Natation – Mélanie Hénique, ou l’art de toujours rebondir

A quelques jours de ses 32 ans, Mélanie Hénique va disputer ses cinquièmes championnats du monde en petit bassin, à Budapest. Photo B.G.

Très loin de ses ambitions aux Jeux olympiques (22e du 50m), la nageuse du CNM Mélanie Hénique est immédiatement repartie au combat. Elle s’est qualifiée pour les championnats du monde en petit bain, qu’elle entame ce mardi à Budapest.

Elle aurait pu se faire porter pâle, à l’image de la nouvelle star Léon Marchand, qui s’est récemment déclaré « Ã©puisé Â» après une lucrative tournée asiatique, améliorant nombre de records. Ou avouer, comme Florent Manaudou, que « la flamme est un peu partie Â», lui qui s’accorde une nouvelle pause après avoir décroché une 6e médaille olympique cet été, en participant dès janvier à l’émission Danse avec les stars.

Mélanie Hénique aurait pu décider de prendre, à presque 32 ans (elle les fêtera ce jeudi), une longue pause, en récompense de quinze années de bons et loyaux services chez les Bleus. Surtout pour se changer les idées, sonder sa motivation et refaire le plein d’énergie après des JO de Paris ratés. Seulement engagée sur le 50m nage libre (sa nage naturelle, le 50m papillon, ne figure pas au programme olympique), en toute fin de la semaine de compétition, elle est passée à côté, signant le 22e temps (25″05).

« Même aujourd’hui, je ne sais toujours pas expliquer mes JO Â»

Très loin de ses standards et d’une place parmi les seize demi-finalistes. Des mois, des années de préparation envolés en vingt-cinq secondes… « J’étais forcément déçue, pour moi, mais aussi pour Ju (Julien Jacquier, son coach au CNM pendant huit ans, qui a décidé de quitter la natation en juin). Ça n’enlève rien à tout ce qu’on a fait, tout ce qu’on a partagé ensemble. C’est sûr que j’attendais autre chose au vu de ma saison. Mais même aujourd’hui, je ne sais toujours pas l’expliquer. Â»

Et pourtant, à l’inverse des deux têtes d’affiche de la natation tricolore, Mélanie Hénique figure bien dans le petit collectif français (*) à Budapest, qui accueille à partir d’aujourd’hui et jusqu’à dimanche les championnats du monde en petit bassin. La sociétaire du Cercle des nageurs de Marseille revient dans la capitale hongroise, où elle avait battu son record personnel (et de France) du 50m (23″61), lors d’une étape de feue l’ISL…

Changement total de décor en 2024. Loin de penser à réaliser un quelconque chrono et avec seulement deux mois d’entraînement après un mois de septembre passé à Biarritz, la Marseillaise d’adoption va nager cette semaine « pour se faire plaisir plutôt que d’aller chercher quelque chose à tout prix. Parce que le petit bain, c’est quand même chouette Â».

Budapest, où elle a battu son record de France, en 2020

Pour la native d’Amiens, qui garde toujours le sourire malgré les embûches rencontrées sur son chemin, les curseurs sont un peu plus élevés que début novembre, lors des championnats de France. Elle avait dû en passer par là, alors que les finalistes olympiques étaient automatiquement qualifiés pour Budapest. « Seulement Â» vice-championne du monde en grand bassin (50m papillon) en février dernier, Mélanie Hénique n’a pas eu ce privilège…  

« Les ‘France’ étaient très moyens, mais c’est passé, reconnaît-elle. J’ai pu rajouter le 50m papillon, qui représente quand même l’essentiel de mon déplacement à ces Mondiaux. Â»

Contrairement aux JO, elle n’aura pas à patienter : elle sera l’une des premières en action ce mardi avec les séries le matin, suivies des demi-finales à partir de 17h, avant une éventuelle finale mercredi soir. « Ã‡a va un peu mieux à tous les niveaux parce que je retrouve un peu mes nages, mon gainage, détaille-t-elle. Je me suis mis un plan sur trois mois. Tout s’enchaîne, on s’y repique, avec la passion malgré tout. En vrai, on connaît ces moments post-JO. Franchement, il n’y a pas de panique. Â»

La native de Marseille Béryl Gastaldello parmi les favorites

En l’absence de la reine incontestée du sprint mondial (la Suédoise Sarah Sjöström fait l’impasse) et de la meilleure performeuse de l’année (l’Américain Kate Douglass s’alignera sur d’autres nages), deux filles que Mélanie Hénique connaît bien feront figure de favorites : son ancienne coéquipière au CNM (et native de Marseille) Béryl Gastaldello, championne de France le mois dernier en 24″76, et une autre Suédoise, Sara Junevik… avec qui elle a effectué un stage à Stockholm, courant novembre.

« J’ai envie de m’orienter vers d’autres choses, de découvrir d’autres façons de m’entraîner, confie-t-elle. Ça m’a fait du bien de faire partie d’un groupe de sprinteuses. Cela donne du rythme, tu n’es pas sans cesse en train de te pousser toi-même. J’aimerais bien faire quelques stages avec elles cette saison. L’opportunité de nager avec Sjöström peut m’apporter un vrai plus. J’ai envie de me donner une chance. Ce sera la dernière. Après, je crois que j’aurai fait le tour. Â»

Photo B.G.

Trouver la bonne formule entre le CNM et la Suède pour durer jusqu’à Los Angeles

Jacquier parti du Cercle des nageurs de Marseille, Mélanie Hénique réflechit, à son âge, à trouver le meilleur levier et la bonne formule pour durer jusqu’aux prochains JO à Los Angeles, en 2028. Et enfin atteindre son but ultime. Clamant son amour pour l’institution séculaire et son envie de rester sur les bords de la Méditerranée, elle apprend à découvrir le nouvel entraîneur principal, l’Italien Federico Brumana, arrivé cet été.

« J’aime bien son approche, il y a beaucoup de recherche de sensations, remarque-t-elle. Il faut s’habituer, prendre le rythme. Tout a un peu changé, tout est différent, il faut se réadapter. Le Cercle a décidé de lui faire confiance, ça a un côté stimulant d’avoir quelqu’un de vraiment nouveau qui peut apporter quelque chose à l’équipe. Il a déjà fait pas mal de résultats cet automne. Â»  

Les deux nageurs du CNM alignés sur ces Mondiaux en petit bain, Clément Secchi (médaillé de bronze aux JO 2024 avec le relais 4x100m 4 nages) et Mélanie Hénique, vont pouvoir en apporter la preuve, cette semaine, sur les rives du Danube.

Benoît GILLES

Le groupe France alignés aux Mondiaux petit bain de Budapest (10-15 décembre) :
Dames : Mélanie Hénique, Béryl Gastaldello, Anastasiia Kirpichnikova, Pauline Mahieu, Analia Pigrée.
Hommes : Maxime Grousset, Clément Secchi, Yohann Ndoye-Brouard, Roman Fuchs, Antoine Herlem, Damien Joly, Mewen Tomac.

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