de nombreux projets culturels et festifs sur le territoire marseillais. Parmi les initiatives emblématiques portées ou soutenues figurent le Pôle Média et la Friche de la Belle de Mai, le J4 avec le Mucem, la grotte Cosquer, les festivals sur l’esplanade, les voûtes de la Major, le rooftop des Terrasses du Port, le FRAC, le théâtre de la Joliette, le CEPAC Silo, la place des Canailles aux Docks ou encore le futur centre de street art aux Crottes.

Pour Euroméditerranée, la culture reste un pilier de son identité : un facteur de rayonnement pour le territoire et ses acteurs, mais aussi un lien social et urbain, porteur de transmission et d’histoire des lieux.

Rania GABEL