Deux gars, 200 km, des mégots par milliers. De Cassis à Cannes, Ed Platt et Fred Munsch s’attaquent à la mer*** des autres avec un défi aussi absurde que nécessaire : ramasser ce que tout le monde jette.
« Arrête de niquer ta mer ! » C’est la punchline d’Ed Platt, le globe-nettoyeur made in Leeds, devenu prophète de la propreté sur les côtes méditerranéennes.
Depuis qu’il a posé ses baskets à Marseille il y a dix ans, ce Britannique au verbe acéré enchaîne les défis aussi barrés qu’écologiques. Le dernier en date ? CaCa – Cassis-Cannes pour les intimes.
Deux cents bornes à pied pour ramasser ce que les fumeurs laissent traîner : les mégots. Oui, ces petites saletés que tout le monde jette sans sourciller, pensant qu’elles disparaissent par magie.
Accompagné de Fred Munsch, alias le Sanglier Marseillais, Edmund – surnommé l’escargot anglais – s’attaque à ces 200 kilomètres comme un marathon de la déchetterie.
Le défi CaCa, c’est une marche, oui, entre le 3 et le 16 octobre. Mais c’est surtout une manière de secouer les consciences. « En France, on estime qu’environ 8 milliards de mégots sont jetés par terre chaque année. C’est mother f*cking trop quoi les gars ! » balancent-ils, écoeurés mais pas étonnés. Ils savent que le ton choc fait mouche, et ils l’assument.
Pas de leçons, juste des actions
Quand ces deux-là ne sont pas en train de ramasser des mégots à Bastia, d’arpenter Marseille ou de marcher 800 km de Paris à la Méditerranée, Ed et Fred se lancent dans des aventures tout aussi loufoques qu’utiles.
Résultats : 30 000 mégots ramassés en Corse en 2024. 6300 masques chirurgicaux ramassés en plein Covid entre Marseille et Paris. Entre l’escargot anglais et le sanglier marseillais, pas de temps mort pour la planète.
Leur méthode : marcher, ramasser, dormir chez l’habitant, se marrer avec la population et balancer des slogans chocs. Un road-trip qui ressemble plus à « Las Vegas Parano » qu’à un séjour écolo classique. « On dort chez l’habitant ou à la belle étoile, comme des SDF de luxe » rigole Ed.
Pas de sponsors, pas de tente, pas de budget. Juste deux mecs, une paire de baskets, et une conviction : la planète se mérite, et les gestes les plus simples peuvent la sauver. « On veut montrer aux gens ce qui est possible. C’est pas compliqué, tu prends un sac, tu ramasses ! » clame Ed avec son accent british, convaincu que le changement viendra par l’exemple.
Un sapin de Noël symbolique pour les écoles
Sur la route, ils ramasseront aussi des bouteilles en plastique pour en faire une guirlande qu’ils montreront aux écoles. Fred est déjà prêt à marquer les esprits avec ce qu’il appelle « l’arbre de Noël des pollueurs. »
Mais ce qui les touche le plus, c’est le contact avec les enfants. « Quand on demande aux gamins s’ils ont déjà vu quelqu’un jeter un mégot, ils répondent : ‘oui, ma maman’ ou ‘mon papa par la fenêtre de la voiture’. » Et là , tu te dis que pour nos contemporains, c’est foutu, mais pas pour la génération future. » Fred et Ed misent tout sur la nouvelle génération, celle qui devra réparer les erreurs des adultes.
De Leeds à Marseille : itinéraire d’un écolo rebelle
Ed, c’est le genre de type qui passe d’une vie de commercial à globe-trotter écolo sans se poser de questions. Né à Leeds, il a écumé l’Europe en vendant des cartes de recharge téléphonique avant de poser ses valises à Marseille, il y a quelques années. « Je voulais voir Naples, mais finalement j’ai vu 60 nanas faire de la gym suédoise sur la plage du Prado. Adieu Naples, bonjour Marseille ! », se plait à raconter le fondateur de l’association 1 déchet par jour.
Un geste simple qui devient vite viral : « J’ai posté une photo en ramassant une canette, et tout est parti de là . » Après Marseille, Edmund Platt rêve de Tasmanie. Mais avant de lever le pouce vers l’inconnu, il veut marquer un dernier coup. « Je suis là pour montrer qu’on peut agir, pas pour vendre un produit. » Lui et Fred refusent tout sponsoring, préférant garder leur liberté de parole et d’action.
Si tu veux les suivre, ils sont sur Instagram, documentant chaque étape de leur défi. Parce que, comme ils le disent si bien : « Cassis-Cannes, c’est CaCa, et c’est à nous de nettoyer ce bordel. »
N.K.