À deux euros du SMIC, 62 % des Français basculent ou sont sur le point de basculer dans la pauvreté. Le Secours populaire tire la sonnette d’alarme avec des chiffres accablants pour 2024.
Comme un mauvais refrain, le constat est toujours plus inquiétant. Le Secours populaire français (SPF) publie son baromètre annuel Ipsos sur la pauvreté en France et en Europe. Une alerte rouge pour des millions de foyers au bord du gouffre, à seulement deux euros près du SMIC. « La précarité n’est plus une menace lointaine, c’est une réalité quotidienne pour 62 % des Français », alerte l’association.
Le seuil de pauvreté perçu, cette barrière invisible en dessous de laquelle la vie bascule atteint, désormais 1 396 euros par mois, quasiment à hauteur du SMIC. Une situation critique qui reflète une société à bout de souffle, où la précarité devient la norme.
Pour beaucoup, cette réalité n’est pas seulement théorique : 47 % des Français peinent à payer leurs factures d’énergie, un chiffre qui grimpe à 57 % dans les campagnes. La faim est, elle aussi, une réalité : 30 % des Français n’arrivent pas à se nourrir correctement, surtout dans les zones rurales.
Les privations touchent tous les aspects de la vie quotidienne : soins médicaux, loisirs, vacances. Renoncer à un repas ou à une consultation médicale est le quotidien de millions de personnes. Une précarité qui frappe aussi durement les enfants : 31 % des Européens ne peuvent subvenir aux besoins essentiels de leurs enfants. Un chiffre effarant qui ne cesse d’augmenter.
La France du renoncement
La pauvreté n’a plus de visage unique. Pour beaucoup, ce n’est pas qu’une ligne théorique : 47 % des Français peinent à payer leurs factures d’énergie, et dans les zones rurales, la situation est encore plus critique.
Les campagnes, souvent ignorées, sont en première ligne : 57 % des habitants voient leurs factures d’énergie exploser. La nourriture devient un luxe pour beaucoup : 30 % des Français ne peuvent pas se permettre une alimentation équilibrée.
Les privations touchent tous les aspects de la vie quotidienne : soins médicaux, loisirs, vacances. Ainsi, 48 % des Français ne peuvent plus partir en vacances, et 34 % renoncent à se soigner. L’accès aux soins devient une bataille inégale entre villes et campagnes. En milieu rural, près de 44 % des personnes peinent à consulter un médecin. Le tout dans une indifférence quasi générale.
L’Europe n’est pas épargnée
Mais la France n’est pas seule à vivre ce cauchemar social. L’Europe fait face, elle aussi, à une montée alarmante de la précarité.
Près de 29 % des Européens peinent à couvrir leurs dépenses courantes. Pire encore, 27 % d’entre eux sautent des repas, faute de moyens. Renoncer aux soins ? Une réalité pour 34 % d’entre eux. Quant aux enfants, 31 % des parents européens ne peuvent pas répondre à leurs besoins essentiels. Un continent qui vacille sous le poids de l’injustice sociale.
Secours populaire : des actions contre le naufrage
Face à ce tableau dévastateur, l’envie d’aider est bien présente. 66 % des Français déclarent vouloir s’engager. Mais comment mobiliser ces bonnes volontés dans un contexte où la précarité devient omniprésente ?
Le Secours populaire redouble d’efforts. À travers toute la France, 90 000 bénévoles sont sur le terrain pour faire vivre la solidarité. À Marseille, l’antenne de la Blancarde est un refuge pour près de 500 familles chaque mois.
Des colis alimentaires, des fournitures scolaires, un coup de pouce indispensable pour des vies en suspens. « L’aggravation de la précarité appelle une solidarité plus forte », insiste Houria Tareb, secrétaire nationale du SPF.
Mais la réalité est là : les ressources manquent. Pour poursuivre ses actions, le Secours populaire a besoin de dons financiers. Chaque euro compte pour soutenir les 4,1 millions de personnes aidées en 2023, en France, en Europe et dans le monde. Une lutte quotidienne contre un ennemi qui ne cesse de grandir.
* Le baromètre de la pauvreté et de la précarité a été mené auprès de 996 personnes, constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 16 ans et plus. Elles ont été interrogées par téléphone les 24 au 26 mai 2024.