Après quinze mois de travaux et une facture approchant les 8 millions d’euros, un stade et un gymnase ont été inaugurés ce mercredi 6 novembre à la Duranne. L’ensemble porte le nom de l’ancien joueur de football aixois et sélectionneur de l’équipe de France Henri Michel, décédé en avril 2018 à 70 ans, à nouveau honoré en présence d’internationaux tricolores tels que Michel Platini.
Le projet de création d’un complexe sportif dans le quartier de la Duranne avait été voté début juin 2018 en conseil municipal de la ville d’Aix-en-Provence, quelques semaines seulement après le décès d’un des enfants du pays, Henri Michel.
Six ans et demi sont passées, il a fallu quinze mois de travaux pour voir cette immense plaine des sports sortir de terre. Aujourd’hui, quoi de plus normal d’y accoler le nom de l’ancien joueur soyeux des années 70 puis sélectionneur de l’équipe de France (champion olympique en 1984 à Los Angeles, 3e de la coupe du monde 86) ?
Le complexe de 2000 m² s’est dévoilé ce mercredi 6 novembre, en présence de quelque 400 personnes, dont de nombreux joueurs de prestige : Michel Platini, Jean Tigana, Patrick Cubyanes, Albert Rust, Guy Lacombe, Luis Fernandez, Dominique Bijotat, mais aussi son adjoint sur le banc de touche, Henri Emile.
Un hommage à Henri Michel, légende du football aixois
Imaginé par l’architecte aixois Christophe Gulizzi, il a été conçu avec une vocation pluridisciplinaire. On y trouve un gymnase comprenant une tribune et un mur d’escalade intérieur, une salle dédiée à la danse et aux sports de combat, ainsi qu’une pelouse synthétique pour le foot américain et le football à 8 loisir, ainsi que trois couloirs d’athlétisme, à l’extérieur.
« C’était un équipement très attendu à la Duranne, explique Sophie Joissains, la maire (UDI) d’Aix-en-Provence, à propos du dernier né des quartiers périphériques aixois, qui compte à présent 10 000 habitants. Nous le dédions à un personnage aixois hors du commun, qui a suscité le respect et l’admiration. Henri Michel était un sportif exceptionnel avec un talent et un charisme absolument uniques. C’est un monument du sport français, mais aussi un enfant du pays qui a laissé un héritage profond. »
Le prélude à une matinée d’hommages renouvelés à celui qui fut considéré, à juste titre, comme la star du foot français des années 70, formé à Aix, passé par l’ASA en D2 avant d’effectuer toute sa carrière de joueur en Division 1 au FC Nantes, remportant trois titres de champion de France.
Une ode à l’altérité
Si l’Aixois se distinguait par sa classe et son élégance au poste de milieu de terrain, ce complexe pluridisciplinaire sportif qui porte son nom en impose par son positionnement géographique à nul autre pareil, et son bâti en béton brut, bois naturel et en pierre en parement.
Lové entre garrigue et rocaille, il a été imaginé « comme un trait d’union en vitrine sur la départementale entre les deux secteurs urbains du quartier-village » de la Duranne, décrit Éric Chevalier, le président de la Semepa, la Société d’économie mixte d’équipement du pays d’Aix.
L’architecte, Christophe Gulizzi, a volontiers joué la carte du collectif en détaillant le cheminement de sa création : « L’architecture devient une ode à l’altérité. Le sport et la culture partage des valeurs essentielles, l’exigence, l’excellence, la quête du geste parfait, des notions de transcendance aussi. Et n’oublions pas la beauté ».
Il a dû faire face à des « enjeux multiples, à la fois architecturel, environnemental et bien sûr mémoriel, en l’honneur d’Henri Michel ». Christophe Gulizzi en a fait « un trait d’union entre la ville et la nature. Visible et discret, il s’inscrit dans la continuité du parc de la Duranne, enchassé dans le vallon et se loge dans la garrigue avec sa toiture végétalisé ». Il décrit le complexe tel un « écrin généreusement vitré, afin que la lumière naturelle se révèle comme l’élément prédominant de notre concept ».
Un équipement pour les clubs locaux et les jeunes athlètes
Alors que des jeunes footballeurs en herbe de l’AUC ont pu effectuer quelques exercices de tirs, avec Luis Fernandez comme éducateur de luxe n’hésitant à mouiller la chemise, plusieurs clubs éliront résidence dans ce quartier ouest d’Aix : les Argonautes (foot US) viendront s’entraîner, mais devront pour l’instant continuer à disputer leurs matchs au stade, en attendant d’avoir une tribune directement taillée dans la roche) supérieure à 1000 places, ou encore les handballeurs de l’UPABHB (Union Aix Bouc-Bel-Air).
« Cet outil répond à un besoin et va désengorger d’autres stades et gymnases, explique Francis Taulan, l’adjoint aux Sports d’Aix. C’est peut-être prétentieux, mais je le certifie : on est devenu la ville la plus sportive de la métropole, avec près de 400 clubs. »
Si le Covid a rallongé les délais de livraison et alourdi la facture (chiffrée en 7,5 et 8 millions d’euros), ce complexe est désormais bien né. Eric Chevalier, le président de la Semepa et également premier adjoint à la ville d’Aix, a formulé un vœu, pour conclure : « Que ce cadre exceptionnel fasse naître des vocations et le goût du sport ».