Le club Marseille Tennis de table a été récompensé ce mercredi par l’Agence nationale du Sport lors des 3es Trophées Impulsion sport, pour son action d’inclusion et d’insertion par le sport.
Cet été, le tennis de table (ou ping pong, ils ne se fâcheront pas) est redevenu un sport fun, à la mode, popularisé par les exploits de Félix et Alexis Lebrun aux Jeux olympiques. Mais très loin des paillettes de la télé et de la magie au bout de la raquette des « frères lunettes », restent tapis dans l’ombre des centaines de clubs formateurs. Des milliers d’anonymes bénévoles au pouvoir tout aussi extraordinaire.
C’est le créneau choisi par Marseille Tennis de table, une association du 10e arrondissement, nichée à la Capelette. « L’épicentre du Sud et du centre, une zone très hétérogène, un quartier vivant qui fait qu’on a vraiment l’impression de servir à quelque chose », déclame Gilles Gontier.
Un projet éducatif et formatif, basé à La Capelette
Fine moustache, l’homme de 70 ans est le président du club. Dans le gymnase Curtel, mais pas seulement, il a pris le pli de « l’éducation » quand il a accepté de reprendre les rênes en 2019. « Le but n’était pas la compétition. Pour moi, la compétition reste une conséquence de la formation », ajoute-t-il.
Alors, il bâti un projet avant tout éducatif « et formatif ». La première pierre fut de former des jeunes gens au poste d’éducateur. Aujourd’hui, il cite en exemple Jean-Baptiste, Edwin ou encore Hector, un Vénézuélien, parmi ses diplômés (DEJEPS ou BPJEPS), embauchés ou en alternance grâce au soutien financier de l’Agence nationale du sport.
« On met des tables, on fait de l’animation, les jeunes viennent tout de suite. La balle fait vivre »
Le cœur de leur action n’est pas de façonner le futur Lebrun. Avec eux, la petite balle ronde bondissante sert de vecteur de rencontre, de message, lors de leurs nombreuses interventions, en centres d’hébergement à La Rose ou La Blancarde, dans les écoles et centres sociaux. « On met des tables, on fait de l’animation, les jeunes viennent tout de suite. La balle fait vivre, remarque Gilles Gontier. Faire de l’initiation, c’est les inclure dans une pratique. »
Corrélée à l’effet de groupe, la pratique sportive, même rudimentaire, enclenche inévitablement une dynamique. « Cela apporte des valeurs de confiance, ça met un processus de réussite, de discussion sociale, remarque le président du club marseillais. Ce qui fait que les jeunes qui entrent en centre d’hébergement, un peu à la tête sous l’eau, retrouve un bol d’oxygène. »
Un dispositif avec France Travail auprès de jeunes sans emploi
L’action de Marseille Tennis de table touche tous les publics : les jeunes adultes en désinsertion professionnelle, les tout petits ou encore les femmes qui ne pratiquent plus de sport depuis des années… Avec le soutien de France Travail (ex-Pôle Emploi), le club met en place actuellement un groupe de jeunes sans emploi.
« Le lien du sport va leur faire retrouver du travail, explique encore Gilles Gontier, animé d’une « vocation de formateur ». Selon certaines statistiques, quand on les fait revenir dans un cycle de sport, ils retrouvent un emploi six mois plus tard. Ça crée une dynamique, on sort de chez soi, on dialogue avec des gens, ça permet de se réinsérer. »
Ce projet a été récompensé ce mercredi, au Palais du Pharo, par les Trophées Impulsion sport, mis en place par l’Agence nationale du sport depuis trois ans. Un prix attribué à seulement dix projets, sur 120 présentés cette année. « Ces projets lauréats révèlent tout ce qui fait la beauté du sport, félicite Agathe Barbieux, la directrice du développement à l’ANS. C’est aussi l’occasion de montrer le champ des possibles aux autres acteurs, sur tous les territoires. »
« On fait de la politique parce que je m’occupe des autres. Les hommes politiques, eux, sont à notre service. Si on enlève les associations et les bénévoles, la société tombe. Tout s’écroule »
Car cette dynamique peut être enclenchée partout, pour tous. A plus forte raison en 2024, année où le sport fut décrété par l’État « Grande Cause nationale ». Ici, le « ping » se retrouve au cœur des politique publiques. « C’est un sport accessible, populaire, tout le monde peut le pratiquer, acquiesce Gilles Erb, le président de la Fédération française de tennis de table. C’est la force de notre sport et ce genre d’action permet de servir la population qui en a le plus besoin. »
Convaincu de l’« utilité et des valeurs positives » du sport sur la société, le Marseillais Gilles Gontier n’hésite jamais à brandir son bâton de pèlerin pour mobiliser. Et remettre l’église au milieu du village. « Ce trophée me conforte dans le bienfait de notre action, assure celui qui fut invité à l’Élysée pour rencontrer le président Macron en novembre 2023 en tant que « club engagé ». Je le dis aux élus, je le dis à (Benoît) Payan, à tous : ce sont nous les clubs, les associations, les acteurs politiques. On fait de la politique parce que je m’occupe des autres. Les hommes politiques, eux, sont à notre service. Tous en conviennent. Parce que si on enlève les associations et les bénévoles, la société tombe. Tout s’écroule. »
Benoît GILLES