La célèbre marque de spiritueux, emblème du Sud, se glisse dans les rangs du PSG en devenant le fournisseur exclusif de champagne et de spiritueux du club. Un contrat de sponsoring signé jusqu’en juin 2028. Marseille, préparez les glaçons, car l’heure est au boycott.
Les supporters marseillais l’ont encore en travers de la gorge, comme un mauvais pastis dilué dans trop d’eau. Pernod Ricard, l’icône du sud, celle qui coule à flots sur les terrasses ensoleillées de la Canebière, vient de s’afficher aux côtés du PSG. Oui, du PSG. Comme si Éric Cantona signait au PSG. Comme si l’anchoïade se mariait avec le camembert.
À Marseille, ce partenariat a eu l’effet d’un tacle de Di Meco en 1992 : brutal, sans pitié, et douloureux. Car ici, Paris, c’est plus qu’un simple adversaire, c’est l’ennemi juré. Une rivalité ancrée dans les tripes, où chaque OM-PSG est un acte de guerre, un affrontement entre deux mondes, deux cultures, deux façons de voir la vie : d’un côté, la capitale arrogante et étincelante, de l’autre, la cité phocéenne, rebelle et indomptée.
L’entreprise qui, pour beaucoup, est aussi marseillaise que le Vieux-Port, qui fait partie de l’ADN de la ville, qui accompagne chaque soirée entre amis depuis des décennies, décide soudain de s’allier avec l’ennemi juré. Alors voir le pastis marseillais arborer fièrement les couleurs du PSG, c’est un peu comme voir son meilleur pote draguer sa copine. C’est un peu comme si Jean-Claude Izzo avait écrit une ode à Paris, ou si la sardine qui bouchait le Vieux-Port décidait de migrer vers la Seine.
Et c’est bien pour cela que les Marseillais crient au boycott. Sur les réseaux sociaux, les appels à ne plus jamais toucher un verre de Ricard se multiplient. À quoi bon trinquer avec un traître ? Quand on oublie d’où on vient, on ne sait plus où l’on va, et là, on dirait bien que Pernod Ricard a égaré la boussole.
Cela semble d’autant plus déconcertant quand on pense à Paul Ricard, l’homme qui a fondé bien plus qu’une simple marque de pastis. Humaniste et visionnaire, il avait ancré son entreprise dans les valeurs marseillaises de convivialité, de partage et de proximité.
Un type qui, de son vivant, n’aurait sûrement jamais imaginé voir le nom de son pastis associé au club qui représente tout ce que Marseille aime détester. Paul Ricard, qui avait toujours le sud dans le cœur, aurait probablement préféré lever son verre à l’OM plutôt que de trinquer avec l’ennemi parisien.
Et puis, franchement, s’il y a bien un terrain où Marseille pourrait revendiquer une supériorité, c’est bien celui des apéros. Là où Paris aligne les zéros sur les chèques, Marseille sait compter les glaçons. Mais là, ce partenariat a tout d’un sacrilège : le roi du pastis qui s’affiche avec ceux qu’on rêve de faire tomber, c’est la défaite avant même le coup d’envoi.
Alors que reste-t-il à faire ? Boycotter, évidemment. Montrer à Pernod Ricard que ce n’est pas en crachant dans le Vieux-Port qu’on fait des vagues. Quitte à se rabattre sur d’autres boissons, tant que ce n’est pas du jus de pomme. Parce qu’à Marseille, on a notre fierté, et elle ne se négocie pas, même pour un verre de jaune.
Et pendant ce temps-là, à Paris, on se frotte les mains, contents d’avoir ajouté un peu de sel dans les blessures marseillaises. Mais les supporters de l’OM le savent : la meilleure réponse, elle se donnera sur le terrain, un verre à la main, mais sûrement pas un Ricard.
Yara Lestel