Jean Chelini, historien émérite et intellectuel marseillais, s’en est allé à l’âge de 93 ans. Ce passionné d’histoire médiévale et religieuse, qui a marqué de son empreinte l’Université d’Aix-Marseille, était également un chroniqueur assidu de la presse régionale, notamment au Méridional.
Né à Marseille en 1931, Jean Chelini n’a jamais quitté la Méditerranée, ni dans son cœur ni dans son parcours. Lycéen au Saint-Charles puis au Thiers, il se passionne rapidement pour l’histoire.
Agrégé d’histoire, il fait ses premières armes comme professeur au lycée Dumont d’Urville à Toulon avant de plonger dans l’université. Doctorat en poche sous la direction du célèbre Pierre Riché, il fait ses premiers pas dans l’ombre de Georges Duby à Aix-en-Provence, avant de se forger sa propre voie à Montpellier, puis à Aix-Marseille.
En 1984, il rejoint l’Université d’Aix-Marseille III où il se consacre au droit et à l’histoire religieuse. Mais Jean Chelini ne s’arrête pas là. Il développe l’antenne arlésienne de la faculté et fonde l’Institut de Droit et d’Histoire des Institutions Religieuses.
Bâtisseur d’un pont entre Histoire et foi
Un lieu qu’il dirige avec une vision : celle de rapprocher l’étude des lois divines et des lois humaines. Passionné par le catholicisme, il en est aussi un acteur, jouant un rôle discret mais essentiel dans les diocèses d’Aix et de Marseille.
Auteur d’une vingtaine d’ouvrages scientifiques, Jean Chelini était un historien des profondeurs. Il scrutait le Moyen Âge, les origines religieuses de l’Europe, mais savait aussi rendre accessible l’histoire du catholicisme du XXe siècle.
Ses livres, comme L’Histoire Religieuse de l’Occident Médiéval ou L’Aube du Moyen Âge, lui valent une reconnaissance académique, dont le prestigieux prix Halphen de l’Académie française.
Mais Chelini n’était pas qu’un érudit enfermé dans ses livres. Homme de terrain, il a occupé de nombreuses fonctions électives à Marseille, conseiller de ministres, défenseur acharné de l’amitié franco-allemande et de la francophonie. Chroniqueur fidèle du Méridional puis de La Provence, il savait aussi poser un regard aiguisé sur l’actualité religieuse et politique.
Sa vie fut couronnée par de nombreuses distinctions, de Commandeur de l’Ordre National du Mérite à Officier de la Légion d’Honneur, sans oublier ses médailles étrangères. Et en bon méditerranéen, il est allé chercher des titres de noblesse chez les Chevaliers de Malte et de Saint Grégoire le Grand.
Jean Chelini, c’était un homme d’histoire, mais aussi profondément Marseillais. Jusqu’à son dernier souffle, il aura su mêler ses racines méditerranéennes et son amour pour le savoir.