La Métropole Aix-Marseille-Provence a adopté un budget de 4,8 milliards d’euros sans hausse d’impôts. Entre stabilité fiscale et soutien aux communes, ce budget a été marqué par une rare unité entre Martine Vassal et Benoît Payan, malgré des visions politiques divergentes.
Dans une France en plein tumulte politique, où les majorités s’effondrent et les finances publiques vacillent, la Métropole Aix-Marseille-Provence fait-elle figure de repère ?
Ce 5 décembre, son Conseil a adopté un budget de 4,8 milliards d’euros sans hausse d’impôts, un pari audacieux dans un contexte d’incertitudes. Si la présidente (DVD) Martine Vassal a maintenu « son cap » de stabilité fiscale, le maire (DVG) de Marseille, Benoît Payan, a surpris par des remerciements appuyés, tout en assumant ses désaccords.
« Une décision courageuse »
Adopté sans hausse d’impôts, le budget métropolitain pour 2024 fixe des priorités claires : stabilité fiscale, désendettement et investissements ciblés. « Les taux d’imposition, y compris pour la taxe foncière, resteront inchangés. C’est un engagement que nous avons tenu, et que nous continuerons à tenir », a déclaré Martine Vassal.
La Métropole maintient également ses dotations pour les communes et ses projets structurants, notamment dans la mobilité et l’aménagement urbain. Didier Khelfa, vice-président délégué au Budget, a qualifié ce budget de « rigoureux et ambitieux », soulignant qu’il « répond aux besoins d’aujourd’hui tout en préparant ceux de demain ».
Dans ce contexte, Benoît Payan a surpris par son intervention. Devant l’hémicycle métropolitain, il a salué la décision de maintenir une dotation de solidarité communautaire de 45 millions d’euros pour Marseille. « Il y a trois ans, tout était réuni pour que vous veniez nous dire que vous n’y arriveriez pas. Et pourtant, vous l’avez fait. Je tiens à vous remercier pour cette décision courageuse. »
Le maire de Marseille, conscient des tensions budgétaires pesant sur toutes les collectivités, a reconnu l’importance de cette dotation pour sa ville. « Nous, maires, sommes les derniers remparts de la République. Ce soutien nous permet de continuer à assurer nos missions pour les habitants. » Cette dotation, vitale pour Marseille, résonne comme une bouée de sauvetage dans un contexte où les besoins sociaux explosent.
Des visions divergentes au service de l’intérêt général
Les divergences politiques n’ont cependant pas été occultées. Benoît Payan n’a pas manqué de rappeler les oppositions qui subsistent : « Nous n’avons pas la même vision, ni les mêmes trajectoires politiques. Mais face à l’urgence, nous avons un devoir commun : celui d’agir dans l’intérêt de nos habitants. »
De son côté, Martine Vassal avait insisté dans son propos introductif sur la nécessité de dépasser les clivages dans un contexte national aussi instable. « La France traverse une crise profonde : politique, économique et institutionnelle. Notre mission, en tant qu’élus locaux, est de tenir le cap et de rester fidèles à nos promesses. Les confrontations stériles n’ont pas leur place ici », a-t-elle affirmé, plaçant la Métropole comme un exemple de résilience.
Une unité fragile mais nécessaire
Un appel entendu par Benoît Payan, qui, tout en saluant l’effort consenti, a insisté sur la nécessité d’aller plus loin. « Cette dotation est essentielle, mais elle doit s’accompagner de moyens renforcés pour les services publics et les transitions écologiques. Nous ne pouvons pas nous contenter de tenir ; nous devons avancer. »
Le maire de Marseille a également dénoncé le manque de soutien de l’État, estimant que seule une meilleure coordination entre les collectivités locales permettra de relever les défis sociaux et environnementaux qui s’accumulent.
Malgré des visions politiques opposées, ce Conseil a laissé entrevoir une unité inhabituelle, née de l’urgence. « C’est comme ça qu’on fait Métropole », a conclu Payan, laissant la porte ouverte à un dialogue plus apaisé.
Dans un hémicycle temporairement apaisé, Martine Vassal a rappelé : « Nous sommes responsables de l’avenir de ce territoire. Ensemble, malgré nos différences, nous devons continuer à bâtir une Métropole qui protège et accompagne ses habitants. »
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