Premier projet de l’Anru, la plaine des sports et des loisirs a été inaugurée à la Busserine, mercredi 23 octobre. Un lieu de convivialité pour un quartier souvent oublié à Marseille.
Un tag géant « BUSSERINE », un skatepark, un terrain de basket, ou encore un parcours de santé flambant neuf… Et des enfants qui courent dans tous les sens sous les regards amusés, parfois inquiets, des parents venus célébrer la fête de quartier.
Ce 23 octobre, la plaine des sports et des loisirs de la Busserine a été officiellement inaugurée. Située au cœur du 14e arrondissement de Marseille, en face du centre commercial du Merlan, cet espace de deux hectares symbolise la volonté de la Ville de réinvestir ses quartiers prioritaires, longtemps laissés en marge des grands projets de développement urbain.
« Une attention nécessaire pour ce quartier »
« C’est un quartier qui méritait toute l’attention de la ville, de l’État et des partenaires qui y ont travaillé », déclare sur place le maire (DVG) de Marseille, Benoît Payan.
À ses côtés, le préfet de région, Christophe Mirmand, a rappelé l’importance de ces projets pour le tissu social de la ville : « C’est un quartier qui a eu besoin de l’intervention publique pour améliorer le cadre de vie des habitants, pour améliorer les immeubles, les appartements dans lesquels ils vivent. Mais aussi répondre à leurs besoins en matière d’équipements sportifs, de loisirs. »
Un projet à 11 millions d’euros pour réconcilier le quartier avec la ville
À l’intersection de l’avenue Salvador Allende, de l’avenue Raimu et du boulevard Mattei, ce lieu, anciennement en friche, a été transformé en un espace dédié aux loisirs et aux activités sportives pour tous les âges. Skatepark, City stade, parcours santé, et même une scène urbaine avec gradins : chaque recoin de cette plaine vise à redonner de l’élan à un quartier qui en a souvent manqué.
Le ciel, chargé de nuages, a déversé quelques gouttes sur la cérémonie, rappelant que même les éléments semblaient s’accorder avec le climat de critiques entourant le projet. Malgré cette pluie légère, l’inauguration s’est poursuivie, marquant une étape symbolique pour ce quartier en quête de renouveau.
L’idée ? « Ce sont des milliers de m2 qui viennent remplacer du béton, des jeux d’enfants de très belle qualité, des skates qui seront mis à disposition pour des enfants parce que les petits, ici, n’ont pas forcément l’argent de se payer un skate », explique le maire de la ville, évoquant une dynamique nouvelle pour les habitants.
Ce projet s’inscrit dans le cadre plus large du programme de rénovation urbaine piloté par la ville avec l’ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine), qui a apporté une subvention de 3 millions d’euros, complétée par un investissement municipal de 7 millions d’euros. La Métropole a également contribué au chantier tout comme l’Agence nationale du sport. Coût global : 11 millions d’euros.
La renaissance d’un quartier ?
La transformation, entamée en janvier 2023, a pris fin en juin dernier, avec pour ambition de faire de cette plaine un lieu de rencontre et de fraîcheur, à l’heure où les vagues de chaleur deviennent plus fréquentes.
Au-delà des équipements sportifs, le centre social l’Agora, relocalisé et agrandi, s’inscrit dans cette dynamique de quartier. Conçu comme un lieu de vie et d’échanges, il offre un espace pour les associations locales et les initiatives collectives. Une habitante rencontrée sur place partage : « C’est un bon endroit pour que les enfants s’amusent et viennent faire du sport. »
Pour les familles venues assister à l’inauguration, la plaine est d’abord un espace de liberté retrouvé pour les enfants. Mais d’autres, comme une maman venue de l’avenue Raimu, restent sur la réserve : « Le parc est super, mais il ne faut pas que ça devienne un squat. Il ne faut pas oublier l’insécurité que l’on vit. Même pour aller travailler, j’ai peur… »
Sous le spectre des critiques
Mais, derrière cette célébration, plane le spectre du rapport de la Chambre régionale des comptes sur le plan « Marseille en grand », qui pointe du doigt les lenteurs et les difficultés de mise en œuvre de ce vaste programme de rénovation.
Un rapport que Benoît Payan n’a pas manqué de commenter sur place, évoquant « un vocabulaire qui ne reflète pas la réalité de ce que nous voyons ici : une transformation rapide et concrète ». Un appel à venir constater sur le terrain, plutôt qu’à critiquer depuis les bureaux.
« Le rapport de la Cour nous pousse à nous améliorer, à accélérer, mais il ne reflète pas tout. Aujourd’hui, on voit ici un projet qui améliore la vie des habitants. Cela montre que le partenariat entre l’État, la Ville et la Métropole fonctionne et porte ses fruits », plaide le préfet Mirmand.
Pour lui, la plaine des sports de la Busserine est le signe d’une ambition partagée, mais aussi d’une dynamique plus large qui s’étend à d’autres quartiers de Marseille. « C’est la preuve que Marseille peut changer, que les engagements financiers se traduisent par des réalisations concrètes. Il reste des défis à relever, mais nous avançons. »
Le préfet Christophe Mirmand tempère les critiques : « Oui, il y a sans doute des choses qu’il faut encore améliorer… Mais ce qui est important, c’est la volonté qui nous anime et cette démarche collective que nous sommes capables de porter. »
N.K. et R.B
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