Ce lundi 7 octobre, Clara Chappaz, Secrétaire d’État chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique, est attendue à Marseille. À l’occasion de sa visite dans des entreprises et centres de formation du numérique, l’occasion est donnée de rappeler les défis qui l’attendent dans ce secteur stratégique.
Marseille accueille Clara Chappaz, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, en charge de l’Intelligence artificielle et du Numérique. Au programme : une visite des locaux d’Index Éducation, leader du numérique dans le secteur éducatif (Pronote), un passage par La Plateforme, campus méditerranéen du numérique, et une halte chez Tangram, le centre d’innovation du groupe CMA CGM.
Cette visite met en lumière des initiatives locales importantes, mais elle soulève aussi des questions sur les défis que la France doit relever dans le domaine numérique. Souveraineté technologique, cybersécurité, formation des talents, fracture numérique et durabilité sont autant de problématiques qui concernent plusieurs secteurs de la société.
En tant que média, notre rôle est d’analyser ces enjeux stratégiques. Le numérique, autrefois perçu comme un domaine technique ou entrepreneurial, est désormais un levier clé pour la souveraineté nationale, la compétitivité industrielle et l’inclusion sociale.
Autonomie stratégique
Le premier défi concerne la souveraineté technologique. Aujourd’hui, la France reste largement dépendante des infrastructures américaines et asiatiques, qu’il s’agisse de data centers, de services cloud ou d’intelligence artificielle. Il ne s’agit pas de s’isoler de l’innovation mondiale, mais de trouver un équilibre entre ouverture et souveraineté.
Accélérer le développement d’alternatives françaises et européennes est urgent pour ne pas rester passif face aux GAFAM et BATX. L’objectif est de construire une autonomie stratégique qui ne verse pas dans le protectionnisme, mais qui renforce la capacité d’action de la France.
Cybersécurité, la guerre invisible
Les cyberattaques, qu’il s’agisse d’attaques informatiques, de ransomwares ou d’espionnage industriel, se multiplient. Ce phénomène rend la cybersécurité essentielle. Des hôpitaux aux entreprises, les menaces numériques touchent tous les secteurs, et les PME sont particulièrement vulnérables.
Cela implique des ressources accrues pour l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) ainsi qu’une généralisation des bonnes pratiques de sécurité dans l’ensemble des entreprises. La cybersécurité n’est plus uniquement un enjeu technique, mais un véritable pilier de la sécurité nationale.
Intelligence artificielle, le défi de l’innovation éthique
L’intelligence artificielle (IA) est un domaine en plein essor. La France doit continuer à développer son savoir-faire dans ce secteur stratégique. Il est nécessaire d’investir davantage pour soutenir les entreprises du secteur et développer une technologie française à la hauteur des défis internationaux, en partenariat avec les acteurs européens.
Le développement de l’IA s’accompagne aussi de défis éthiques. La question se pose de savoir comment encadrer cette technologie tout en garantissant qu’elle serve l’intérêt collectif et non des intérêts privés. Un débat sur l’éthique de l’IA est donc indispensable pour accompagner cette révolution technologique de manière responsable.
Santé, un potentiel sous-exploité
Le numérique bouleverse aussi le domaine de la santé. Avec des diagnostics plus rapides et des traitements plus personnalisés, l’intelligence artificielle, la gestion des données médicales et la télémédecine offrent des perspectives importantes. Pourtant, il reste encore beaucoup à faire pour garantir que cette numérisation se fasse sans déshumanisation.
La France a le potentiel de devenir un leader en santé numérique, mais cela implique de garantir la protection des données des patients, tout en assurant un équilibre entre innovation et éthique médicale. L’enjeu est de taille, car les données de santé sont particulièrement sensibles.
Services publics, un accès pour tous
La dématérialisation des services publics présente de nombreux avantages, mais elle peut aussi devenir un obstacle pour certains citoyens. Le défi du ministre sera de poursuivre cette transition numérique tout en veillant à ce que chacun puisse accéder à ces services de manière simple et sécurisée.
L’État doit renforcer ses compétences dans ce domaine et mettre en place une maîtrise d’ouvrage numérique solide. L’identité numérique, par exemple, pourrait devenir un outil central pour simplifier les démarches administratives sensibles, tout en garantissant la sécurité des utilisateurs.
Éviter la fracture numérique tout en formant les talents de demain
Le numérique peut être un facteur d’inclusion, mais il reste encore un obstacle pour une partie de la population. Des millions de personnes se retrouvent en marge de la transformation digitale, ce qui renforce les inégalités sociales. Il est essentiel de faire du numérique un droit accessible à tous.
À Marseille, des structures comme La Plateforme et Index Éducation jouent un rôle clé en formant les talents de demain tout en luttant contre l’exclusion numérique. Ces initiatives locales doivent être multipliées à l’échelle nationale pour garantir une formation adéquate et un accès équitable à tous. Lutter contre l’illectronisme, éduquer, équiper : tels sont les défis pour une société plus numérique et inclusive.
En parallèle, le secteur numérique fait face à une pénurie de talents. Former des experts en cybersécurité, en développement ou en intelligence artificielle est crucial pour la compétitivité du pays.
Il ne s’agit pas seulement de créer des parcours de formation adaptés, mais aussi de lutter contre les biais sociaux et de genre qui limitent l’accès à ces carrières. Investir dans la formation et attirer des talents internationaux sera clé pour que la France reste compétitive dans la course à l’innovation.
Numérique et écologie, est-ce possible ?
Le numérique est régulièrement critiqué pour son impact écologique. Consommation d’énergie, production de déchets électroniques, ces problématiques doivent être prises en compte.
Cependant, bien utilisé, le numérique pourrait aussi devenir un outil essentiel pour accompagner la transition écologique. Des technologies comme les smart grids ou l’optimisation énergétique montrent qu’un numérique vert est possible, mais cela nécessitera une maîtrise rigoureuse des nouvelles technologies.
Europe : renforcer la coopération pour un avenir numérique commun
Le numérique doit également être pensé à l’échelle européenne. La France ne peut pas agir seule face aux géants technologiques mondiaux. Une coopération renforcée avec ses voisins européens est essentielle pour peser sur la scène internationale.
L’Europe doit se doter de moyens communs pour réguler et innover ensemble, dans une logique de collaboration et d’ouverture. Construire une Europe du numérique forte est crucial pour sécuriser les infrastructures, protéger les données et développer des technologies propres à l’Union européenne.
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