Ce jeudi 29 août, les sept candidats à la présidence de la LFP sont auditionnés par le syndicat Foot Unis. Objectif : obtenir les parrainages nécessaires pour être éligible lors des élections du Conseil d’administration de la LFP, le 10 septembre prochain. Décryptage d’un scrutin au cœur des débats.
15 minutes. C’est le temps que vont avoir les sept candidats à l’une des trois places d’élus indépendants au Conseil d’administration (CA) de la Ligue de football professionnel (LFP) pour convaincre de leur programme.
Feuilleton de la rentrée, l’élection à la présidence de la LFP enflamme les débats. Le 10 septembre prochain, l’institution va élire ou réélire son président alors que le football français connaît une crise majeure après l’épisode des droits TV, conclut par l’arrivée du diffuseur anglais DAZN.
En plus du président, ce sont aussi les membres du Conseil d’administration de la LFP qui vont être élus. Au total, 17 membres répartis entre des représentants de la Ligue 1, de la Ligue 2, de la FFF, des joueurs et des éducateurs.
Le collège des trois
Parmi eux, une partie sont dits indépendants. Et, c’est de ce collège d’administrateurs indépendants des clubs qu’est choisi, habituellement, le président de la LFP.
Or, changement important. Lors du dernier mandat, leur nombre est passé de cinq à trois, ce qui réduit le nombre de candidats possible pour prendre la tête de l’institution.
Dans la course à la succession de Vincent Labrune, candidat lui-même à sa réélection, ils sont six aujourd’hui à vouloir faire partie des trois élus indépendants. Il s’agit de Christophe Bouchet, Cyril Linette, Karl Olive, Gervais Martel, Stéphane Martin et Alain Guerrini. Sept hommes donc pour trois places seulement.
Pour être éligible à ce statut de membre indépendant, les différents candidats doivent obtenir deux parrainages. Le premier de la part du syndicat des clubs, Foot Unis, qui réunit principalement les présidents de Ligue 1 et de Ligue 2, et le second par l’Union des acteurs du football (UAF) qui regroupe l’ensemble de ce qui est appelé « la famille du foot » : les joueurs, les entraîneurs, les arbitres, les médecins et le personnel administratif.
Sans ces parrainages, les candidats ne peuvent prétendre à être élus au Conseil d’administration de la LFP.
Les parrainages, une entrave démocratique ?
La semaine dernière, les sept prétendants ont été auditionnés par l’UAF. Ce jeudi 29 août, ils passent leur grand oral de 15 minutes devant Foot Unis. Le jour même, le syndicat se réunit ensuite en assemblée générale (AG) pour décider des parrainages accordés. Idem pour l’UAF qui attend cette AG pour décider des différents sorts. Les deux entités décideront ensuite à qui elles vont accorder conjointement les deux parrainages obligatoires pour être éligible.
Parmi les candidats, Karl Olive, député macroniste, proche du pouvoir et désigné par la FFF pour être son représentant dans le collège d’indépendant est pressenti pour être de la partie, tout comme Alain Guerrini qui a les faveurs des membres de l’UAF, comme l’a expliqué Christophe Bouchet sur les ondes de RMC dans l’émission l’After Foot.
Du fait de la réduction du nombre d’élus indépendants au sein du CA de la LFP, il ne reste alors, face à cette situation, plus qu’une place à aller chercher.
Ce système de parrainage est aujourd’hui remis en question alors que Vincent Labrune s’active en coulisse avec des soutiens de poids, comme celui de Nasser El-Khelaïfi, président du PSG, Laurent Nicollin, président de Montpellier ou encore Jean-Pierre Caillot, président du Stade de Reims, à qui le PSG vient de prêter Gabriel Moscardo, pour faire en sorte que le moins de parrainages possibles soient accordés.
Une élection déjà jouée ?
L’ancien président de l’OM entre 2002 et 2004, Christophe Bouchet, a ajouté chez nos confrères de RMC que les clubs et les joueurs « ont envie de donner trois parrainages pour trois places, de façon à ce que le jour de l’AG élective, il n’y ait pas d’élections. »
Le 10 septembre prochain, pour qu’un président soit élu, il faudra qu’une majorité absolue se dégage au premier tour de l’élection, pendant qu’au deuxième tour, une majorité relative suffit. Un micmac.
D’autant que parmi les trois indépendants pressentis, Karl Olive, Alain Guerrini et Vincent Labrune, les deux premiers n’ambitionneraient seulement qu’à être administrateurs indépendants du CA de la LFP pour y représenter leurs soutiens. Soit, de fait, une autoroute à Vincent Labrune pour sa réélection.
Le collège de Ligue 2 demande un report de l’élection
Avec l’audition le 29 août devant Foot Unis, pour une élection le 10 septembre, le timing choisi fait lui aussi débat alors que les présidents de clubs sont en plein bouclage du mercato et des derniers détails de début de saison, moment charnière pour chacun.
Mardi 20 août, le collège de la Ligue 2 a voté pour le report de l’élection à une date ultérieure au 10 septembre.
Interrogé lors d’un entretien avec l’Équipe, Vincent Labrune, l’actuel président de la LFP a déclaré à ce sujet : « Certains réclament un report. J’en entends d’autres vouloir modifier des règles de parrainage qui seraient soudain devenues injustes. Comme je l’ai expliqué vendredi au comex de la FFF, qui nous soutient totalement, la Ligue est une institution libre, garante des intérêts des clubs. Les règles, je ne les ai pas inventées, ni faites à mon image. On ne se soumettra à aucun de ceux qui font pression pour qu’elles soient bafouées à l’aune de leurs intérêts personnels. »
S’indignant un peu plus tôt, lors de l’entretien avec le quotidien sportif national, d’attaques sans précédent contre la LFP et le football français pour « saboter l’appel d’offres sur les droits audiovisuels et de faire exploser la gouvernance. »
Une position sur le fil, alors que le dernier président de l’OM sous l’ère Margarita Louis-Dreyfus est vivement critiqué pour sa gestion des droits TV et les dépenses pharamineuses au sein de la LFP durant son mandat.
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Rudy Bourianne
Rudy Bourianne est journaliste sportif. Passionné par le club phocéen et le sport en général, il suit notamment l’actualité de l’OM, de la Voile et de l’équipe élite water-polo du Cercle des Nageurs de Marseille pour Le Méridional.