Sécurité routière : la contre-attaque des autorités sur les routes

Routes meurtrières, accidents en série, refus d’obtempérer en hausse. Les Bouches-du-Rhône, et plus particulièrement Marseille, sont face à une crise. Face à l’hécatombe sur l’asphalte, les autorités promettent une réponse musclée. Très musclée.

Depuis le début de 2024, les routes des Bouches-du-Rhône affichent un triste bilan : 85 personnes ont perdu la vie, un chiffre en nette augmentation par rapport à l’année précédente.

Cette situation oblige les autorités à réagir. « Cela nécessite une mobilisation générale parce qu’on ne peut pas s’accommoder de cette situation, » déclare Pierre-Édouard Colliex, préfet de police des Bouches-du-Rhône.

Des contrôles intensifiés

Afin de répondre à cette crise, les forces de l’ordre redoublent d’efforts, avec d’abord une multiplication des contrôles routiers dans l’ensemble du département. « Nous avons un objectif de 150 contrôles par semaine afin de cibler les grands excès de vitesse, la conduite sous stupéfiants, et les comportements cumulant plusieurs infractions, » annonce Pierre-Édouard Colliex.

Les jeunes de 18 à 24 ans sont particulièrement visés par cette intensification des contrôles, étant responsables d’une grande partie des accidents graves. « Ce sont eux les plus touchés par ces accidents mortels, » explique le préfet.

La consommation de THC et d’alcool figure parmi les principaux facteurs de risque, avec 1 650 infractions de conduite sous stupéfiants et 1 976 cas de conduite sous influence enregistrés depuis janvier dernier.

Technologie en renfort : radars, drones, hélicoptères

Pour soutenir cette politique de répression, les autorités misent aussi sur les nouvelles technologies. Le département comptera 92 radars automatiques d’ici la fin de l’année (7 supplémentaires seront installés dans les prochaines semaines). En 2025, 15 radars automatiques urbains seront déployés, notamment à Marseille, où les accidents mortels en ville sont en forte augmentation.

Outre ces dispositifs fixes, des véhicules banalisés équipés de radars circuleront dans le département, opérés par des sociétés privées. « Ces véhicules permettront de tripler les contrôles, libérant ainsi les forces de l’ordre pour des interventions plus graves, » précise le préfet de police.

Les forces de l’ordre pourront également s’appuyer sur des drones et des hélicoptères pour traquer les infractions et surveiller les refus d’obtempérer. « Les hélicoptères de la gendarmerie seront mobilisés pour intercepter les conducteurs qui refusent de se soumettre aux contrôles. »

Task force judiciaire : une réponse rapide

Sur le plan judiciaire, une task force dédiée aux infractions routières a été mise en place. « Une politique publique efficace marche sur deux jambes : l’action très volontariste de la préfecture de police et une réponse judiciaire adaptée, » souligne le procureur de la République, Nicolas Bessone.

Ce dispositif a pour but d’apporter une réponse rapide aux comportements dangereux, en particulier pour les récidivistes. « Le récidiviste qui adopte des comportements dangereux, sa place est à la prison des Baumettes, » affirme-t-il.

Pour les primo-délinquants, la justice mise également sur la prévention avec des stages de sensibilisation dans des centres spécialisés. « Les délinquants routiers doivent être confrontés aux conséquences humaines de leurs actes, » ajoute le procureur.

Marseille : une exception préoccupante ?

Marseille présente des caractéristiques qui inquiètent les autorités. « On assiste à une explosion des accidents mortels, » affirme le préfet en se basant sur les 36 décès déjà enregistrés cette année, soit trois fois plus qu’en 2023 à la même période.

La question du refus d’obtempérer est également préoccupante, avec 615 cas recensés depuis janvier, soit près de trois refus par jour.

Le procureur de la République se montre néanmoins prudent. « Il est toujours délicat d’essentialiser les comportements des habitants d’une ville, » prévient-il, tout en reconnaissant que l’usage de stupéfiants au volant est particulièrement répandu à Marseille, plus que dans d’autres villes de France. « La conduite sous l’emprise de stupéfiants est en train de dépasser l’alcool, » précise-t-il.

La lutte contre l’insécurité routière ne se limite pas aux excès de vitesse. « Les routes sont aussi un vecteur de trafic de stupéfiants, » ajoute Pierre-Edouard Colliex. En ciblant les infractions routières, les autorités espèrent également contrer les réseaux de délinquance qui utilisent les routes pour leurs activités criminelles.

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