Avec plus de 180 millions d’euros de retombées économiques, Marseille a transformé l’accueil des Jeux Olympiques en moteur de croissance. Entre visiteurs internationaux, investisseurs locaux et un secteur de l’hôtellerie en décalage, retour sur les impacts majeurs d’un événement planétaire.
Les Jeux olympiques et paralympiques 2024, c’est fini. Place au bilan. Chiffres consolidés, analyses à froid : l’heure de mesurer enfin l’impact économique et social de cet été olympique sur notre territoire. Au-delà de « la parenthèse enchantée », il fallait le recul pour prendre la pleine mesure des retombées.
Entre football au Vélodrome, épreuves nautiques à la Marina et animations en centre-ville, la ville a bouillonné. Plus de 336 000 visiteurs, français et étrangers, se sont pressés à Marseille entre le 24 juillet et le 8 août, avec une affluence encore renforcée par l’arrivée de la flamme olympique en mai.
Le bilan est plus qu’éloquent : 180,9 millions d’euros de retombées économiques pour la région. « L’effet d’accroissement des dépenses a été particulièrement visible dans les secteurs de la restauration et des services », souligne Pierre Chauvet, analyste du cabinet Approbans.
Le territoire a su transformer cet événement sportif mondial en un levier de développement pour son économie locale. « Sur la période du 24 juillet au 9 août, le département des Bouches-du-Rhône a enregistré 3,5 millions de nuitées touristiques, un chiffre stable par rapport à la même période en 2023, mais avec une présence renforcée de la clientèle internationale », souligne Isabelle Brémond, directrice de Provence Tourisme.
Elle ajoute : « Les taux d’occupation des hôtels ont atteint 83 %, soit neuf points de plus par rapport à l’année précédente, et la location saisonnière a enregistré une augmentation de 31 % sur Marseille. »
Les Jeux, une opportunité pour l’économie locale
Les Jeux Olympiques ont constitué « une formidable plateforme pour nos entreprises » souligne Gilles Verdure, manager de l’attractivité économique de Paris 2024. « Nous avons mobilisé plus de 211 entreprises en région Sud, dont 103 à Marseille. C’est toute une chaîne économique qui s’est mise en place. »
Parmi elles, 147 TPE et PME ont répondu aux besoins énormes générés par l’organisation des Jeux. Que ce soit dans la logistique, la restauration, le transport ou les services, les acteurs locaux ont joué un rôle clé dans la réussite de l’événement.
Le bilan économique est à la hauteur de ces efforts : 57 % des dépenses des visiteurs se sont concentrées dans la restauration, montrant que les visiteurs ont su profiter des trésors gastronomiques locaux.
L’hébergement, avec 18 % des dépenses, a également tiré profit de cette affluence, bien que certaines attentes n’aient pas été totalement comblées.
Des visiteurs sans billet, un levier inattendu
Un fait marquant des Jeux à Marseille : une proportion inattendue de visiteurs sans billet, qui représente près de 45 % des personnes présentes. Ces spectateurs ont tout de même profité de l’ambiance olympique et des événements festifs organisés dans la ville.
« Ces visiteurs sans billet ont joué un rôle économique de premier plan. Ils ont généré des dépenses non prévues dans les prévisions initiales, compensant largement les quelques baisses d’affluence observées pour certaines compétitions, notamment le football féminin », analyse Pierre Chauvet.
Ces visiteurs sans billet, attirés par l’esprit des Jeux et les animations autour des compétitions, ont particulièrement alimenté le secteur de la restauration, qui a bénéficié d’une affluence constante tout au long de l’événement. « Marseille a su séduire avec ses animations parallèles et son cadre unique », souligne Isabelle Brémond.
L’arrivée de la flamme : un boost médiatique
En amont des compétitions, l’arrivée de la flamme olympique à Marseille les 8 et 9 mai a été « LE » temps fort de l’événement. La ville a su capitaliser sur ce symbole universel pour booster son attractivité.
« Nous avons vu 23,5 millions de téléspectateurs suivre cet événement en direct, avec des retombées médiatiques estimées à 38 millions d’euros en équivalent d’achat d’espace publicitaire », explique la directrice de Provence Tourisme.
Cet effet d’exposition médiatique a permis à Marseille d’être sous le feu des projecteurs au niveau mondial.
Durant cette journée et le relai dans le département, la cité phocéenne a été la plus recherchée sur Google, confirmant l’énorme impact de l’événement sur l’image de la ville. Cette visibilité offre à Marseille une vitrine exceptionnelle pour capter de futurs touristes.
Football, voile et économie locale : des contrastes révélateurs
Sur le plan sportif, Marseille a accueilli des compétitions variées, des matchs de football au Vélodrome aux épreuves de voile à la Marina Olympique. 350 000 spectateurs se sont rendus au Vélodrome pour suivre les matchs de football, mais l’étude d’Approbans révèle un contraste entre l’attractivité du football masculin et féminin.
Pierre Chauvet explique que les « les matchs féminins n’ont pas attiré autant que les compétitions masculines. Ce différentiel persistant a eu un impact sur les prévisions de fréquentation, malgré les efforts pour promouvoir le football féminin. »
Les compétitions de voile ont, quant à elles, attiré une part significative des visiteurs, représentant 16 % de l’affluence totale.
La Marina Olympique, flambant neuve, a été l’un des points centraux des Jeux, et devrait rester un lieu incontournable pour les futurs événements nautiques, comme l’appelle de ces voeux Cédric Dufoix, directeur d’exploitation des sites des JO 2024 à Marseille. « La Ville doit se positionner pour attirer d’autres grands événements internationaux », plaide-t-il.
Faire perdurer l’héritage économique
L’étude ex ante/ex post du cabinet Approbans met en lumière des résultats contrastés. Si les dépenses dans la restauration et l’afflux de visiteurs sans billet ont largement dépassé les attentes, le secteur de l’hébergement a connu des difficultés à atteindre les prévisions initiales.
« Nous avons enregistré 41 % de dépenses en moins dans le secteur de l’hébergement par rapport aux estimations », explique l’analyste d’Approbans, soulignant que certains opérateurs avaient surestimé la hausse des prix dans les meublés saisonniers.
Malgré cela, le taux d’occupation à Marseille est resté supérieur à celui de 2023, témoignant d’un dynamisme global, même si l’effet a été plus discret dans le reste des Bouches-du-Rhône.
Au-delà des retombées immédiates, les Jeux ont permis à Marseille de renforcer son attractivité et ses infrastructures. La Marina Olympique devrait rester un lieu phare pour les futures compétitions nautiques. Avec 180,9 millions d’euros de retombées économiques, les acteurs économiques tire un bilan positif de cet été olympique.
Mais l’enjeu reste de faire fructifier cet héritage pour que la dynamique se poursuive au-delà de 2024.