Les agriculteurs allument des « Feux de la colère » dans toute la région

France, Bordeaux, 29 January 2024, Farmers' demonstration, blockade of the Langon toll plaza and snail mail operation on the A62 motorway

À bout de souffle, les agriculteurs de Provence-Alpes-Côte d’Azur se mobilisent ce lundi 18 novembre dans toute la région pour dénoncer une crise qui menace la survie de leur métier. Des actions symboliques et revendications fortes rythment cette semaine de manifestations.

Les champs se vident, les trésoreries s’assèchent et les voix s’élèvent. Moins d’un an après une vague de colère qui avait conduit à des blocages autoroutiers en janvier 2024, les agriculteurs se mobilisent de nouveau.

À l’appel de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et des Jeunes agriculteurs (JA), la journée du 18 novembre s’annonce comme une démonstration de force à l’échelle nationale. Des convois de tracteurs, des blocages filtrants et des « feux de la colère » symboliseront cette nouvelle offensive.

Baptisée « Feux de la colère », la mobilisation tire son nom des rassemblements marqués par l’allumage de feux symboliques, organisés dans toute la France par les antennes locales de la FNSEA. Ces flammes sont autant de signaux d’alarme adressés à l’État face à une agriculture en péril.

En Provence-Alpes-Côte d’Azur, sous l’impulsion de la FRSEA et des Jeunes agriculteurs (JA) Paca, une série de manifestations se déploie dans toute la région : des rassemblements auront lieu à Digne, Gap, Salon-de-Provence, Le Cannet-des-Maures et Avignon, pour alerter sur une urgence devenue insoutenable.

Une profession à l’agonie

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. La France a perdu 100 000 agriculteurs en dix ans, et aujourd’hui, plus de 50 % de son alimentation est importée. Dans les campagnes, les faillites se succèdent. Vendredi dernier, à Tarascon, des agriculteurs ont manifesté devant le tribunal de commerce pour dénoncer cette hémorragie.

Laurent Depieds, président de la FRSEA Paca, tire la sonnette d’alarme : « Les exploitations disparaissent les unes après les autres. Si rien n’est fait, c’est tout un pan de notre souveraineté alimentaire qui s’écroule ».

Les revendications s’articulent autour de quatre axes majeurs

Les syndicats agricoles de la région exigent des mesures concrètes et immédiates. En tête de leurs priorités, la trésorerie des exploitations. Entre les crises sanitaires, les aléas climatiques et l’augmentation des charges, de nombreuses fermes peinent à maintenir leur activité. Les agriculteurs demandent des aides d’urgence : prêts bonifiés, exonérations de cotisations sociales et activation des fonds européens de crise.

Autre pilier de leurs revendications : la simplification administrative. Accablés par des normes complexes et parfois contradictoires, les exploitants réclament un allègement des procédures. « Nous avons identifié 34 mesures qui pourraient être appliquées immédiatement, sans passer par une réforme législative », affirment les syndicats.

La souveraineté alimentaire est également au cœur des préoccupations. Alors que la France importe aujourd’hui plus de la moitié de son alimentation, les agriculteurs s’insurgent contre des accords internationaux comme le Mercosur. Ils plaident pour des « clauses miroirs » afin que les produits importés respectent les standards environnementaux et sociaux français.

Enfin, il en va de l’avenir même du métier d’agriculteur. Avec la moitié des exploitants actuels proches de l’âge de la retraite, les syndicats demandent un plan ambitieux pour inciter les jeunes à reprendre le flambeau. Cela passe par une revalorisation du métier et une politique d’installation facilitée.

« Il n’est plus temps de masquer les problèmes avec des aides ponctuelles. Nous avons besoin de réformes structurelles », martèle Laurent Depieds.


Ce lundi 18 novembre, les agriculteurs occuperont des lieux stratégiques dans plusieurs départements :

• À Digne, un feu de la colère s’allumera au rond-point du 11 novembre.

• À Gap, les manifestants se retrouveront au rond-point de l’Europe.

• À Salon-de-Provence, une mobilisation est prévue à 20h30, en soutien au mouvement national.

• Dans le Var, deux cortèges convergeront vers le rond-point du Cannet-des-Maures.

• À Avignon, les syndicats investiront le pont de l’Europe le matin, avant de rejoindre la préfecture l’après-midi.