Para-ski alpin : la Fédération internationale ne reviendra pas sur le système polémique

Photo Grégory Picout

Dénoncés par le Briançonnais Arthur Bauchet dans Le Méridional, les nouveaux coefficients de pondération des chronos ne seront pas modifiés. A l’approche de la saison, la Fédération internationale de ski maintient que ce système est conçu pour garantir l’équité. 

C’est l’histoire du pot de terre contre le pot de fer. Le petit gagne rarement dans un combat inégal face à un géant. La saison de para-ski alpin commencera dans deux semaines par une manche de coupe du monde en Autriche, à Steinach am Brenner, avec de nouveaux coefficients de pondération des chronos, revus et corrigés durant l’intersaison. 

À première vue, rien à signaler, la Fédération internationale de ski (FIS) rappelant que « les coefficients ne sont pas adaptés à des individus ou à des groupes spécifiques, mais sont conçus pour garantir une compétition équitable entre les athlètes souffrant de différents handicaps Â». Et que les « ajustements suivent un processus de révision bisannuel de longue date Â»

Sauf que Arthur Bauchet, qui règne en maître sur le grand cirque blanc depuis des années (quadruple champion paralympique, dix fois champion du monde, vainqueur de quinze épreuves sur les 22 l’hiver dernier), voit ces modifications comme une attaque personnelle en réponse à sa domination. « C’est de l’acharnement contre moi Â», juge le Haut-Alpin de 24 ans.

Bauchet qualifie ce système d’« injuste et inéquitable Â»

La semaine dernière, sur Le Méridional, le skieur de Briançon Serre-Chevalier avait poussé un coup de gueule, dénonçant à la fois « un système injuste et inéquitable Â» mais aussi la méthode employée pour obtenir ces nouveaux coefficients. 

Chiffres à l’appui, Bauchet, atteint de paraparésie spastique démontrait que ses temps (catégorie LW3) seraient pondérés de 3,1850 points de pourcentage en moins, alors que ses concurrents directs dans d’autres catégories de handicap verraient leurs chronos encore plus rabotés. 

Sportivement, cela va réduire les écarts, voire totalement relancer l’intérêt et le suspense dans les classifications de para-ski debout. Mais Arthur Bauchet pointait également du doigt la composition du groupe de travail ayant établi ces coefficients, qui comprenaient des rivaux (« Il y a un énorme conflit d’intérêt Â»). 

« Il n’est pas envisageable de revenir sur ces modifications, car le processus a été transparent, approfondi et inclusif Â»

Une semaine plus tard, la FIS a répondu à nos sollicitations et s’explique : « Le Conseil de la FIS a discuté et approuvé les nouveaux coefficients. Un rapport complet sur le travail effectué par les groupes de travail alpin et de ski de fond a été présenté par le représentant des para-athlètes, qui est également membre du Conseil de la FIS (le Néo-Zélandais Adam Hall, élu en juin, Ndlr). Les représentants français ont été très impliqués dans le processus. L’un des membres les plus actifs du groupe était français (le para skieur Jordan Broisin), tout comme le directeur de l’équipe para-alpine, qui a assisté à la plupart des réunions (Christian Femy, qui avait pourtant pointé « un manque de clarté et de démocratie »). Leur contribution a été respectée et prise en compte tout au long du processus ». 

La Fédération internationale de ski se montre donc ferme et définitive : « Il n’est pas envisageable de revenir sur ces modifications, car le processus a été transparent, approfondi et inclusif Â»

« Les propositions ont été acceptées à l’unanimité Â»

L’instance internationale retrace les longs mois de travail (depuis septembre 2023) effectués dans le but de « garantir l’exactitude des calculs Â» : elle s’est « associée à l’Université Politehnica de Bucarest et aux associations nationales de ski (ANS). En l’absence de consensus, un groupe de travail composé de 17 experts des ANS (entraîneurs, ex-entraîneurs, athlètes et directeurs sportifs expérimentés) et de 4 membres de la FIS a été formé et s’est réuni à plusieurs reprises en octobre (2024). Les propositions ont été acceptées à l’unanimité par le Comité des sports de neige et examinées par le Conseil exécutif, qui a approuvé l’option ayant reçu le plus de soutien Â».

La Fédération internationale martèle, en conclusion : « Les coefficients mis à jour sont considérés comme un pas en avant pour garantir la confiance et l’équité dans le sport Â». Les premiers résultats, en Autriche puis en France (Tignes les 16 et 17 décembre, Courchevel les 19 et 20), seront particulièrement scrutés pour voir leur impact sur la hiérarchie. 

B.G.

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