Face aux travaux, l’école Bellevue cherche refuge à la cité scolaire internationale

Parents, enseignants et élèves de l’école Bellevue (3e arrondissement) ont manifesté devant la cité scolaire internationale Jacques Chirac, mercredi 20 novembre, pour réclamer son utilisation temporaire durant les travaux de rénovation prévus en 2025. La Ville répond aux critiques, défend ses choix et invite les députés insoumis à une visite de terrain.

« Parc Bellevue cherche une école ! Solidarité ! » Les slogans ont résonné, mercredi 20 novembre, devant les murs de la toute nouvelle cité scolaire internationale Jacques Chirac. Une centaine de parents, enseignants et élèves, soutenus par plusieurs syndicats (Sud Éducation 13, FSU-SNUipp 13, SNUDI-FO 13), ont interpellé les élus présents pour dénoncer les conditions de la délocalisation prévue dans le cadre du Plan Écoles.

Pour Alain Mauro, professeur de langue française à Bellevue, la situation est intenable : « Le problème est qu’une partie des enfants seront dans l’école pendant les travaux et une autre partie à l’école Ruffi, désaffectée depuis des années. Avec les marteaux-piqueurs et les vibrations, ce serait gravissime au niveau éducatif. Or, à six minutes de Bellevue, la cité scolaire a mille places libres et pourrait les accueillir. Si les élèves étaient déplacés, les travaux dureraient deux ans au lieu de quatre. »

Les parents partagent cette inquiétude. Himidi Ezidine, père de quatre enfants, alerte : « L’école tombe en ruine. Quand il pleut, l’eau entre dans les classes. Cette année, c’est encore pire. Maintenant, le plafond s’écroule. Comment choisir entre mes enfants ? Tous doivent être déplacés. » Les manifestants demandent une réponse rapide et une solution à la hauteur des enjeux éducatifs.

Les lettres des députés Bompard et Delogu

La mobilisation fait écho aux critiques des députés insoumis Manuel Bompard et Sébastien Delogu, qui ont interpellé la Ville dans deux communiqués récents. Concernant Bellevue, ils demandent également que les élèves soient intégralement transférés à la cité scolaire internationale, afin d’éviter la séparation des fratries et d’accélérer les travaux. Leur constat rejoint celui des parents : l’école Ruffi, en mauvais état, n’est pas une solution viable.

Le cas de l’école Révolution, dans le même arrondissement, a également été soulevé par les deux élus. L’effondrement d’un mur de soutènement et les infrastructures vétustes (cour déchaussée, cantine inadaptée, problèmes de chauffage) ont suscité leur consternation. Ils demandent une intervention rapide et des engagements clairs pour garantir des conditions d’étude acceptables.

Face aux critiques, la Ville de Marseille insiste sur la complexité des choix liés à la rénovation des écoles et défend son action. La municipalité, qui affirme prendre ces revendications très au sérieux, a déjà adressé une demande officielle au rectorat pour réévaluer la possibilité d’utiliser la cité scolaire internationale Jacques Chirac.

Une réunion avec le rectorat est prévue pour examiner toutes les options. Pierre-Marie Ganozzi, adjoint en charge des écoles, se veut pragmatique : « Rien n’est encore acté, les solutions sont en pourparlers. »

Sur place, le président de la Région Sud, Renaud Muselier et la présidente de la Métropole Aix-Marseille Provence Martine Vassal sont allés à leur rencontre pour échanger sur la situation des écoles à Marseille, malgré l’absence de Benoît Payan, représenté par Pierre-Marie Ganozzi.

À la suite d’un « dialogue apaisé et constructif », Renaud Muselier a formulé une demande claire : que les enfants de l’école soient temporairement accueillis à la cité scolaire internationale Jacques Chirac le temps des travaux engagés en fin d’année prochaine. 

« Ces parents et leurs enfants sont en détresse et se sentent ignorés par la mairie de Marseille. Il faut leur trouver une solution, et la cité scolaire internationale Jacques Chirac est à leur disposition. Cette cité scolaire est un écrin, au cœur de ces nouveaux quartiers, une chance pour Marseille, une chance pour notre jeunesse. Nous ne laisserons personne au bord du chemin !« 

Des contraintes logistiques importantes

Cependant, plusieurs obstacles rendent l’utilisation de la cité scolaire difficile. « Cette structure est conçue uniquement pour accueillir des élèves de l’élémentaire. Or, l’école Bellevue compte aussi des classes de maternelle, qui ne pourraient pas être transférées sur ce site. Cela poserait des problèmes pour les fratries », explique la mairie.

De plus, la cité scolaire est encore en phase de montée en charge, avec l’arrivée progressive de nouveaux élèves dans les années à venir, ce qui limite ses capacités à accueillir d’autres classes.

La Ville rappelle également que des travaux sur site sont parfois nécessaires pour des rénovations lourdes. Si des nuisances sont inévitables, tout est mis en œuvre pour minimiser leur impact. La solution de délocaliser une partie des élèves à l’école Ruffi, bien que critiquée, est défendue comme un compromis par la municipalité. « C’est une solution transitoire. Certes, Ruffi nécessite quelques ajustements, mais elle reste utilisable avec des travaux de mise aux normes. »

Le Plan Écoles au coeur des critiques politiques

La rénovation de Bellevue s’inscrit dans le cadre de la seconde vague du Plan Écoles, qui mobilise des investissements massifs pour moderniser des établissements laissés à l’abandon pendant des décennies. Inscrite pour un budget de 10 millions d’euros, l’école doit être refaite intégralement, des infrastructures aux équipements.

Au-delà des aspects techniques, la Ville déplore une approche parfois perçue comme polémique de la part des députés. Elle invite ces derniers à constater sur le terrain les avancées du Plan Écoles et à travailler ensemble pour défendre les moyens nécessaires au niveau national. « Nous sommes prêts à travailler avec toutes les parties prenantes, y compris les parlementaires, pour trouver des solutions concertées. Mais il faut aussi que chacun prenne ses responsabilités pour défendre des moyens supplémentaires auprès de l’État », souligne la municipalité, en marge de l’inauguration de l’école Malpassé – Les Oliviers.

Enfin, la Ville réaffirme son engagement à maintenir un dialogue transparent avec les familles et les enseignants pour limiter les nuisances et garantir les meilleures conditions d’apprentissage possibles.

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