À Marseille, le Campus cyber régional prend ses quartiers dans la tour Mirabeau. Michel Van Den Berghe, président du Campus national à la Défense, détaille les enjeux de cette nouvelle structure et ses liens avec le projet national.
Alors que le Campus cyber de la région Sud vient d’ouvrir ses portes à Marseille, la ville phocéenne affirme un peu plus son rôle de hub numérique.
Pour Michel Van Den Berghe, président du Campus cyber à la Défense, cette nouvelle structure représente bien plus qu’un simple ancrage territorial : elle incarne une ambition commune de renforcer la cybersécurité en s’appuyant sur les spécificités locales tout en développant une coopération étroite avec les autres régions. Entretien autour de ce projet à la fois régional et national.
Le Méridional. Le Campus cyber de la région Sud vient d’être inauguré à Marseille. Quel regard portez-vous sur ce projet ?
Michel Van Den Berghe. C’est un campus auquel je crois beaucoup, d’autant plus qu’il est porté par des entrepreneurs locaux et qu’il a été monté très rapidement. En général, la création de ce type de structure prend du temps. Ici, en un an, les étapes ont été franchies à une vitesse remarquable, notamment grâce à l’implication de Kevin Polizzi et de son équipe.
Pouvez-vous nous donner quelques chiffres concernant le Campus cyber de la Défense ?
Le campus s’étend sur 26 000 m², à la Défense, un choix dicté par les futurs adhérents qui souhaitaient un lieu central et facilement accessible. Aujourd’hui, nous accueillons environ 1 000 experts au quotidien et près de 150 sociétés adhérentes, dont de grands groupes comme Orange, Steria, Atos, Capgemini, ou encore Thalès. Nous avons aussi des PME, des start-up et des administrations telles que l’ANSSI, le ministère de l’Intérieur et le ministère de la Défense.
Quels sont les défis majeurs pour la cybersécurité en France aujourd’hui ?
Le constat est simple : les grandes entreprises se protègent de mieux en mieux, ce qui pousse les cybercriminels à cibler les PME, qui sont souvent mal équipées pour faire face aux attaques. L’une de nos priorités est donc d’aider les plus vulnérables à se protéger, notamment à travers des solutions simples. Le second enjeu est l’attractivité de nos métiers. Nous manquons cruellement de talents, particulièrement en région, et c’est pourquoi il est important de sensibiliser et de former davantage de jeunes, et aussi de faire venir plus de femmes dans ce secteur.
La région Sud, et en particulier Marseille, bénéficie d’un positionnement stratégique. En quoi cela est-il un atout pour le campus ?
Marseille est devenue une véritable plateforme numérique, avec des connexions internationales fortes. Ce campus ne se limite pas à un projet local, il vise à renforcer la cybersécurité dans toute la région et même au-delà , en accompagnant les pays frontaliers. Cela permet de renforcer la souveraineté numérique de la France tout en faisant rayonner notre expertise à l’étranger.
Travaillez-vous déjà en collaboration avec les autres campus territoriaux ?
Oui, la collaboration est essentielle. Nous avons mis en place des « cyber breakfast » mensuels entre tous les campus pour échanger sur nos initiatives et nos projets. L’idée est de partager ce qui fonctionne bien pour que l’ensemble des campus en profite. Le campus de Marseille est le sixième à voir le jour, après ceux des Hauts-de-France (Lille Métropole), de Nouvelle-Aquitaine (Bordeaux), de Normandie (Caen), Bretagne (Rennes) et Auvergne-Rhône-Alpes (Lyon).
Nous travaillons ensemble sur des projets d’attractivité pour attirer les talents vers nos métiers, comme avec Simplon ici par exemple, mais aussi pour former davantage de jeunes à la cybersécurité. À Marseille, l’écosystème est déjà riche, mais il est important de continuer à s’appuyer sur ces forces locales pour répondre aux besoins croissants de la filière.