Plus de six semaines après la démission de Gabriel Attal, Emmanuel Macron refuse de céder aux pressions du Nouveau Front Populaire (NFP) pour installer un Premier ministre issu de la gauche radicale. Le président prolonge les consultations, alors que l’impasse politique demeure.
La France reste sans Premier ministre plus de six semaines après la démission de Gabriel Attal. Les négociations, engagées par Emmanuel Macron pour désigner un successeur, stagnent.
Lundi soir, après deux jours de consultations intenses, le président a annoncé l’écartement de la candidature d’une personnalité issue du Nouveau Front Populaire (NFP).
La décision d’Emmanuel Macron a été motivée par la perspective d’une opposition parlementaire féroce, notamment de la part de la droite et de l’extrême droite. Marine Le Pen et Éric Ciotti ont averti que tout gouvernement sous la houlette du NFP serait immédiatement censuré par l’Assemblée nationale.
Leurs critiques viennent s’ajouter à celles exprimées la semaine dernière par les Républicains et les macronistes, rendant toute nomination d’une personnalité du NFP impossible.
Ce rejet est aussi un signal : le chef de l’Etat veut éviter de donner à la gauche radicale une prise sur l’exécutif. Le NFP, malgré son avance aux législatives anticipées, devra se contenter de l’opposition. L’Élysée préfère jouer la carte de la prudence plutôt que de céder aux pressions de ceux qui voudraient renverser la table.
Une gauche en colère
Comme on pouvait s’y attendre, Jean-Luc Mélenchon a réagi avec force. Mélenchon, fidèle à sa ligne dure, dénonce ce qu’il considère comme une décision arbitraire et injustifiée.
Son groupe avait pourtant proposé un soutien sans participation à un gouvernement issu de la gauche modérée, une main tendue qui, selon lui, aurait pu stabiliser la situation politique. Mais pour l’Élysée, c’était un piège grossier : accorder la mainmise à une faction trop radicale, même à distance, aurait risqué de fracturer davantage le pays.
La colère de la gauche ne s’arrête pas là. Fabien Roussel, leader du Parti communiste, appelle à une mobilisation populaire dans les prochains jours, refusant d’accepter la mise à l’écart de leur candidate pour Matignon, Lucie Castets.
Pourtant, dans les faits, l’Élysée semble peu enclin à revenir en arrière, poursuivant plutôt les consultations avec les socialistes et les écologistes, tout en maintenant une distance prudente avec les Insoumis.
La droite ferme le verrou
En parallèle, la droite n’a pas attendu pour faire connaître son opposition. Marine Le Pen et Éric Ciotti se sont montrés catégoriques : un Premier ministre issu du NFP serait immédiatement censuré.
Pour eux, l’arrivée d’un gouvernement de gauche radicale équivaut à une politique d’ouverture des frontières et de régularisation des migrants. Des lignes rouges à ne pas franchir.
Même Gabriel Attal, Premier ministre démissionnaire et figure clé des macronistes à l’Assemblée, a fermement critiqué les tentatives de Jean-Luc Mélenchon de s’immiscer dans l’exécutif. Pour Attal, la proposition du NFP n’est qu’un « simulacre d’ouverture » voué à diviser encore plus les forces politiques du pays.
Un président en quête de compromis
Dans l’impasse, le président de la République a annoncé une nouvelle série de discussions pour tenter de former une majorité gouvernementale, espérant trouver la personne capable de rallier suffisamment de soutiens pour éviter un blocage parlementaire.
Plusieurs noms circulent, dont celui de Didier Migaud, un technocrate respecté, à cheval entre la politique et la technique. Ancien socialiste et actuel président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, il pourrait représenter le compromis idéal : suffisamment neutre pour ne pas provoquer de guerre ouverte, tout en apportant une expertise reconnue.
Mais le problème demeure : Macron peine à trouver une majorité solide. Les divisions au sein de la gauche rendent toute solution complexe. Le NFP a déjà indiqué qu’il ne participerait plus aux consultations sans un accord clair sur une possible cohabitation. Même au sein du camp présidentiel, les tensions sont palpables.
De même, la droite continue de réclamer un Premier ministre venant de ses rangs, bien qu’aucun consensus clair n’ait encore émergé.
Alors que la rentrée budgétaire s’annonce houleuse, il doit désormais naviguer entre ces multiples oppositions pour désigner un chef de gouvernement capable de rassembler suffisamment de soutien parlementaire pour maintenir le cap. L’impasse est donc loin d’être résolue. Emmanuel Macron joue sur la corde raide et sait qu’il ne peut pas tergiverser éternellement.