Natation – Alexandre Camarasa renforce son engagement au service des sportifs de haut niveau

Alexandre Camarasa, ici devant les anneaux olympiques cet été pendant Paris 2024, a disputé les Jeux de Rio en 2016.

Ancien capitaine de l’équipe de France de water-polo, le Marseillais Alexandre Camarasa a été récemment élu coprésident de la nouvelle commission des sportifs de haut niveau à la Fédération française de natation, aux côtés de Charlotte Bonnet.

Alexandre Camarasa a beau avoir rangé maillot de bain et bonnet voilà trois ans, pour naviguer désormais dans des sphères plus policées, il a conservé son humour. Membre élu à la commission des athlètes du CNOSF depuis avril 2021, le Marseillais annonce vouloir mettre tout son poids, « mes 130 kilos Â», « pour faire avancer la cause Â» des sportifs de haut niveau (SHN) au sein de la Fédération française de natation.

L’ancien capitaine de l’équipe de France de water-polo n’a pas hésité une seconde à se porter candidat cet automne dès la création d’une commission ad hoc, rendue possible par une modification du code du sport.

Parmi les dix membres de ce conclave à l’accent très provençal (*), Camarasa (37 ans) a été élu à l’unanimité des présents (neuf voix, Mélanie Hénique était excusée). Il partage la présidence avec Charlotte Bonnet, tout fraîchement retraitée après les JO de Paris 2024. L’ancienne Niçoise, passée par Martigues entre octobre 2021 et février dernier, a recueilli cinq votes, devançant d’une longueur la native de Marseille Béryl Gastaldello.

« Depuis toujours, j’ai à cÅ“ur de défendre la cause des athlètes Â»

« C’est une vraie fierté, commente le nonuple champion de France. Je me suis immédiatement engagé car il faut faire bouger les choses, accompagner les athlètes, surtout les aider. Ça correspond à mon parcours de vie. Depuis toujours, j’ai à cÅ“ur de défendre la cause des athlètes. Â»

Le sociétaire du Cercle des nageurs de Marseille, avec qui il a remporté l’Euro Cup en 2019, est engagé de longue date. Il représentait déjà les joueurs de water-polo au moment du lancement de la Ligue promotionnelle et rappelle avoir « toujours joué le rôle de grand frère au CNM Â».

Alexandre Camarasa (au centre, en costume) a croisé ses anciens coéquipiers et toujours amis de l’équipe de France de water-polo cet été pendant les JO.

Ce papa de deux jeunes enfants part d’un constat : « Le sport de haut niveau est compliqué Â». En effet, pour rester dans le domaine de la natation, tout le monde n’est pas Léon Marchand ou Florent Manaudou, avec des revenus (notamment de sponsors) établis. « Il faut aider nos athlètes, les accompagner à vivre aujourd’hui et préparer leur reconversion car les carrières sont très courtes. Mais il faut aussi les motiver parfois Â», explique Alexandre Camarasa.

« Il faut aussi que la Fédé joue son rôle. Parfois elle s’endort un petit peu. Mon rôle sera de sonner le réveil à la FFN Â»

Il développe : « Quand on mène sa carrière, on a la tête dans le guidon, on ne pense qu’à ça et on a besoin de personnes qui permettent d’ouvrir ta focale pour voir le monde différemment. Un sportif de haut niveau, pour avoir discuté avec beaucoup, se diminue par rapport aux autres ; quand ils interviennent dans le monde de l’entreprise, ils se sentent tout petits. Mais on a combien d’athlètes de haut niveau en France ? Combien ont disputé les Jeux olympiques ? Pas beaucoup. Il faut qu’ils le valorisent ! Ils ont des soft skills exceptionnels. Il faut leur donner confiance Â».

L’autre chantier – de taille – qui se profile pour Alexandre Camarasa et les membres de cette commission des SHN, sera de briser le fossé séparant les dirigeants et les sportifs, qui ne cessent d’exprimer leur frustration. « Il faut aussi que la Fédé joue son rôle. Parfois elle s’endort un petit peu. Mon rôle sera de sonner le réveil à la FFN, leur dire : ‘Oh, vous avez des athlètes exceptionnels, il faut en prendre en soin’. Ne gâchons plus des générations Â», enjoint le Marseillais.

Conscient de représenter « l’ensemble des athlètes Â», toutes disciplines confondues (natation, water-polo, plongeon, artistique), l’ancien poloïste joue la carte du collectif avec la volonté de mettre du liant : « Généralement, les problématiques sont communes. Un athlète a des droits et des devoirs, on lui rappelle surtout ses devoirs et les droits se retrouvent souvent sous le tapis, enfouis au fond de la piscine. Désormais, il faut que l’athlète qui se pose une question puisse avoir une réponse Â».

Au-delà de l’écoute, nombre de sportifs restent dubitatifs quant au rôle et à la place qu’occupera cette commission en pratique. L’importance de la mission est immense.

Benoît GILLES

* Les dix membres de la commission des sportifs de haut niveau de la Fédération française de natation
Coprésidents :
Charlotte Bonnet (natation course), Alexandre Camarasa (water-polo).
Membres : Joris Bouchaut (natation course), Sophie De Ronchi-Turban (natation course), Pierre-Yves Desprez (natation course), Béryl Gastaldello (natation course), Louise Guillet (water-polo), Mélanie Hénique (natation course), Camille Lacourt (natation course), Marc-Antoine Olivier (eau libre).