Des virages du Vélodrome aux tatamis, rencontre avec les South Winners Taekwondo

Crédit photo : Rudy Bourianne

Le club de taekwondo des South Winners a ouvert une nouvelle salle à La Viste, en plus de celle de la Castellane. Un espace où sport, valeurs et insertion sociale se rejoignent pour accompagner la jeunesse marseillaise.

« Vous allez voir, vous allez passer un super moment ! Les enfants vont faire le kata des South Winners ». La curiosité est de mise. Une trentaine de minots, hauts comme trois pommes, en rang de trois colonnes. Certains en kimono, d’autres en tenues de sport se mettent en place sous les ordres de Jean Anthony leur entraîneur, arbitre aux Jeux olympiques et paralympiques 2024. Les derniers regards dispersés se concentrent.

Le coach donne le ton et tous ensemble, dans un enchaînement de poing droit puis gauche en rythme, scandent « South Winners Taekwondo » avant un énième kata pour finir le cours.

Ce mercredi 23 octobre, le club de taekwondo du célèbre groupe de supporters du virage Sud a inauguré sa nouvelle antenne au gymnase de La Viste. Une deuxième salle, en plus de celle de la Castellane, devenue nécessaire face au succès grandissant du club fondé en 2012 par Rachid Zeroual et Karim Aoudja, directeur technique et sportif, et qui accueille à ce jour, 140 adhérents.

« L’avantage d’avoir cette antenne sur la Viste permet aux jeunes de retrouver un endroit d’accueil tous les jours, car nous sommes un club convivial et familial. Et pour les compétiteurs, de pouvoir s’entraîner tous les jours. D’autant que nous avons désormais des jeunes qui sont dans le ranking mondial », explique Karim Aoudja, ancien champion dans la discipline.

Crédit photo : Rudy Bourianne

Viser le plus haut niveau

Au niveau compétition, le club marseillais a l’ambition d’emmener les jeunes au plus haut niveau, que ce soit en équipe de France, ou avec le projet bassin méditerranéen au sein de l’équipe du Maroc ou d’Algérie.

Parmi ces championnes et champions, Aya Gouzmir, notamment, championne de France, vise l’aventure olympique à Los Angeles en 2028.

Ainsi pendant qu’au Parc Chanot, les membres du SW87 préparaient le tifo pour le très attendu OM – PSG du dimanche, au 68, rue Serge Douriant dans le 15e arrondissement, les combattants petits et grands, comme les parents, célèbrent cette nouvelle salle et s’entraînaient, avant – pour certains – de rejoindre les supporters de l’OM.

Dans l’air, les chants du virage sont comme un fond sonore au cœur même du gymnase face à la grande banderole du groupe orange, dont les membres retournèrent leurs bombers un soir de PSG – OM en 1990 en opposition aux néonazis présents dans le kop de Boulogne.

Crédit photo : Rudy Bourianne

Le sport comme vecteur d’inclusion et d’insertion

En plus du taekwondo, le club des South Winners porte des engagements forts envers la jeunesse et les quartiers. Pendant les vacances, par exemple, des sorties et activités sont organisées pour éloigner les jeunes du pied des immeubles.

« Les South Winners, c’est une école de la vie. À travers le groupe et le taekwondo, nous voulons transmettre des valeurs de persévérance, de rigueur, d’assiduité et de force mentale, très importantes aujourd’hui », précise Karim Aoudja, pour qui le Taekwondo a été un réel levier d’insertion dans la vie.

Durant cette soirée inaugurale au cœur du mois d’Octobre rose, Khalasse Zalaghi, présidente du club, a pris la parole pour sensibiliser les mères présentes au dépistage du cancer du sein.

« Les mamans de quartiers ont tendance à s’oublier, à penser en priorité à leurs enfants. J’essaie de les sensibiliser par rapport à ça. En plus même d’Octobre rose, nous leur expliquons qu’il faut qu’elles prennent du temps pour elles », nous déclare Khalasse Zalaghi. Dans ce sens, deux cours par semaine sont exclusivement réservés aux femmes pour tisser du lien et retrouver ce temps pour soi parfois oublié.

Présent aux côtés des dirigeants, Hedi Ramdane, adjoint au maire et élu aux sports dans les 15e et 16e arrondissements, est venu apporter son soutien et s’est même prêté à quelques échanges sur les tatamis.

Pour aller plus loin, Karim Aoudja espère obtenir de faire évoluer ses combattants dans une infrastructure. L’ancien champion a l’objectif de trouver un dojo afin de limiter toutes les contraintes horaires et ainsi, accueillir ses jeunes le plus souvent possible pour les emmener sur les chemins de la réussite.

Rudy Bourianne

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