Élections du président de la LFP : Labrune à 6 contre 1

À l’approche de l’élection pour la présidence de la Ligue de football professionnel, Vincent Labrune doit faire face à six adversaires (pour l’instant) déterminés à lui ravir la place. Entre figures historiques du football et nouveaux visages ambitieux, l’ancien président de l’OM se retrouve dans une bataille où rien n’est joué.

Le compte à rebours est lancé pour Vincent Labrune, président sortant de la Ligue de football professionnel (LFP). L’élection prévue le 10 septembre s’annonce plus disputée que jamais, tant les noms se bousculent pour tenter de renverser celui qui, en 2020, avait créé la surprise en s’imposant à la tête de l’instance. Cette fois-ci, la bataille s’annonce âpre, et les adversaires ne manquent pas de mordant.

Vincent Labrune, l’usure du pouvoir

Élu à la surprise générale en 2020, Vincent Labrune avait séduit en jouant les pompiers de service après le fiasco Mediapro, ce diffuseur fantôme qui avait laissé la Ligue 1 en pleine tempête. L’ancien président de l’OM avait réussi à revendre les droits TV à Amazon, sauvant in extremis les finances du foot français. Mais au fil du temps, l’efficacité de Labrune a commencé à s’estomper.

Le dernier appel d’offres pour les droits TV s’est révélé un vrai bourbier. Pas de milliard d’euros en vue, mais un accord à 500 millions avec DAZN et beIN Sports, qui a fait hurler les petits clubs. Et si cela ne suffisait pas, l’accord avec le fonds d’investissement CVC, censé injecter 1,5 milliard dans les caisses de la LFP, s’est transformé en bombe à retardement : 13 % des revenus filent directement dans les poches de CVC, tandis que Labrune doit répondre à la justice pour une commission perçue à la signature.

Si certains présidents de clubs continuent de lui apporter leur soutien, d’autres murmurent qu’un changement est nécessaire pour redonner une nouvelle dynamique au football français​.



Cyril Linette, l’homme des médias qui veut bousculer l’ordre établi

Face à cette situation, Cyril Linette entend bien incarner le renouveau. Cet ancien journaliste et dirigeant de médias apparaît comme un candidat sérieux. Avec un parcours marqué par la direction de L’Équipe et du PMU, Cyril Linette possède une expertise solide en matière de gestion et de droits télévisuels.

Son projet phare ? Rendre la Ligue 1 plus accessible financièrement, en faisant baisser les abonnements proposés par DAZN, et en renouant avec Canal+, diffuseur historique du football français. Il estime que la stratégie actuelle de la LFP sous la présidence de Vincent Labrune a échoué à répondre aux attentes financières, laissant à la fois les clubs et les supporters dans une situation d’insatisfaction générale.

Karl Olive, l’homme politique dans la course

Karl Olive, député Renaissance et ancien maire de Poissy, s’invite également dans la bataille. Ancien représentant de la Fédération française de football au conseil d’administration de la LFP, le parlementaire jouit de solides connexions politiques, notamment un appui de taille en la personne du président de la République.

Bien que son nom circule souvent pour des postes ministériels, Karl Olive semble également prêt à jouer un rôle dans la gestion du football professionnel. Sa candidature est perçue comme une alternative politique à la gestion actuelle, cherchant à réconcilier les intérêts divergents des clubs et des instances​.

D’autres personnalités dans les starting-block

D’autres autres figures du football français se sont portées candidates à la présidence de la LFP : Gervais Martel, ancien président du RC Lens et Christophe Bouchet, ex-président de l’Olympique de Marseille.

Dans les starting-bloc également Stéphane Martin, ancien président des Girondins de Bordeaux de 2017 à 2018 et Alain Guerrini, PDG de Panini France depuis 1979 et administrateur de la Ligue de football professionnel depuis 2016. Leur arrivée dans la course vient complexifier davantage une élection déjà tendue.

Gervais Martel, l’enfant du Nord qui ne lâche rien

C’est un retour sous les projecteurs pour Gervais Martel, l’ancien président emblématique du RC Lens. À la tête du club pendant près de trois décennies (1988-2012, puis de 2013 à 2017), il incarne une figure de proue du football français.

Sous sa présidence, Lens a non seulement connu ses heures de gloire, remportant notamment le titre de champion de France en 1998, mais aussi ses heures sombres, avec plusieurs relégations douloureuses et des crises financières dévastatrices.

Gervais Martel est réputé pour son attachement viscéral au club du Nord et sa capacité à mobiliser des soutiens dans les moments critiques. Son expérience et son réseau solide au sein du football hexagonal en font un sérieux prétendant, malgré les soubresauts de son passé récent à Lens, où la gestion chaotique des dernières années avait laissé des cicatrices profondes​.

Christophe Bouchet, le journaliste devenu homme politique

Christophe Bouchet est un autre visage bien connu du football français. Président de l’Olympique de Marseille entre 2002 et 2004, il a navigué dans les eaux tumultueuses du club sous l’ère Tapie. Sa présidence a été marquée par des hauts et des bas, mais il est resté une figure respectée dans le monde du football. Après son passage à l’OM, il a poursuivi sa carrière en politique en devenant maire de Tours entre 2017 et 2020​.

Christophe Bouchet n’a jamais abandonné son intérêt pour le football. Il critique ouvertement la financiarisation du sport, notamment l’accord entre la LFP et CVC, qu’il compare à une situation où « un maire toucherait une gratification d’une entreprise après avoir délivré un permis de construire », lors d’une commission d’enquête sénatoriale sur la financiarisation du football.

Selon lui, la gestion actuelle du football professionnel en France manque de vision à long terme. Un problème qu’il souhaite corriger s’il est élu à la présidence de la LFP.

Stéphane Martin, un homme du football ancré à Bordeaux

Stéphane Martin, ancien président des Girondins de Bordeaux de 2017 à 2018, se positionne également dans cette élection. Cet ancien trader de Santander s’est reconverti dans le football et avait pris la suite de Jean-Louis Triaud à la tête du club girondin.

Pendant son mandat, il a tenté de stabiliser les finances du club tout en essayant de maintenir un niveau de compétitivité dans un contexte économique difficile. Bien que son passage à Bordeaux n’ait pas été exempt de défis, il s’appuie sur son expérience de gestionnaire rigoureux pour se présenter comme un candidat sérieux à la présidence de la LFP.

Alain Guerrini, l’homme derrière Panini

Enfin, Alain Guerrini, PDG de Panini France depuis 1979 et administrateur de la Ligue de football professionnel depuis 2016, est un autre candidat dans cette bataille.

À la tête de la célèbre entreprise de vignettes et de collections, l’homme d’affaire a su imposer Panini comme une marque incontournable du monde sportif, notamment à travers les célèbres albums de football. Son expérience dans le secteur commercial et son implication dans les instances dirigeantes du football font de lui un candidat à ne pas négliger​.

Et après…

Alors que les candidatures officielles ne sont pas encore closes [26 août soit 15 jours avant le vote le 10 septembre, ndlr], il n’est pas exclu que d’autres noms viennent allonger la liste des prétendants. Certains observateurs murmurent même que plusieurs de ces candidatures seraient encouragées en coulisses par Labrune lui-même, afin de diviser l’opposition et maximiser ses chances de réélection.

À six contre un, le match est lancé, mais le coup d’envoi de cette bataille acharnée n’a pas encore révélé tous ses secrets.

Yara Lestel