Marseille : La cité scolaire internationale « Jacques Chirac » prête à ouvrir ses portes

Crédit photo : Le Méridional

Le 2 septembre 2024, la cité scolaire internationale « Jacques Chirac » inaugurera sa première rentrée en plein cœur d’Euroméditerranée, à Marseille. Cet établissement unique en son genre ambitionne de devenir un modèle d’excellence éducative et de mixité sociale, alliant modernité architecturale et ouverture sur le monde.

Dans quelques jours, la cité scolaire internationale « Jacques Chirac » accueillera ses premiers élèves, marquant l’aboutissement de plusieurs années de préparation.

Nichée en plein cœur du quartier Euroméditerranée à Marseille, cette institution se distingue par sa vision innovante, tant sur le plan éducatif qu’architectural. Mais qu’est-ce qui fait de cette école un projet si exceptionnel et tant attendu ?

Un établissement inédit en France

La France possède plusieurs établissements offrant un enseignement international, mais la cité scolaire « Jacques Chirac » se distingue par son organisation et son statut unique.

Elle est l’une des huit premières à ouvrir sous le régime d’Établissement Public Local d’Enseignement International (EPLEI), un modèle novateur qui regroupe sous un même toit un enseignement international de la primaire à la terminale, avec un internat intégré.

Cette continuité éducative, du CP à la terminale, est rare en France, où les sections internationales sont généralement réparties sur plusieurs institutions.

Dès cette rentrée, plus de 660 élèves bénéficieront d’un enseignement d’excellence dans cinq langues : allemand, anglais, arabe, chinois et espagnol.

La moitié des cours sera dispensée dans la langue de section, avec une approche pédagogique qui ne se limite pas à l’apprentissage linguistique, mais qui cherche à inculquer une compréhension profonde des cultures étrangères.

« L’objectif est de permettre aux élèves non seulement de maîtriser une langue, mais aussi d’appréhender la culture et la pensée qui y sont associées », précise Isabelle Negrel, la proviseure.

Une architecture innovante et écologique

Le projet architectural imaginé par les architectes Rudy Ricciotti et Roland Carta, a été conçu pour offrir aux élèves un environnement stimulant et protecteur.

Le campus, s’étendant sur 26 000 m², est composé de deux bâtiments distincts, chacun dédié à des niveaux scolaires différents.

L’un accueille l’école primaire, l’internat, des logements de fonction, ainsi qu’une salle de spectacle de 200 places.

L’autre, réservé aux collégiens et lycéens, comprend un vaste gymnase de 2 200 m² au rez-de-chaussée, capable d’accueillir des compétitions sportives importantes et ouvert aux habitants du quartier les week-ends.

Mur d’escalade
CDI

La construction de ce gymnase a posé un véritable défi technique, nécessitant l’emploi de techniques de construction similaires à celles utilisées pour les ponts, afin de supporter le poids des étages supérieurs.

Cette prouesse architecturale reflète l’ambition du projet, qui vise à concilier fonctionnalité et esthétique.

En plus de son architecture innovante, l’école se distingue par son engagement écologique. Des matériaux biosourcés, tels que la laine de bois pour l’isolation et l’aluminium recyclé pour les fenêtres, ont été utilisés.

L’ensemble de la toiture est recouvert de panneaux photovoltaïques, qui devraient couvrir plus de 85 % des besoins en énergie de l’établissement.

La résille, qui enveloppe les façades est plus qu’un simple ornement. Elle constitue une véritable signature architecturale du duo Ricciotti-Carta. Technique, déjà largement utilisée pour le MuCEM alliant esthétisme et fonctionnalité.

Ce motif, caractéristique de leur travail, joue aussi un rôle fonctionnel en filtrant la lumière solaire, contribuant ainsi au confort thermique à l’intérieur du bâtiment.

Un autre point à noter est l’absence de climatisation, remplacée par un système ingénieux de brise-soleil, de verres teintés et de ventilateurs pour maintenir une température agréable dans les salles de classe.

La résille, qui enveloppe les façades est plus qu’un simple ornement. Elle constitue une véritable signature architecturale du duo Ricciotti-Carta.

Outre son excellence éducative et son architecture novatrice, cette école met l’accent sur la sécurité.

Le campus est doté d’un système de protection contre les intrusions, intégré discrètement dans l’ensemble du bâtiment pour garantir un environnement sûr sans compromettre l’esthétique de l’édifice.

Cette attention particulière à la sécurité vise à créer un cadre d’apprentissage serein pour les élèves, tout en permettant une ouverture sur la communauté environnante.

Le gymnase, par exemple, sera ouvert aux associations locales pour des activités sportives le week-end, une fois l’organisation et la sécurité des lieux pleinement maîtrisées.

Un projet pédagogique ambitieux et inclusif

Au-delà de son architecture, cette « cité » se distingue par son projet éducatif. La mixité sociale est au cœur de cette démarche, avec plus de 50% des élèves provenant du secteur, garantissant un mélange social et culturel.

Le recrutement des élèves s’est effectué sur dossier et entretien, mettant l’accent sur la motivation et l’engagement plutôt que sur les seuls résultats académiques. « Il s’agissait de trouver des élèves curieux et passionnés par les langues et les cultures, plutôt que de simplement sélectionner les meilleurs sur le plan scolaire », explique Isabelle Negrel.

En réponse aux préoccupations concernant une possible déstabilisation des autres établissements de la région, la proviseure clarifie : « Évidemment, les élèves sont arrivés d’un certain nombre d’établissements. Mais cela a été tellement dispersé qu’on n’a déshabillé personne. On a peut-être pris des élèves de lycées du Nord, de Victor Hugo, un petit peu ici, un petit peu là. Mais personne ne peut dire qu’il a perdu tous ses bons élèves. »

L’établissement espère aussi renforcer les parcours linguistiques dans les collèges et lycées environnants, favorisant des collaborations éducatives au sein de l’académie d’Aix-Marseille.

L’objectif est de créer un écosystème où l’excellence académique rime avec diversité et inclusivité.

Un établissement tourné vers l’international

La cité scolaire internationale ne se contente pas d’enseigner des langues étrangères. Elle aspire à former des citoyens du monde, capables d’évoluer dans des contextes internationaux.

Dès la classe de seconde, les élèves pourront participer à des échanges internationaux, avec des programmes comme Erasmus +, leur offrant la possibilité de faire une partie de leur scolarité à l’étranger.

L’approche pédagogique va au-delà des méthodes traditionnelles, intégrant des supports variés comme des textes originaux et des reportages, pour immerger les élèves dans des environnements culturels authentiques.

« Nous avons la chance d’avoir un recrutement achevé. Tous les enseignants attendus ont été nommés, titulaires ou stagiaires pour certains, des jeunes professeurs en tout cas, tous motivés par ce projet pédagogique », note Isabelle Negrel.

Renaud Muselier et l’équipe pédagogique, ce vendredi 30 août à l’occasion de la visite de pré-rentrée de la cité scolaire internationale.

L’objectif est de préparer les élèves à réussir dans un monde globalisé, tout en leur offrant une éducation qui valorise l’excellence académique et la diversité culturelle.

Ce vendredi 30 août, lors de la pré-rentrée, Renaud Muselier, président de la Région Sud, a tenu à visiter les lieux en personne, soulignant l’importance de l’implication de la Région dans ce projet. « Cela représente l’accessibilité. C’est un projet que je porte depuis longtemps. Quand j’étais premier adjoint au maire, j’estimais que c’était absolument nécessaire. On est en plein cœur d’Euroméditerranée, un territoire avec des souffrances sociales difficiles, mais aussi en pleine évolution économique et structurelle. »

Il ajoute que cette cité scolaire répond à une nécessité stratégique pour la cité phocéenne : « On ne peut pas avoir une ville euro-méditerranéenne aussi puissante, ouverte sur le monde, la Méditerranée et l’Afrique, et ne pas avoir une dimension internationale. »

Alors que l’ouverture approche, l’excitation est palpable. Cette rentrée 2024 marque non seulement l’ouverture d’un établissement unique, mais aussi l’émergence d’un nouveau modèle éducatif en France, avec une ambition qui dépasse les frontières marseillaises.

Marseille, ville de rencontres et de métissages, se dote ainsi d’un outil pédagogique puissant pour préparer les générations futures à un avenir globalisé et interconnecté. Dans le contexte politique actuel, la date de l’inauguration officielle n’a pas encore été fixée.

Yara Lestel

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CHIFFRES CLÉS

Montant total de l’opération : Plus de 100 millions d’euros
Surface totale : 27 730 m²
Capacité d’accueil : 2 200 élèves à terme
Internat : 200 places
Nombre de classes dès la rentrée 2024 : 3 classes de CP, 3 classes de CM1, 6 classes de 6ème, 10 classes de 2nde
Langues enseignées : 6 sections internationales (allemand, arabe, britannique, chinois, espagnol, et américain à partir de la 2nde)
Équipements supplémentaires : 1 espace restauration, 1 pôle culturel avec CDI et salle polyvalente, 1 pôle sportif, logements de fonction

PARTENAIRES DU PROJET

Maître d’ouvrage : Région Sud
Architectes : Rudy Ricciotti et Roland Carta
Groupement de réalisation : Bouygues Bâtiment Sud-Est avec Carta – Reichen et Robert Associés, Lamoureux & Ricciotti Ingénierie, Garcia Ingénierie, BG Ingénieurs conseils, STOA, AC2R, SUR&TIS, Inddigo, Gamba, R2M, Bouygues Energies & Services
Nombre d’entreprises locales impliquées : Plus de 60
Certification environnementale : CERTIVEA NF Bâtiments Tertiaires®