Barnier face à l’urgence sociale et budgétaire

À peine arrivé à Matignon, Michel Barnier découvre un champ de mines politiques. Entre la nécessité de composer un gouvernement cohérent, de répondre à la grogne sociale et d’arbitrer un budget sous pression, le nouveau Premier ministre n’aura pas le temps de souffler.

Le voilà, enfin installé dans le fauteuil de Matignon, ce poste tant désiré et redouté à la fois. Michel Barnier, visage bien connu de la politique française, n’aura pas le loisir de s’habituer à la vue qu’offre son bureau.

Les dossiers brûlants s’entassent déjà sur son bureau, et le moins que l’on puisse dire, c’est que ses premières semaines risquent d’être marquées du sceau de l’urgence.

D’abord, il y a le gouvernement à composer. Une tâche plus périlleuse qu’il n’y paraît, car Michel Barnier doit trouver un équilibre subtil entre fidélité, compétences, et un parlement prêt à basculer à la première fausse note.

Les anciens ministres, encore en pleine digestion de la fin de l’ère Attal, rôdent dans les couloirs, prêts à reprendre du service, à condition que leur place soit confirmée.

Mais le Premier ministre devra aussi introduire du sang neuf pour satisfaire une opinion publique qui n’attend qu’un renouvellement. D’anciens ténors comme Bruno Le Maire, épuisé après sept ans à Bercy, quittent déjà la scène, laissant derrière eux des chantiers inachevés.

Le piège des rues : entre grogne et contestation

Et comme si cela ne suffisait pas, le vent de la révolte souffle déjà dehors. Les syndicats et les organisations étudiantes n’ont pas attendu que Barnier s’installe pour annoncer leurs couleurs. Grève prévue, manifestation à l’horizon…

Voilà un autre défi qu’il devra rapidement affronter, tout en sachant que chaque concession risque de lui coûter cher politiquement.

L’épreuve budgétaire : un casse-tête sans issue ?

Mais le vrai test viendra dans quelques semaines, avec l’élaboration du budget. L’échéance du 1er octobre s’approche à grands pas et les options sont limitées. Doit-il s’en tenir au cadre déjà établi par Gabriel Attal, ou bien tentera-t-il de marquer sa différence en renégociant certains postes ?

Un budget austère pourrait renforcer la grogne, tandis qu’un budget trop généreux risquerait d’aggraver les finances publiques, déjà sous haute surveillance de Bruxelles.

Le spectre de Bruxelles et des réformes fiscales

Ce mandat s’annonce comme une véritable course d’obstacles pour Michel Barnier. Et si son choix à Matignon peut sembler être une question de compromis politique, la véritable raison est plus stratégique.

Avec des finances publiques sous pression et des règles budgétaires européennes strictes, Emmanuel Macron mise sur l’influence de Michel Barnier au sein des institutions européennes pour assouplir ces contraintes.

L’ancien commissaire européen, négociateur du Brexit, connaît parfaitement les rouages de Bruxelles, et l’espoir non-dit est qu’il puisse utiliser son réseau pour infléchir ces règles trop rigides, dans lesquelles la France peine à rentrer.


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