Stéphane Ravier, figure de l’extrême droite marseillaise, claque la porte de Reconquête! et revient sur la scène locale avec son mouvement « Marseille d’abord ». Entre ambitions municipales et casseroles judiciaires, il rêve de rassembler les droites pour reprendre la cité phocéenne en 2026.
Il est des hommes politiques qui cultivent l’art du rebondissement. Stéphane Ravier, sénateur des Bouches-du-Rhône, en est un.
Ce 2 septembre 2024, Stéphane Ravier annonce qu’il quitte le navire Reconquête!, ce même parti qu’il avait rejoint en fanfare en 2022, claquant la poste d’un Rassemblement National qu’il servait depuis des décennies. Alors, pourquoi ce nouveau virage à 180 degrés ?
Marseille, son unique combat
Stéphane Ravier l’a martelé sur BFM Marseille Provence : il ne se reconnaît plus dans aucun mouvement national. C’est désormais sous la bannière de « Marseille d’abord » qu’il siégera. Tiens donc. Avec ce nom, il entend revendiquer sa propre vision de la priorité locale, marquant ainsi son territoire dans le paysage politique marseillais.
Ce choix n’est pas anodin. Il fait écho à « Notre région d’abord », forcément. Étendard avec lequel Renaud Muselier a gagné la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur il y a trois ans face notamment au risque RN.
Un pied de nez, donc, de la part de Stéphane Ravier. Et dans le même temps un appel du pied à ses anciens amis du RN, mais aussi à toutes les forces de droite prêtes à en découdre. Car derrière ce retour aux sources, l’objectif est clair : reprendre la mairie des mains de la gauche. Car selon lui, en 2020, la division de la droite a été la clé de la victoire pour les Verts et les « gauchistes ».
Ce n’est pas la première fois que l’union des droites est évoquée, mais cette fois-ci, Stéphane Ravier semble prêt à tout pour la concrétiser. Il rappelle d’ailleurs l’alliance réussie entre le RN et les Républicains ciottistes aux législatives.
Bon courage car la coalition des droites ne veut certainement pas de lui. Et, vendredi soir, à l’occasion de la clôture des universités d’été, le message était limpide : « Il n’y aura aucune compromission avec les extrêmes qui sont de toute façon et par nature, un poison pour toute forme de projet politique. »
Un passé lourd, un avenir flou
Equation difficile d’autant plus que pour l’ex-zemmouriste, tout n’est pas rose. Sa condamnation en mai dernier pour prise illégale d’intérêts plane comme une ombre sur ses ambitions.
Six mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité : la sanction est sévère, mais pas rédhibitoire pour celui qui compte encore peser dans le jeu politique marseillais. La question reste : les électeurs lui feront-ils confiance, ou se souviendront-ils de ses déboires judiciaires ? A l’heure où l’extrême droite a fortifié son emprise sur le département lors des dernières législatives.
Malgré tous ses efforts pour se réinventer, Stéphane Ravier semble toutefois condamné à rejouer toujours le même scénario : celui du paria en quête de légitimité. Mais à force de vouloir jouer sur tous les tableaux, il pourrait bien se retrouver définitivement hors-jeu.
Car, au final, « Marseille d’abord » risque fort de n’être qu’un énième slogan sans avenir, lancé par un « Ravier sans famille », errant seul sur l’échiquier politique.