Frédéric Collart, l’électrochoc pour Marseille ?

Frédéric Collart. Crédit photo - Rudy Bourianne.

Le chirurgien cardiaque a rassemblé ses soutiens aux Docks des Suds pour la première réunion publique de son mouvement « Marseille à cœur ». Il égratigne la classe politique locale et dévoile une méthode ambitieuse pour rendre à Marseille son souffle.

Il est plus habitué aux bistouris qu’aux micros. Et pourtant, ce jeudi soir, dans la chaleur moite des Docks des Suds, Frédéric Collart, docteur en blouse blanche, s’est transformé en aspirant maire, prêt à diagnostiquer et soigner une ville qu’il décrit comme « placée sous oxygène ».

Face à lui, un parterre de soutiens : militants convaincus, personnalités de la droite locale, et surtout, une petite armée de curieux, venus voir si le chirurgien de la Timone saura inciser sans se brûler.

Parmi les figures politiques, Martine Vassal (DVD), présidente de la Métropole Aix-Marseille, ou encore des élus du centre et de la droite comme Bruno Gilles (Horizon) ou Romain Simmarano, qui représentait Renaud Muselier, retenu au congrès des Régions de France à Strasbourg.

« La Fabrique du projet »

« Je suis venu pour voir ce qu’il propose », avoue ce dernier. « Frédéric, je le connais bien, c’est un brillant médecin », confie-t-il, observant la file qui s’étire aux portes des Docks.

Sur scène, le ton est donné par Amandine Deslandes et Saïd Ouichou. La présentation est plutôt scolaire, mais l’ambition est là. « La Fabrique du projet », expliquent-ils, est une plateforme participative où experts et citoyens co-construiront le programme.

« Marseille à cœur » veut faire du neuf dans un paysage politique souvent poussiéreux. « Experts et citoyens réfléchiront ensemble aux solutions pour Marseille », annoncent les maîtres de cérémonie. Applaudissements polis, la salle attend l’entrée du « chirurgien ».

Crédit photo – Rudy Bouriane

Frédéric Collart tranchant

Quand Frédéric Collart monte enfin sur scène, la salle se tend. Le regard déterminé, il ne tarde pas à planter son bistouri. « Il y a une fracture béante entre le Nord et le Sud de Marseille, qui abîme la cohésion sociale. »

Le coup est sec. Le praticien ne mâche pas ses mots. Il décrit une ville en crise, placée sous perfusion par l’État avec le plan « Marseille en Grand », et une classe politique locale gangrenée par « le clanisme, le clientélisme, le sectarisme, l’idéologie et le dogmatisme ». Quelques visages se crispent. D’autres sourient.

La droite ? La gauche ? Peu importe. Frédéric Collart ne fait pas dans le détail. « Ce n’est pas une question d’être de droite ou de gauche, c’est une question d’être pour Marseille », lance-t-il, enfonçant un peu plus le couteau dans la plaie des divisions partisanes. « On ne peut plus continuer à se demander qui est avec qui. La seule question qui compte, c’est : qui est pour Marseille ? » L’attaque fait mouche, les regards échangés dans la salle en disent long.

Pas de grandes envolées lyriques, juste un discours précis et chirurgical. « Moi, je suis médecin, pas politicien. Quand on soigne un patient, on ne lui demande pas s’il est de droite ou de gauche. On cherche juste à le sauver », lâche-t-il, déclenchant une salve d’applaudissements.

Justice sociale, ordre et ambition : le triptyque du sauvetage

Le chirurgien ne se contente pas de diagnostiquer. Il propose aussi un remède. Son ordonnance ? Un triptyque simple : justice sociale, ordre et ambition. « Marseille a besoin de remettre de l’ordre, mais cela ne peut pas se faire sans offrir des perspectives », explique-t-il.

La sécurité ? Oui, mais avec de l’espoir pour les quartiers laissés à l’abandon. L’économie ? Oui, mais avec un vrai projet pour relancer la ville. Et l’environnement ? Une priorité absolue, « une exigence sans concession ».

Crédit photo – Rudy Bouriane

Les impressions : entre espoirs et prudence

À la sortie, l’ambiance est partagée. José, habitant du 2e arrondissement, se dit « convaincu » : « Il y a du réalisme, de l’intelligence, et une vision. Je n’ai pas encore pris ma décision, mais il m’a donné envie de m’engager un peu plus. »

Fabio, habitant du 12e, confie : « Il a de bonnes idées et de vrais arguments. Je pense qu’il peut convaincre pas mal de gens. »

D’autres, comme Denis, sont plus réservés : « Il a le cœur sur la main, c’est sûr. Mais est-ce qu’il va réussir à tenir face à tout ça ? On a besoin d’un homme intègre, et lui, il l’est. Mais la politique à Marseille, c’est un combat sans merci. »

Cathy et Dominique, habitants du 6e et du 7e arrondissement, partagent le même scepticisme. « Il n’a pas de casseroles, c’est rassurant. Mais la politique ici, c’est une autre histoire. »

Un trouble-fête pour la politique locale

Frédéric Collart, médecin devenu aspirant maire, n’a peut-être pas encore lancé officiellement sa candidature, mais il vient bousculer le jeu politique marseillais. En dénonçant les divisions qui étouffent la ville et en prônant un rassemblement de la « gauche raisonnable à la droite responsable », il s’affiche comme un outsider sérieux.

Alors que les projecteurs s’éteignent sur les Docks, l’avenir de Frédéric Collart semble encore incertain. Pour ses soutiens, il incarne une alternative crédible, un homme capable de réanimer une ville exsangue.

Mais pour ses détracteurs, il reste un novice en politique, et Marseille, la ville des egos, ne pardonne pas les faux pas. Dans une ville rongée par le cynisme et les rivalités, reste à savoir si sa méthode aura l’effet escompté.

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