Sébastien Chaze : Le microcrédit comme moteur de l’inclusion économique

Alors que les banques ne prêtent pas à tous, l’ADIE permet à des milliers d’entrepreneurs d’accéder au microcrédit. Sébastien Chaze nous dévoile les coulisses d’une inclusion économique réussie.

Dans un contexte où l’accès au financement reste un obstacle majeur pour de nombreux entrepreneurs, l’ADIE (Association pour le Droit à l’Initiative Économique) se positionne en acteur clé de l’inclusion économique.

Cette association, reconnue d’utilité publique, permet à ceux que les banques traditionnelles délaissent de se lancer. Sébastien Chaze, directeur régional de l’ADIE, nous éclaire sur la mission de son organisation, les défis rencontrés, et les réussites qui font de ce modèle une force pour l’entrepreneuriat solidaire.

Qu’est-ce que l’ADIE ?

La mission de l’ADIE, association reconnue d’utilité publique, consiste à financer et accompagner les entrepreneurs à qui les banques ne peuvent pas prêter.

Elle pratique le microcrédit, un système de financement et d’accompagnement qui permet de lancer ou de développer une micro-entreprise. Ce prêt, réglementé par la puissance publique avec un maximum autorisé de 15 000€, se limite chez nous à 12 000€.

À qui s’adresse-t-il et comment sélectionnez-vous les projets à financer ?

Ce micro-crédit s’adresse à des personnes qui n’ont pas accès au crédit bancaire classique. Ces personnes n’ont souvent pas d’apport personnel ni les garanties nécessaires, et n’entrent donc pas dans les critères prudentiels habituels.

La force de l’ADIE est de pouvoir aller là où les banques ne vont pas. Nous prenons le temps d’écouter et d’accompagner ces entrepreneurs pour mettre en place le financement qui leur permettra de lancer ou de développer leur activité. Notre travail est de rendre possibles ces projets qui nous ont convaincus.

Quels secteurs soutenez-vous en priorité ?

Nous soutenons principalement des activités comme les prestations de services, le commerce sédentaire ou ambulant, et les services à la personne. Ce qui motive ces entrepreneurs, c’est souvent l’indépendance et la passion de vivre de leur talent.

Cependant, plus que les secteurs eux-mêmes, nous nous intéressons surtout aux personnes qui se trouvent derrière les projets et à ce qui les empêche de se lancer.

La force de l’ADIE est de pouvoir aller là où les banques ne vont pas.

Une grande partie de nos bénéficiaires viennent des quartiers populaires – à Marseille, par exemple, 40 % des dossiers proviennent de ces quartiers, contre 21 % en moyenne en France. Nous intervenons aussi dans les zones rurales, représentant 16% de nos bénéficiaires.

Par ailleurs, 44 % de nos bénéficiaires sont des femmes, 19 % sont sans diplôme, et 30 % ont moins de 30 ans. Un exemple de réussite ? Le projet SaveMyShoes à Martigues, qui met en avant l’upcycling de sneakers, combinant impact écologique et innovation locale.

Quels sont les principaux défis que vous rencontrez dans le soutien aux entrepreneurs des zones rurales ?

Les zones rurales présentent des défis particuliers. Nous devons y être présents physiquement, notamment sur les marchés, pour convaincre des entrepreneurs potentiels. Les difficultés d’accès aux financements sont souvent plus prononcées dans ces secteurs.

Quel est le taux de succès des projets soutenus par l’ADIE ?

81% des projets financés par l’ADIE sont pérennes après 3 ans. Il n’y a donc pas de déterminisme dans la réussite ou l’échec entrepreneurial, que ce soit lié au capital, au diplôme ou à l’environnement.

Parmi les 20% qui cessent leur activité, certains rebondissent vers de nouvelles opportunités professionnelles. Par ailleurs, le taux de remboursement des prêts est de 94%.

Quelles innovations envisagez-vous pour améliorer encore le taux de réussite des projets ?

Nous investissons dans l’accompagnement humain, avec 43 salariés et 80 bénévoles en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui suivent chaque année près de 2 000 projets. Cet accompagnement, couplé au microcrédit, est clé dans notre succès.

Il n’y a pas de déterminisme dans la réussite ou l’échec entrepreneurial, que ce soit lié au capital, au diplôme ou à l’environnement.

Comment adaptez-vous votre accompagnement aux profils d’entrepreneurs sans diplôme ou sans expérience préalable ?

Nous avons conscience que beaucoup de nos bénéficiaires sont sans diplôme (19%) ou jeunes (30% ont moins de 30 ans). Notre accompagnement est flexible et adapté aux besoins de chaque entrepreneur, indépendamment de leur parcours scolaire ou professionnel.

Quels sont les partenariats les plus marquants pour l’ADIE ?

Nos partenaires sont nombreux : banques privées (Banque Populaire Méditerranée, BNP Paribas), acteurs publics, et mécènes privés. Nous avons également reçu le soutien de l’Olympique de Marseille. Ces partenaires sont essentiels pour que nous puissions prêter 11 millions d’euros chaque année dans la région.

Propos recueillis par Emmanuel Martin

Financer l’initiative économique de celles et ceux à qui la porte était fermée, c’est donc le job de l’ADIE. Plus d’info ici