Cyclisme : l’AVC Aix veut prendre du galon pour son centenaire

Présentation de l'effectif 2024 AVC Aix à Skoda Aix. Les coureurs présents et le staff.

Alors qu’il fêtera ses cent ans en 2025, le club aixois de cyclisme sur route annoncera formellement ce lundi soir, lors de son assemblée générale, son intention d’accéder à un nouveau statut, la Continentale Fédérale, pour participer à de plus grandes courses.

Véritable institution du cyclisme provençal, l’AVC Aix s’apprête à fêter ses cent ans. Pour marquer le coup et fort d’une saison 2024 d’excellente facture (38 succès, deux sélectionnés aux JO, trois titres de champion de France), le club amateur s’attaque à une montagne inédite : son président Jean-Daniel Beurnier officialisera ce lundi soir, lors de l’assemblée générale annuelle à la Maison des arts de combat (19h), son intention d’accéder au statut Continentale Fédérale nouvellement créé.

A quoi correspond ce niveau ? Pour faire simple, il existe actuellement trois niveaux pour les équipes professionnelles, régentées par l’Union cycliste internationale (UCI) : le World Tour (celles qui disputent les plus grandes épreuves dont le Tour de France), les Pro Teams (la 2e division) et les Continentales. L’Amicale Vélo Club Aix-en-Provence évolue, elle, historiquement dans l’élite amateur, à savoir la Division nationale 1.

Un 4e niveau professionnel pour des clubs amateurs

L’échelon Continentale Fédérale, comme son nom l’indique, a été imaginé par la Fédération française de cyclisme (FFC) à destination des meilleures équipes de DN1 qui le souhaitent. Il peut être considéré comme un 4e niveau professionnel, puisqu’il permettra aux cinq clubs amateurs qui postulent de participer à de plus grandes compétitions (classe 1) et se frotter au monde pro.

« La Fédé a ouvert une porte, ça ouvre de nouvelles perspectives, fixe Jean-Michel Bourgouin, le manager de l’AVCA. Il n’y a pas que le professionnalisme pour former des coureurs, il faut des alternatives car on a aussi des jeunes qui font des études, par exemple. Â»

Il existe en effet un volet formation dans ce projet, avec l’obligation pour chaque coureur (qui resterait amateur, donc non rémunéré) de mener un double projet, scolaire ou avec une formation.

Aix est prêt à prendre le contre-pied : le dossier a été déposé avant la date limite (15 septembre), il a fallu convaincre l’écosystème local et trouver le budget (650 000 euros minimum demandé).

La caution bancaire (20 000 euros) et les droits d’inscription ont été versés à l’UCI. Â« C’est dans les tuyaux. Aujourd’hui il n’y a pas de raison que ça ne se fasse pas Â», explique Jean-Michel Bourgouin.

Le label serait accordé pour deux ans, l’effectif devra compter entre 10 et 16 coureurs, avec la possibilité d’ajouter quatre coureurs dits « spécialistes Â» avec une double pratique (dans des teams UCI VTT,  cyclo-cross ou endurance sur la piste).

Clément Izquierdo (3e à droite) a notamment remporté la Classique Puisaye-Forterre le 22 septembre dernier dans l’Yonne, permettant l’AVC Aix de terminer ce jour-là deuxième au classement par équipes de la coupe de France DN1. Photo – La Classique Puisaye-Forterre.

La Ligue nationale de cyclisme vent debout a saisi le Conseil d’État

Il existe toutefois un écueil : la Ligue nationale de cyclisme (LNC) s’y oppose fermement. Considérant que la gestion du professionnalisme en France lui revient, cette dernière crie à la concurrence déloyale. Elle a saisi début octobre le Conseil d’État, qui n’a pas encore tranché le litige. Sauf que, réglementairement, le ministère des Sports a donné délégation à la FFC, qui est seule chargée par l’UCI de délivrer la certification des équipes Continentales.

« C’est très complexe. On ne fait pas de forcing pour y aller, parce qu’on n’est pas répertorié à l’UCI pour l’instant, donc on s’écrase, fait preuve de prudence Jean-Michel Bourgouin. Mais on aura beau gagner cinq fois la coupe de France des DN1, on n’aura jamais accès au niveau supérieur, puisque ce n’est qu’une question de budget. Â»

En filigrane, se fait jour une question philosophique : doit-on avoir un contrat pro pour faire du vélo professionnel ? Les clubs amateurs disputent déjà des épreuves (appelées classe 2) aux côtés de formations professionnelles. L’AVC Aix a ainsi disputé le Tour de la Mirabelle (en Lorraine), en mai dernier, remporté par l’un de ses coureurs, le Franco-Britannique Oscar Nilsson-Julien.

Ce dernier est l’exemple du véritable savoir-faire dans la détection et la formation des jeunes talents au sein du club provençal. Il fait partie des six coureurs aixois appelés à rejoindre l’an prochain des équipes professionnelles, tout comme Clément Izquierdo (Cofidis), Emmanuel Houcou (Arkéa – B&B Hôtels Continentale), Louis Sutton (Euskatel-Euskadi), Euan Woodlife (Israel Premier Tech Academy) et Noé Melot (Tudor U23).

L’AVC Aix, invité du Grand Prix de Marseille en ouverture de la saison ?

S’il accédait à ce 4e Ã©chelon professionnel, le club aixois continuerait d’organiser ces propres épreuves et aurait l’obligation de disputer la coupe de France DN1.

Jean-Michel Bourgouin, en parfait connaisseur du milieu, ne veut pas mettre la charrue avant les bœufs : « Ça ne nous dérange pas car on sait très bien qu’on n’a pas les effectifs pour aller concurrencer Mads Pedersen (le champion du monde danois 2019, notamment vainqueur de Gand-Wevelgem en 2024). On n’est pas fous, on sait que l’Etoile de Bessèges est trop relevée pour nous. On prendrait des roustes terribles. On va continuer de courir à la fois chez les amateurs et en classe 2, et une fois de temps en temps en classe 1. Ce n’est pas dit qu’on serait ridicule mais on ne veut pas faire n’importe quoi, ni le faire par provocation. On n’ira pas au combat bêtement ».

Reste que les organisateurs verraient évidemment d’un bon œil la possibilité de pouvoir accorder des wild cards à des structures régionales, plutôt qu’à des équipes Continentales étrangères.

Alors qu’inviter une équipe comme l’AVC Aix permettrait à des jeunes du coin de s’illustrer à domicile. Ainsi, le club du président Beurnier ne cache pas son très fort intérêt de candidater à une place sur la ligne de départ du Grand Prix Cycliste de Marseille La Marseillaise le 2 février prochain, ou encore au Tour de La Provence, du 13 au 16 février.

« Ã‡a ne va rien changer, on va continuer à travailler de la même façon. Cela apporte par contre de nouvelles perspectives et aidera les clubs à se développer Â», résume le manager aixois, Jean-Michel Bourgouin.

En attendant la décision du Conseil d’Etat, la FFC doit définitivement valider les dossiers des clubs demandeurs auprès de l’UCI, au plus tard ce jeudi 7 novembre.