Menés et réduits à 10 dès les premières minutes, les Olympiens ont retourné un scénario cauchemardesque pour s’imposer face à l’OL (2-3) dans un match où rien ne semblait leur sourire. Une victoire renversante qui restera dans les mémoires du Groupama Stadium.
C’est ce qu’on appelle dans le football le hold-up parfait. Dominés quasiment tout le match à 10 contre 11, les Olympiens ont renversé l’OL au terme d’un scénario presque hollywoodien.
Sur deux contres venus de nulle part, Ulisses Garcia et Pol Lirola, rescapés du mercato estival, anti-héros par excellence, ont, coup sur coup en moins de quinze minutes (68′, 81′), cru rafler une première fois les trois points qui tendaient les bras aux joueurs de Pierre Sage.
Mais dans les arrêts de jeu, Rayan Cherki, qui a prolongé son contrat dans la semaine avec le club rhodanien, ne l’entendait pas ainsi et égalisait. La soirée pouvait toucher à sa fin et le rideau tombait sur cette 5e journée de Ligue 1.
Mais s’il n’existe pas de casse parfait, le coup d’éclat de Jonathan Rowe dans les secondes qui ont suivi l’égalisation lyonnaise rapproche celui de l’OM à Lyon.
Parti seul sur le côté gauche, l’ailier anglais se met sur son pied droit et enroule magnifiquement sa frappe pour donner la victoire à l’OM. Sur la pelouse du Groupama Stadium, le staff et les dirigeants olympiens peuvent laisser exploser leur joie.
Chapitre 1 : Balerdi dégoupille
Roberto De Zerbi avait dû s’adapter dès le départ dans cet Olympico avec les absences de Quentin Merlin et Derek Cornelius. Le coach marseillais a fait des choix forts en alignant Leonardo Balerdi en latéral droit, Geoffrey Kondogbia dans l’axe de la défense et Ismaël Koné en relais au milieu de terrain.
Mais cette fois-ci, la recette n’a pas pris, et ses joueurs ont subi toute la rencontre ou presque, réduits à 10 contre 11 dès la quatrième minute. Car cet OM remanié ne pouvait pas commencer plus mal sa rencontre. D’entrée de jeu, Leonardo Balerdi écope d’un jaune pour une grosse faute en retard sur Quentin Tolisso au bout de 10 secondes.
À peine quatre minutes plus tard, l’Argentin, au duel avec Lacazette, accroche grossièrement l’attaquant lyonnais et écope d’un second jaune sévère, mais peu discutable si la faute avait été commise une demi-heure plus tard.
Les Olympiens se retrouvent donc à 10 contre 11 dès le début du match et subissent les assauts lyonnais pendant une bonne partie de la rencontre. Amine Harit fait les frais de cette expulsion et est immédiatement remplacé par Valentin Rongier, qui prend le côté droit de la défense olympienne.
Chapitre 2 : Geronimo Rulli, super-héros
L’entame est difficile et l’OM doit son salut à son gardien argentin. Geronimo Rulli sauve la baraque une première fois, après un beau mouvement lyonnais au milieu de terrain, en gagnant parfaitement son duel face à Orban (13′).
Trois minutes plus tôt, le numéro 9 de l’OL voyait déjà son ballon finir sur la barre après un retourné acrobatique sur corner. Le portier olympien est clairement l’homme du match côté OM avec pas moins de six arrêts et le double d’intervention sur les centres des Gones.
L’OL est une nouvelle fois à deux doigts de trouver la faille, mais Quentin Tolisso, bien lancé par Matic, voit sa frappe repoussée sur la ligne par Valentin Rongier, à la couverture de Rulli battu (18′). Le Groupama Stadium pousse ses joueurs.
Coup d’éclat, quand en fin de première période, Geronimo Rulli stoppe le penalty d’Alexandre Lacazette.
Chapitre 3 : L’OM, sur le boulevard de la défaite
Sur la première frappe du match pour l’OM, Valentin Rongier est tout prêt de faire, déjà , faire le coup parfait. Seul dans la surface après un contre rondement mené par Mason Greenwood, le milieu bute sur un Lucas Perri, impérial pour sauver les siens (23′).
Acculés, les joueurs de Roberto De Zerbi n’ont d’autres choix que laisser le ballon aux Lyonnais et d’attendre le peu d’opportunités qu’ils ont pour partir en contre. Au milieu, Højbjerg, capitaine une nouvelle fois, n’a cessé de remonter ses troupes pour les pousser à être plus agressifs sur le porteur du ballon.
Son comparse du soir dans l’entre-jeu a vécu une soirée bien compliquée pour sa première en tant que titulaire avec l’OM. Ismaël Koné a eu beaucoup de mal à suivre le rythme imposé par Lyon, beaucoup trop statique et attentiste, lorsqu’il ne perdait pas le ballon dans la passe et le relais.
Son intervention sur Tolisso en fin de première période aurait mérité un meilleur sort, mais Wahi manquait son face-à -face avant d’être signalé hors-jeu (40′). Un peu plus encore, quand Tolisso repousse sa frappe sur la ligne après un corner cafouillé dans la surface lyonnaise (42′). Les seules réelles tentatives marseillaises dans cette période.
Juste avant, Kondogbia se transformait en sauveur (41′). Le Centrafricain est venu couper du bout du pied le centre de Lacazette pour Orban tout seul aux neuf mètres.
Chapitre 4 : Benoit Bastien et Mehdi Benatia
À force de subir, les Olympiens ne pouvaient que craquer. Et comme souvent, l’OL a obtenu un penalty pour une main de Valentin Rongier au duel à la tête et un hors-jeu étrangement oublié par Benoit Bastien et ses camarades de la VAR. Mais voilà , Geronimo Rulli a enfilé sa cape de super-héros dans cette rencontre et sorti la tentative d’Alexandre Lacazette.
Dans le couloir menant aux vestiaires, les débats se sont tendus entre le conseiller sportif de l’OM, Medhi Benatia et le corps arbitral.
« Deux fautes de Balerdi, tu mets carton rouge. Commencez à nous respecter. Commencez à nous respecter. La semaine dernière Corenlius, là encore. Ne prenez pas les gens pour des cons hein, ne prenez pas les gens pour des cons, » a lâché le cadre marseillais, furieux.
L’homme fort du mercato marseillais réitérera en fin de rencontre au micro de DAZN. « Je ne suis pas surpris de ce qui s’est passé… Monsieur Bastien… Lyon, Marseille, regardez l’année passée, regardez les épisodes… »
Dans les coulisses, les membres du staff olympien sont remontés contre le manque de pédagogie de Benoit Bastien, et l’expulsion en quatre minutes de Leonardo Balerdi.
Chapitre 5 : Les choix de RDZ
Nouveau choix fort au retour des vestiaires du coach marseillais pour essayer d’endiguer les vagues lyonnaises. Eyle Wahi est sorti à la mi-temps, remplacé par Pol Lirola. Le défenseur espagnol a pris place sur son côté droit, Rongier replacé au milieu et Greenwood à la pointe de l’attaque.
Les coups de semonce continuent malgré tout dès les premières minutes et l’OM finit par craquer. La sanction est d’autant plus dure à encaisser, que c’est un ancien marseillais Duje Caleta-Car qui punit l’OM d’un coup de tête rageur. Rulli, sur ce coup-là , ne peut rien faire.
Le score aurait pu être bien plus large, mais le portier marseillais a tenu bon (58′, 65′) jusqu’au recul des Lyonnais peu après l’heure de jeu.
Chapitre 6 : Pol Lirola et Ulisses Garcia, les rescapés
C’est alors que contre toute attente, sur un contre, et sans crier gare, Pol Lirola se retrouve seul au face-à -face avec Lucas Perri et vient égaliser pour l’OM. Dans les tribunes, des supporters marseillais présents de manière éparse dans le stade vont être pris à partie par des supporters de Lyon du côté de la tribune des Bad Gones.
Un quart d’heure plus tard, alors que l’OL continue de pousser, Ulisses Garcia émerge sur son côté gauche et cloue Lucas Perri d’une frappe écrasée qui rebondit dans la lucarne.
Pol Lirola et Ulisses Garcia, deux latéraux laissés sur le banc au départ malgré les manques. Roberto De Zerbi a toujours dit vouloir impliquer tous les joueurs présents dans son groupe. Ils ont répondu présent.
Epilogue : Mister Rowe
L’Olympico va alors se terminer, comme en novembre 2009 lors du 5-5 historique entre les deux Olympiques. Dans un épilogue complètement dingue qui voit Cherki redonner le sourire à Alexandre Lacazette puis Rowe, refermé dans la minute ce même visage pour laisser exploser devant 53 228 personnes la joie et la rage de victoire de tout le staff olympien, venu réaliser un hold-up sensationnel dans un match qui échappait aux Olympiens presque de bout en bout.
Si un réalisateur de la trempe de Quentin Tarentino devait réaliser un film sur le football, peut-être aurait-il fort à s’inspirer d’un tel match pour écrire son scénario. Clap de fin.
Les chiffres du match :
4, c’est le nombre de minutes qu’il a fallu à Benoit Bastien pour expulser Leonardo Balerdi.
6 arrêts pour Geronimo Rulli, homme du match hier à Lyon
37% de possession seulement pour l’OM dans cette rencontre
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Rudy Bourianne
Rudy Bourianne est journaliste sportif. Passionné par le club phocéen et le sport en général, il suit notamment l’actualité de l’OM, de la Voile et de l’équipe élite water-polo du Cercle des Nageurs de Marseille pour Le Méridional.