Un médicament contre l’hépatite C révèle son potentiel contre le Covid-19

Une nouvelle avancée du CNRS pourrait transformer le traitement de plusieurs virus à ARN, y compris le Covid-19. Les chercheurs ont décortiqué le fonctionnement du bemnifosbuvir, un médicament contre l’hépatite C, et révélé comment il pourrait devenir encore plus efficace contre des infections comme la Covid-19.

Des chercheurs du CNRS ont récemment réalisé une découverte clé concernant le bemnifosbuvir, un médicament initialement développé pour traiter l’hépatite C. Cette avancée pourrait avoir des implications importantes pour le traitement de diverses infections virales, y compris le Covid-19, la grippe et la dengue.

Le bemnifosbuvir fonctionne en se transformant dans les cellules infectées en une forme capable de bloquer la réplication des virus. Cependant, pour qu’il soit efficace, il doit passer par plusieurs étapes de transformation dans le corps.

Les scientifiques ont maintenant réussi à détailler ces processus grâce à la cristallographie de haute précision. Cette technique permet de voir la structure des molécules à un niveau très détaillé.

En gros, elle aide les scientifiques à obtenir une image très claire de la façon dont les atomes d’une molécule sont arrangés, comme si on regardait une maquette 3D très détaillée. Cette vue précise aide à comprendre comment les molécules interagissent entre elles, et permet de développer de nouveaux médicaments ou améliorer ceux qui existent.

Grâce à cette technique, ils ont ainsi découvert les cinq enzymes essentielles nécessaires pour activer le médicament et comment il interagit avec ces enzymes.

La molécule de bemnifosbuvir, représentée ici sous sa forme activée « AT-8003 » (agrandissement à droite), est montrée en couleurs. Elle interagit avec l’enzyme humaine HINT1, ce qui augmente l’efficacité du médicament dans le foie.
© François Ferron/Canard et al./PLOS Biology

Un potentiel élargi pour des traitements plus efficaces

Cette découverte ouvre la voie à de nouvelles possibilités pour améliorer l’efficacité du bemnifosbuvir dans le traitement des infections virales.

En comprenant mieux comment le médicament est activé, les chercheurs peuvent maintenant envisager de l’adapter pour traiter non seulement les infections hépatiques mais aussi d’autres types d’infections virales.

Par exemple, cette meilleure compréhension pourrait permettre de rendre le bemnifosbuvir plus efficace contre le Covid-19, en améliorant son action dans les poumons, où le virus est souvent le plus actif.

De plus, cette avancée permettra de mieux cibler les essais cliniques, en sélectionnant les modèles animaux qui possèdent les enzymes nécessaires à l’activation du médicament, ce qui pourrait accélérer le développement de nouvelles thérapies.

De plus, cette avancée permettra de mieux cibler les essais cliniques, en sélectionnant les modèles animaux qui possèdent les enzymes nécessaires à l’activation du médicament, ce qui pourrait accélérer le développement de nouvelles thérapies.

Collaboration CNRS-AMU

Cette recherche a été menée par l’équipe du laboratoire Architecture et fonction des macromolécules biologiques, une Unité Mixte de Recherche (UMR) associant le CNRS et Aix-Marseille Université. Cette collaboration permet de combiner l’expertise et les ressources des deux institutions, renforçant ainsi les capacités scientifiques et favorisant des découvertes de pointe.

Le CNRS et Aix-Marseille Université travaillent ensemble sur de nombreux projets de recherche, partageant équipements et infrastructures pour améliorer l’efficacité et l’impact de leurs travaux.

Les prochaines étapes consisteront à appliquer ces découvertes pour optimiser le bemnifosbuvir et à tester de nouvelles stratégies thérapeutiques pour combattre les infections virales à ARN.


Bibliographie. The activation cascade of the broad-spectrum antiviral bemnifosbuvir characterized at atomic resolution. Aurélie Chazot, Claire Zimberger, Mikael Feracci, Adel Moussa, Steven Good, Jean-Pierre Sommadossi, Karine Alvarez, François Ferron et Bruno Canard. PLOS Biology, le 27 août 2024.