Un an après la validation du tracé, la Métropole Aix-Marseille-Provence s’apprête à voter une délibération essentielle pour l’extension du tramway de la Belle de Mai. Au programme : des études pour redessiner un projet mêlant ambitions urbaines et préoccupations foncières.
Alors que le tracé du tramway de la Belle de Mai est validé depuis près d’un an, la Métropole Aix-Marseille-Provence doit voter ce jeudi 5 décembre une délibération pour lancer des études approfondies. L’objectif : réduire l’impact foncier et préserver les habitants et les commerces du quartier.
Le tracé du tramway de la Belle de Mai, qui reliera le boulevard National à la place Burel via la rue Loubon, a été acté lors d’un comité de pilotage en février 2023. « Il n’y a jamais eu de débat sur le tracé, mais la question centrale est celle de l’impact foncier », précise Sophie Camard (GRS), élue d’opposition.
La rue Loubon, artère emblématique du quartier, est une épine dans le pied des aménageurs. Son étroitesse oblige à des sacrifices fonciers : 56 parcelles identifiées, plusieurs dizaines de logements à démolir, entraînant la relocalisation de 300 à 500 personnes, sans compter les commerces qui risquent de disparaître.
Face à ces chiffres, qui avaient suscité de vives inquiétudes parmi les habitants et les élus locaux, une concertation entre la Ville et la Métropole s’est engagée pour limiter les destructions. « Cela fait un an que nous demandons des études complémentaires afin de réduire cet impact », rappelle la maire de secteur, qui salue de fait cette avancée significative de la part de l’intercommunalité.
Les nouvelles hypothèses pour réduire l’impact foncier
La délibération présentée ce jeudi marque une inflexion notable. Si le tracé reste inchangé, les 56 acquisitions foncières initialement prévues sont désormais remises en question. « Ces études vont faire de la dentelle. Il s’agit d’examiner mètre par mètre comment ce projet peut avancer pour trouver les meilleures solutions d’intégration », explique Jessie Linton, élue de secteur.
Un travail de précision, qui prendra plus d’un an, et pour lequel plusieurs hypothèses sont sur la table, notamment autour de la rue Loubon et du noyau villageois de la Belle de Mai.
- Une voie unique ou mixte avec les bus : limiter l’emprise foncière en proposant un tramway qui partage l’espace avec les bus, pour réduire l’emprise au sol, au risque de ralentir la fréquence du tramway.
- La suppression d’arrêts jugés non prioritaires : comme celui de la place Caffo, pour réduire les acquisitions nécessaires et préserver le tissu existant.
- Un plan de circulation repensé : pour fluidifier le trafic pour éviter les démolitions massives.
Les habitants au cœur du processus
Outre la réduction des acquisitions foncières, la délibération met en avant un accompagnement des habitants et commerçants impactés. Relogement dans le quartier ou ailleurs, indemnisation pour les activités commerciales : autant de mesures visant à maintenir un tissu social déjà fragilisé.
Le dialogue sera renforcé par un comité de pilotage qui se réunira régulièrement pour suivre l’évolution des études et intégrer les attentes des habitants. Par ailleurs, le projet inclut une requalification urbaine autour du tramway, avec des espaces publics modernisés et des aménagements pour les mobilités douces.
Cette extension de 3,47 kilomètres et 10 stations, qui doit désenclaver le quartier de la Belle de Mai, est une priorité dans le Plan de mobilité métropolitain. En connectant des quartiers sous-dotés au réseau de transport marseillais, notamment la future gare souterraine de Saint-Charles, le tramway vise à transformer la mobilité dans le nord de Marseille.
Pour Sophie Camard, « ce tramway n’est pas seulement un équipement structurant, c’est aussi un levier pour la transformation urbaine d’un quartier qui en a grand besoin ». Le projet s’inscrit également dans une démarche de transition écologique, avec l’intégration de mobilités douces et la réduction des nuisances liées à l’automobile.
Un vote essentiel avant la réunion du GIP Mobilités
Avec un coût estimé à 173 millions d’euros hors taxes, la mise en service de cette extension est prévue pour 2030. Un prolongement vers Saint-Jérôme suivra, avec une livraison envisagée pour 2035.
Avec cette délibération, la Métropole Aix-Marseille-Provence franchit une étape stratégique, nécessaire pour sécuriser les financements de l’État dans le cadre du plan Marseille en grand.
À l’approche de la réunion du GIP Mobilités du 10 décembre, ce vote apparaît comme une condition indispensable pour ancrer l’engagement financier sur ce projet structurant et garantir son inscription dans les priorités métropolitaines.
N.K.