Alors que le nom de Xavier Bertrand circule de plus en plus pour le poste de Premier ministre, Catherine Pila, présidente du groupe d’opposition au conseil municipal de Marseille, se fait l’avocate enthousiaste de cette hypothèse. Pour elle, l’homme fort des Hauts-de-France est la seule personnalité capable de rassembler la droite tout en tenant tête aux extrêmes.
Alors que la recomposition à la tête de l’exécutif se profile, les coulisses de la politique française s’agitent et bruissent de noms. Parmi ceux qui reviennent avec insistance, celui de Xavier Bertrand semble s’imposer comme une évidence. S’il reste discret publiquement, ses soutiens, eux, s’activent pour promouvoir sa candidature.
À Marseille, Catherine Pila, figure de la droite locale et présidente du groupe d’opposition « Une volonté pour Marseille » (UVPM), n’a pas n’a pas hésité à afficher son soutien à l’ancien ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy pour Matignon.
« Notre pays traverse une période inédite. Il est impératif de trouver un rempart contre les extrêmes, et ce rempart, c’est Xavier Bertrand », lâche-t-elle sans détour dans les colonnes du Figaro. « Il me semble être le seul aujourd’hui en capacité d’apporter quelque chose de neuf et de fédérer au-delà des partis. C’est un homme profondément ancré à droite et il a une vision pour le pays, en plus d’être proche des gens et de placer l’humain au cÅ“ur de ses préoccupations », ajoute-t-elle avec la conviction d’une militante qui connaît son homme.
« Il aime profondément Marseille »
Catherine Pila insiste sur son engagement et son attachement à la ville de Marseille. Une cité phocéenne qu’elle juge en phase avec les valeurs du « candidat ». « Il aime profondément Marseille et je reste persuadée que Xavier Bertrand à Matignon serait d’une grande aide pour la ville et le territoire départemental », poursuit-elle.
La relation de confiance entre Catherine Pila et Xavier Bertrand, quant à elle, ne date pas d’hier. Scellée par des années de collaboration, renforcée par sa nomination comme référente régionale au sein du mouvement « Nous France » lancé par Xavier Bertrand en 2022, cette proximité explique l’ardeur de son soutien. Mais c’est aussi la marque d’une loyauté sans faille, à l’heure où les ambitions se font de plus en plus pressantes.
En prenant publiquement position, Catherine Pila, membre du bureau politique national Les Républicains, espère convaincre les plus réticents du bien-fondé de sa démarche. Pour elle, la situation actuelle de la France nécessite un leadership fort, incarné par une personnalité capable de dépasser les clivages politiques et de résister aux vents contraires qui secouent la scène politique.
Pour autant, la partie n’est pas gagnée d’avance. Le 23 juillet, Emmanuel Macron avait annoncé qu’il ne nommerait pas de successeur à Gabriel Attal avant la fin des Jeux olympiques de Paris. Avec la clôture imminente des épreuves, les spéculations vont bon train, et chacun affûte ses armes en coulisses.
Les autres prétendants et les critères de Macron
Le chef de l’Etat recherche un profil « consensuel », expérimenté et capable de séduire à la fois la gauche et la droite. D’autres figures politiques sont également évoquées : Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre sous François Hollande et leader du mouvement La Convention; Jean-Louis Borloo, ancien ministre d’État du gouvernement Fillon et créateur du plan Borloo pour les quartiers, Michel Barnier, négociateur de l’Union européenne pour le Brexit et ancien ministre de Nicolas Sarkozy ou encore Gérard Larcher, président LR du Sénat… dont les profils techniques et l’expérience sont souvent cités comme des atouts potentiels pour le poste.
Quant à Lucie Castets, favorite du NFP, elle est vue d’un mauvais Å“il par Emmanuel Macron, qui refuse de concéder la victoire à la gauche, à l’issue des dernières législatives.
Le 9 juillet, Xavier Bertrand avait lancé un appel audacieux pour un « gouvernement d’urgence nationale », regroupant Les Républicains, les indépendants, le camp d’Emmanuel Macron, ainsi que des personnalités de bonne volonté pour éviter une paralysie de l’Assemblée. Une démarche qui semblait le désigner comme le choix logique pour Matignon.
Jean-François Copé, ancien leader de la droite, a salué son « excellent profil dans le contexte actuel ». Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, dit de lui que c’est un « homme politique d’une grande compétence » capable de « rendre de grands services à la France ». Aurore Bergé, ancienne sarkozyste et ministre démissionnaire, l’a également mentionné comme un potentiel « nouveau Premier ministre » capable de « construire des compromis ».
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Une équation complexe
Mais dans le théâtre politique français, où les coups de théâtre sont légion, la route vers le poste de Premier ministre est semée d’embûches.
Xavier Bertrand, ancien maire de Saint-Quentin et ex-ministre de la Santé et du Travail, pourrait voir sa carrière couronnée par une nomination à Matignon. Bien qu’il ait souvent affronté la condescendance de ses pairs et quitté les Républicains en 2018 en désaccord avec Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, il a ensuite cherché à se repositionner à droite, sans succès notable aux primaires présidentielles de 2022 où il a terminé quatrième.
Ancien opposant au Traité de Maastricht et au mariage pour tous, Xavier Bertrand prône aujourd’hui des politiques de sécurité renforcée, une réduction de l’immigration et une diminution des impôts de production. Critique inflexible de la politique macronienne, il incarne à la fois le remède et le défi pour un président qui a souvent préféré les paris audacieux aux choix évidents.
La nomination de Xavier Bertrand serait compliquée par le faible poids de son parti à l’Assemblée et les difficultés de former un gouvernement qui inclurait des membres de la gauche, rendant son accession à Matignon incertaine selon certains observateurs politiques.
Dans un monde où le calcul politique et les dynamiques de pouvoir s’entrelacent de manière imprévisible, seul le temps nous dira si Xavier Bertrand parviendra à transformer ses ambitions en une réalité gouvernementale tangible.