Les Républicains, un choix stratégique pour Matignon ?

Gérard Larcher, président (LR) du Sénat.

La France est sans Premier ministre depuis la dissolution de l’Assemblée, et Emmanuel Macron temporise pendant les Jeux olympiques. La question reste entière : qui pour occuper ce poste clé dans un paysage politique fragmenté ?

La France traverse une période inédite sans Premier ministre depuis la dissolution de l’Assemblée nationale. Emmanuel Macron, profitant de la « trêve olympique » des Jeux de Paris 2024, temporise avant de désigner la personne qui occupera la fonction de chef de gouvernement. Une stratégie qui maintient le suspense et alimente les discussions dans un paysage politique complexe et morcelé.

Depuis les législatives de 2024, le Nouveau Front Populaire (NFP) a émergé comme la première force politique avec 193 sièges, suivi de l’alliance centriste « Ensemble » de Macron avec 187 sièges et du Rassemblement National (RN) avec 142 sièges. Les Républicains (LR), malgré une débâcle relative, conservent 47 sièges, une force non négligeable dans ce jeu d’échecs politique.

Le chef de l’Etat se retrouve face à un dilemme de taille. Plusieurs noms circulent pour remplacer Gabriel Attal. Lucie Castets, favorite du NFP, est vue d’un mauvais œil par Emmanuel Macron, qui refuse de concéder la victoire à la gauche.

Alors quel profil ? Le futur Premier ministre devra être un habile négociateur capable de rassembler une majorité dans un Parlement divisé, éviter les motions de censure et de mener des réformes importantes. Une personnalité capable de construire des coalitions solides et d’assurer la gouvernance du pays dans une période délicate.

Suspense autour de la nomination

C’est vers la droite traditionnelle que les regards se tournent. Dans un entretien au Figaro, Aurore Bergé, ancienne ministre de l’Égalité femmes-hommes et membre de Renaissance, a exprimé sa vision de la situation. Elle prône plutôt la formation d’un gouvernement stable capable d’éviter la censure, mettant en avant l’importance de se concentrer sur les priorités des Français, telles que le pouvoir d’achat, les salaires et l’égalité.

Aurore Bergé soutient l’idée d’un nouveau Premier ministre venant de l’extérieur du bloc central pour apporter une nouvelle impulsion. Parmi les noms qu’elle considère aptes à occuper ce poste, elle mentionne Xavier Bertrand, président Les Républicains de la région des Hauts-de-France, Michel Barnier, négociateur de l’Union européenne pour le Brexit et ancien ministre de Nicolas Sarkozy et Gérard Larcher, président LR du Sénat, soulignant leur expérience solide en matière de gouvernement et de compromis.

Cette situation offre à la droite traditionnelle une position stratégique, potentiellement renforcée par l’instabilité des alliances à gauche et à l’extrême droite​.

Les Républicains : une droite en quête de cohésion

Toutefois, Les Républicains restent divisés quant à la stratégie à adopter. Le départ d’Éric Ciotti pour former une alliance avec le RN a ravivé les tensions internes chez LR et mis en lumière les divisions au sein de la droite historique, notamment avec des figures comme Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône Alpes.

Le scénario d’un Premier ministre issu des rangs de LR est envisagé par certains, comme Olivier Marleix, réélu en Eure-et-Loir, qui voit là une opportunité de stabiliser la majorité parlementaire. Bruno Retailleau, quant à lui, se montre sceptique quant à une coalition avec la majorité sortante, prônant plutôt un « Premier ministre d’intérêt public ».

Xavier Bertrand plaide pour un gouvernement d’union nationale incluant LR, des indépendants et des membres du camp Macron, afin de prévenir une paralysie du pays.

La question de l’autonomie de LR reste une préoccupation majeure. Laurent Wauquiez, élu à la tête du groupe LR de l’Assemblée nationale, rejette toute idée de coalition gouvernementale, préférant une « cohabitation constructive » qui ne compromet pas leur identité politique. François-Noël Buffet, président de la commission des lois au Sénat, partage cette perspective, tout en étant ouvert à des discussions avec les députés d’Ensemble.

Alors que les Jeux olympiques battent leur plein, l’attente se prolonge. Certains anticipent une annonce dès la semaine du 12 août, ou peut-être celle du 19.