Inauguré en 1975, le vélodrome des Olives est à l’abandon depuis plus de dix ans. Les dégradations sont telles que toute réhabilitation semble à la fois inutile et exorbitante. Quel avenir pour le dernier anneau cycliste de Marseille, désormais impraticable ?
La légende raconte que des milliers de Provençaux s’étaient rués autour de l’anneau des Olives le jour de son inauguration, en 1975, pour voir à l’oeuvre des champions tels qu’Eddy Merckx, Felice Gimondi, Luis Ocana ou encore Raymond Poulidor.
Près d’un demi-siècle plus tard, personne ne se hasarderait à poser ses roues pour s’élancer sur le dernier vélodrome à usage cycliste que compte la deuxième ville de France, situé à la lisière des 12e et 13e arrondissements.
Alors que se profile l’assemblée générale élective du comité régional de cyclisme (le 21 décembre prochain), cet équipement est tout simplement à l’abandon depuis que la municipalité de Marseille en a repris la gestion en janvier 2015. Stéphane Garcia, unique candidat à la présidence du comité régional cycliste, partage son amertume : « Ça mériterait un bon coup de rénovation, mais à quel prix ? »
Un lifting raté en 2008 pour 300 000 euros
Ce vélodrome non couvert avait été rénové en 2008, moyennant une facture de 300 000 euros, pour élargir la piste de 250 mètres et poser un revêtement mélangeant béton et résine. Sauf que des malfaçons sont apparues très rapidement.
Aujourd’hui, les fissures sont tellement importantes que des herbes y prolifèrent, tandis que le sol bosselé rend toute pratique dangereuse. La côte d’azur (la bande bleue intérieure) s’efface sous l’effet du temps et de la météo, les tribunes en béton sont rongées par le lichen… Un tableau qui déchire le coeur des nostalgiques et amoureux du vélo.Â
Autrefois vivant, après que l’anneau du « vrai » Vélodrome, boulevard Michelet, ne soit condamné en 1972, cet équipement ressemble à un vaisseau fantôme inhospitalier, qui tombe en ruines. Seul signe de vie : la végétation pousse en abondance en centre-piste.Â
Études de rénovation en 2019, sans suite
Des études pour sa rénovation avaient été approuvées en conseil municipal (sous la mandature de Jean-Claude Gaudin), dans une délibération datant du 17 juin 2019. Un projet jamais suivi d’effet, pour des raisons multiples, parmi lesquelles la pandémie de Covid-19 et le changement de majorité politique à la Ville l’année suivante.
« Comme dans de nombreuses installations sportives, nous héritons une nouvelle fois d’un équipement abandonné par l’ancienne municipalité. Aujourd’hui, nous avons la volonté de réaliser, petit à petit, les travaux nécessaires pour rénover ces infrastructures sportives », expliquait le nouvel adjoint aux Sports Sébastien Jibrayel en mars 2021.
Une mobilisation générale en 2022 sans lendemain
Ce dernier estimait alors à « plus de 500 000 euros » le montant des travaux nécessaires pour une remise en état. En juin 2022, alors que le comité régional cyclisme avait sonné la mobilisation générale pour « sauver le vélodrome », la facture avait encore gonflé : un total compris entre 800 000 et un million d’euros était estimé afin de le réhabiliter complètement.
La Ville de Marseille n’ayant « pas les moyens d’assumer seule ce coût », estimait encore Sébastien Jibrayel, qui tendait la main au Département, à la Région et à l’Agence nationale du sport, pour participer à l’effort de guerre.
Un appel tombé dans les limbes de l’administration. Alors que le manque de pistes cyclables continues et sécurisées décourage encore de nombreux cyclistes urbains, un vélodrome pourrait pourtant offrir une solution évidente : permettre à chacun d’apprendre et de pratiquer le vélo en toute sécurité.
À Marseille, cet apprentissage reste difficile, malgré les efforts des clubs locaux et le programme « Savoir rouler à vélo » déployé dans les écoles primaires. Quant aux passionnés de piste, ils doivent parcourir plus de 80 kilomètres jusqu’à Hyères pour s’entraîner sur le vélodrome olympique de Costebelle, géré par la métropole Toulon Provence Méditerranée.
Quel avenir pour le vélodrome des Olives ?
Quel avenir pour ce dernier témoin de la pratique cycliste sur piste à Marseille ? Combien faudrait-il investir pour le réhabiliter et permettre le retour des entraînements, voire – osons rêver – des compétitions ? Doit-on envisager sa démolition en raison de sa vétusté et de sa dangerosité, ou le voir disparaître au profit d’un projet immobilier ?
Autant de questions qui restent aujourd’hui sans réponse. Malgré nos nombreuses demandes, l’adjoint aux Sports de la Ville de Marseille, Sébastien Jibrayel, n’a pas répondu à nos sollicitations et relances.
Dans son plan pluriannuel d’investissement (PPI) 2024-2030, (voté en 2024) doté de 1,9 milliard d’euros et d’un investissement annuel moyen de 320 millions d’euros, la Ville de Marseille a alloué 170 millions à la construction et à la rénovation d’équipements sportifs : piscines municipales, stades (Aygalades Oasis, Hermitage), gymnases (Massenet), plateaux sportifs et city stades. Le vélodrome des Olives, en revanche, n’apparaît nulle part dans cette feuille de route budgétaire.
À quelques jours du vote du budget 2025, dans un contexte marqué par des tensions politiques nationales et des contraintes budgétaires accrues le vélodrome des Olives semble encore loin de retrouver ses heures de gloire.
Benoît GILLES
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