Pulsations créatives et plaisirs sensoriels au cœur de la Biennale des Imaginaires Numériques

Viens valeur ©Kay ASMR

Du 7 novembre au 19 janvier, la Biennale des Imaginaires Numériques s’empare du Sud avec trois mois de festival digital. Dans cette effusion artistique, les installations, performances et projections plongent le public au cœur du plaisir contemporain, entre algorithmes et fantasmes visuels.

Marseille, Aix, Avignon, Istres… Cette année, la Biennale des Imaginaires Numériques a préparé un marathon hédoniste pour les curieux et les créatifs.

Fondée en 2018 et pilotée par l’équipe de Chroniques, elle fait son grand retour avec un thème aussi osé que nécessaire : le plaisir. «  Face à la multitude des enjeux que cela soulève, nous souhaitons aborder cette thématique de manière pluridisciplinaire et critique. Nous voulons explorer les différentes facettes du plaisir dans le monde numérique, et les mettre en dialogue avec les enjeux sociaux, politiques et éthiques de notre temps, » lâche Mathieu Vabre, le directeur artistique.

Et pour en découdre avec le sujet, la Biennale investit les arts numériques, de la réalité virtuelle aux performances interactives, des jeux de lumière aux installations sonores.

L’Héritage de Bentham explore la surveillance numérique comme un legs moderne, transformant les outils de contrôle en objets d’art pour questionner la notion de visibilité et de contrôle. Exposée dans le parcours « Plaisir Intérieur Brut » à la Friche la Belle de Mai. © Donatien Aubert.

Arles donne le ton

Cette édition s’ouvre sur un panorama artistique résolument international, avec la Lituanie en invité d’honneur et un focus sur les talents néerlandais, réunissant 40 nationalités et dix délégations nationales et internationales pour explorer l’art numérique sous toutes ses facettes.

En prélude à la Biennale des Imaginaires Numériques, Arles donne le ton avec No Reality Now, une performance signée Vincent Dupont et Charles Ayats, qui allie danse en direct et réalité virtuelle.

Présenté au Théâtre d’Arles les 6 et 7 novembre, cet événement s’inscrit dans le sillage du Festival Octobre Numérique – Faire Monde, où art et technologie s’entrelacent du 9 octobre au 10 novembre, offrant un avant-goût de l’effervescence numérique à venir.

La Friche comme laboratoire sensoriel

Le lancement de l’édition 2024 se tient le 7 novembre à la Friche la Belle de Mai à Marseille. Et là, on ne lésine pas : l’inauguration se vit comme une plongée au cœur du plaisir digital, une explosion de couleurs et de sons qui happe le spectateur.

Au quatrième étage, le parcours PIB – Plaisir Intérieur Brut – transforme l’espace en labyrinthe de pulsions numériques où se mêlent artistes et algorithmes.

Dries Depoorter y présente Recharge, une œuvre qui fait de la surveillance digitale une installation critique et un acte artistique. Cette œuvre invite les spectateurs à réfléchir à l’omniprésence des regards numériques et à notre dépendance aux technologies.

L’artiste finlandais Severi Aaltonen explore quant à lui l’impact des entreprises sur la vie quotidienne avec Disney Realm, une installation qui questionne la culture de masse à travers des matériaux industriels et recyclés.

Le collectif Telemagic propose une expérience mystique avec Wheel of Telefortune, interrogeant la connexion humaine avec la technologie numérique par des dispositifs interactifs qui confrontent le public à sa propre relation avec les machines…

Puis, place au BON AIR_OFF : un DJ set électrisant qui transforme les Grandes Tables de la Friche en piste de danse dès 21h.

Feroui, Monikaze et 33EMYBW se relayeront aux platines, proposant une soirée où la techno et la house résonneront dans un décor immersif et lumineux, transformant la Friche en véritable scène électro pour cette ouverture de la biennale.

Aix-en-Provence, la volupté au cœur des rues

Le 8 et 9 novembre, la biennale prend ses quartiers à Aix-en-Provence. La ville devient un véritable terrain de jeu visuel avec neuf installations monumentales en espace public, invitant à la déambulation et à l’exploration sensorielle : la Fontaine de la Rotonde se mue en Écrin laser. Les 16 faisceaux, symbolisant le plaisir fragmenté, plongent les visiteurs dans un état de contemplation intense.

Le Cours Mirabeau devient un ballet lumineux avec l’installation Parallels, une chorégraphie de faisceaux lasers qui crée une ambiance hypnotique. Comme une symphonie lumineuse, les rayons se fondent dans l’architecture, dansant entre sérénité et chaos.

L’installation Faces sur la Place des Prêcheurs, conçue par le collectif Iregular, capture les traits des passants et les unifie pour composer des portraits 3D en évolution constante. Ici, le numérique devient un miroir de notre identité, où le visage humain se transforme en œuvre collective.

Dans une ville ancrée dans son patrimoine, chaque installation de la Biennale crée une rupture visuelle, transformant l’espace public en une scène immersive et captivante qui interpelle les passants.

FACES – Iregular © Iregular

Un voyage sensoriel où le plaisir se décompose et se réinvente

La Biennale ne se contente pas de charmer, elle secoue. Chaque œuvre, chaque installation est pensée pour interpeller, questionner. Tout au long des trois mois, des expositions collectives et des performances sont proposées dans plus de 30 lieux partenaires.

Sur les cinq étages de la Friche, Environnements Virtuels nous embarque dans un univers parallèle où les frontières entre nature et technologie s’effondrent.

Caroline Gagné et Laurent Lévesque, par exemple, transforment le végétal en une relique sacrée, un éden numérique où le végétal devient code.

L’installation Le Conservatoire devient une allégorie poétique : les plantes du monde virtuel, seules survivantes d’un futur dystopique, nous renvoient à nos obsessions et à nos contradictions. À la fin, le spectateur n’est pas certain de savoir où se termine le réel et où commence le simulacre.

Et ce n’est pas tout. Au Panorama, l’exposition Derniers Délices des artistes du Studio Smack interroge notre appétit insatiable. Ici, le plaisir devient un monstre, une force incontrôlable, un miroir de notre société qui consomme tout, même les images. L’ironie est mordante : chaque œuvre est une gourmandise visuelle qui finit par nous avaler.

Le Cirque s’invite au numérique pour un mariage de sensations

La Biennale s’enrichit cette année d’un partenariat avec la Biennale Internationale des Arts du Cirque (BIAC) – 9 janvier au 9 février 2025 – pour une collaboration qui mélange cirque, numérique et performance.

Le duo Adrien M & Claire B, habitué aux expériences immersives, propose En amour, une installation où spectacle vivant et art visuel fusionnent dans la Grande Halle de la Cité des Arts de la Rue.

Une immersion totale où l’art du cirque et le digital se rejoignent pour une expérience sensorielle et visuelle, entre funambules numériques et acrobaties visuelles.

En amour © Adrien M & Claire B.

Des pros qui se frottent aux dilemmes du numérique

Le 7 novembre marque aussi le coup d’envoi du premier Marché des Imaginaires Numériques (MIN). Cet espace de rencontres pour les pros de l’innovation invite les professionnels à réfléchir aux impacts du numérique et de ses usages sur le plaisir, au-delà des filtres des réseaux sociaux.

Ce salon éthique explore des manières de réinventer la culture digitale, loin des habitudes de consommation standardisées.

Une clôture en apothéose numérique

Enfin, la Biennale ne pouvait pas se terminer sans une fête d’anthologie. Du 14 au 19 janvier, Istres, Aix et Marseille seront le théâtre de spectacles audacieux, explorant les limites et les nouvelles formes du plaisir numérique.

À l’Espace Julien, le collectif Nyege Nyege promet de faire vibrer Marseille au rythme de l’afro-futurisme. Sur les sons de Catu Diosis, pionnière du dancehall, le dancefloor deviendra un terrain d’expérimentation, un espace où le plaisir se mue en transe collective.

Quant au Petit Plateau de la Friche, il hébergera la Tisseuse d’Histoires, une création en réalité virtuelle qui fait plonger le public dans une bulle parallèle où les frontières s’effacent et les sens s’éveillent.

La Biennale se veut un espace de liberté où le plaisir est exploré comme un vecteur de réflexion, de transgression, et d’expérience intense. Le message est clair : bienvenue dans l’art digital, version sans filtre.


📅 Dates : du 7 novembre 2024 au 19 janvier 2025
📍 Lieux principaux : Friche la Belle de Mai (Marseille), Cours Mirabeau et Fontaine de la Rotonde (Aix-en-Provence), Espace Julien (Marseille), Cité des Arts de la Rue (Marseille)
🎟️ Tarifs : Majorité des événements gratuits, certaines performances payantes (Espace Julien 15-18€, Grande Halle de la Cité des Arts 6€)
🕗 Inauguration : 7 novembre, 17h à 1h, Friche la Belle de Mai
Week-end inaugural à Aix : 8 et 9 novembre, 17h à 23h
Clôture : 14 au 19 janvier, Espace Julien et Friche la Belle de Mai
👉 Pour tout savoir sur la programmation, c’est par ici