À Marseille, le Boulevard Urbain Sud, l’asphalte de la discorde

Boulevard Urbain Sud - Marseille ©Dronimages

Le 3 septembre 2024, le groupe « Pour une Métropole du Bien Commun » a déposé un recours en annulation contre la relance du Boulevard Urbain Sud. Malgré les oppositions et les critiques, la Métropole Aix-Marseille-Provence reste bien décidée à ne pas se laisser freiner.

À Marseille, on aime les batailles de tranchées. Et le Boulevard Urbain Sud, ou BUS pour les intimes, en est la parfaite illustration. D’un côté, une mairie qui veut bloquer. De l’autre, une Métropole qui avance coûte que coûte.

Ce 3 septembre 2024, un nouveau front s’est ouvert avec le dépôt d’un recours en annulation par le groupe « Pour une Métropole du Bien Commun ». Ce recours vise la délibération adoptée le 27 juin dernier par la Métropole Aix-Marseille-Provence, relançant un projet d’infrastructure qui, depuis le début, suscite autant de passions que de controverses.

Le groupe « Pour une Métropole du Bien Commun » ne mâche pas ses mots : ils dénoncent des conditions « particulièrement discutables » entourant l’adoption de cette délibération.

Pour eux, la décision a été précipitée dans un contexte électoral sous tension, avec des études d’impact environnemental et financier passées sous silence, laissant les membres du Conseil dans le flou. Pour eux, il est essentiel de freiner un projet qui ne correspond plus aux besoins écologiques d’aujourd’hui.

Le « Boulevard Urbain Vert » entre en scène

Mais cette relance du BUS, la Métropole ne l’a pas faite à la légère. Le 27 juin 2024, malgré une ambiance électrique au sein de l’hémicycle, elle a voté une enveloppe de 50 millions d’euros pour financer les études, l’acquisition de terrains privés et la reprise du chantier.

Pour Martine Vassal et son équipe, c’était une manœuvre décisive dans une bataille qu’ils refusent de perdre : celle pour désengorger les quartiers sud de Marseille, qui étouffent sous le poids des embouteillages.

Le projet a d’ailleurs pris une tournure concrète le 20 août 2024. La Métropole Aix-Marseille-Provence a lancé un marché public pour un tronçon stratégique du BUS, le fameux « Boulevard Urbain Vert » dédié aux piétons et cyclistes, sur 1,7 km, entre le Roy d’Espagne et la mer.

Le projet évite le tronçon le plus contesté, les 3 kilomètres de voies initialement prévues entre Sainte-Marguerite et le Roy d’Espagne, pour se concentrer sur un aménagement végétalisé. Le chantier, estimé à 4 millions d’euros, devrait débuter en 2026.

La municipalité sur le pied de guerre

Pendant ce temps, du côté de la Ville de Marseille, on ne désarme pas. Fidèle à sa position, la municipalité continue de critiquer ce projet, estimant que les 50 millions d’euros engagés seraient mieux dépensés ailleurs. Pour les élus de la majorité municipale, le BUS reste un projet d’un autre âge, un reliquat du passé qui sacrifierait des espaces verts essentiels comme le parc de la Mathilde, les jardins familiaux Joseph Aiguier, et la pinède du Roy d’Espagne.

Mais à la Métropole, on ne tremble pas. « Si la majorité municipale marseillaise actuelle a pris l’habitude de vouloir arrêter tous les projets de cette ville, Martine Vassal et sa majorité, eux, ont l’habitude de bâtir un avenir pour ce territoire et d’accélérer les projets. Eux déposent des recours, nous réalisons des projets », rétorque-t-on dans l’entourage de Martine Vassal.

Le BUS, initialement prévu pour relier l’échangeur Florian à la Pointe-Rouge sur 8,5 kilomètres, reste partiellement réalisé, avec une première phase inaugurée en 2020. Mais la portion la plus disputée, entre Sainte-Marguerite et le Roy d’Espagne, demeure en suspens, la Ville refusant de céder des terrains jugés essentiel pour le patrimoine vert de Marseille.

Le BUS, un éternel chan(tier) de bataille, où chaque coup de pelle semble creuser un peu plus le fossé entre deux visions irréconciliables de Marseille.