Au Frioul, une formation pour préparer au métier de skipper

Crédit photo : Ishua

Depuis 2022, Ishua et la Ligue Sud de Voile forment des skippers capables d’encadrer des publics en mer, répondant ainsi à un besoin dans la région. Le seul BP JEPS en France à proposer une formation multi-mers.

Depuis début octobre, les sélections de la troisième édition du BP JEPS ont commencé. Cette formation prépare à l’encadrement de publics en mer sur des voiliers habitables, jusqu’à 200 miles nautiques d’un abri.

Lancée en 2022 par la Ligue sud de voile, certifiée Qualiopi, avec Ishua comme prestataire, ce brevet professionnel comble un vide. « Avant nous, il n’y avait pas de formation professionnelle pour les skippers à Marseille », confie Julien Boisson, fondateur d’Ishua.

Jusqu’à présent, les skippers qui travaillent dans la région sont majoritairement formés dans des centres bretons, un non-sens pour une ville comme Marseille et pour l’ensemble de la région jusqu’à la Corse. En trois ans, 30 personnes ont été formées aux techniques et pédagogies pour enseigner la voile croisière et habitable à tous les publics.

La pédagogie en pilier

« L’axe central de la formation est vraiment la pédagogie. Comment encadrer des enfants, des adolescents, des adultes de 30 à 50 ans, et des retraités. Par la pédagogie, nous voulons créer des passionnés de voile », précise Julien Boisson. Ici, il n’est pas question d’apprendre à naviguer : des prérequis sont nécessaires pour pouvoir postuler au diplôme.

Divisée en quatre unités de compétence, la formation se déroule principalement sur la base d’Ishua au Frioul pour trois d’entre elles, tandis qu’une unité, plus axée sur le sport, se tient sur la marina olympique. Six mois de stage dans des clubs de voile permettent aussi de combiner théorie et pratique en situation.

Un point fort : c’est le seul BP JEPS en France à proposer une formation multi-mers, incluant une dizaine de jours en Bretagne en mars, afin de permettre aux stagiaires de découvrir des conditions de navigation différentes de celles en Méditerranée.

Démocratiser la voile

Pour les personnes ayant une très petite expérience de la voile, Julien Boisson souhaite développer un CQP initiateur voile, accessible à tous, notamment aux jeunes participants des Olympiades nautiques organisées cet été avec la Métropole et la Ligue sud de voile. L’objectif : créer une première étape pour permettre à ces profils éloignés de la voile d’acquérir les prérequis nécessaires au BP JEPS.

Fort du succès des Olympiades, Julien Boisson pense déjà à la prochaine édition et espère doubler le nombre de jeunes à accueillir. Et pour cela, il a une idée. À l’image des cafés suspendus, il envisage de faire participer les entreprises privées du territoire pour qu’elles financent des bateaux, qui seront ensuite utilisés pour initier des jeunes en difficulté.

Une initiation pour les scolaires

Autre chantier important pour le fondateur d’Ishua : se rapprocher des scolaires. Ici aussi, il y a un manque. Aucune offre n’existe actuellement pour les écoles de la région.

Pour y remédier, Julien Boisson travaille à la création d’un séjour pédagogique destiné à faire découvrir aux élèves de collèges et lycées la pratique de la voile habitable sur l’île du Frioul, tout en les sensibilisant aux métiers de la mer et à la protection de l’environnement marin.

Deux collèges ont déjà été contactés, l’un à Marseille, l’autre à Aix-en-Provence. Et à chaque fois, la même réaction : les chefs d’établissement sont enthousiasmés par le projet de « classe mer », qui devrait voir le jour pour la rentrée de septembre 2025.

Rudy Bourianne