Voile JO 2024 – Lauriane Nolot : « J’espère qu’on va réussir à marquer l’histoire ! »

Lauriane Nolot. © Rudy Bourianne.

Grand espoir de médaille, Lauriane Nolot entre en compétition ce dimanche 4 août pour la première apparition du kitefoil aux Jeux olympiques. Retrouvez son interview pour Le Méridional, réalisée il y a quelques mois alors que la championne varoise était en pleine préparation.

Sur les plages d’Hyères, en plein mois d’avril, le vent était léger et la pluie prête à pointer le bout de son nez. C’est dans cette ambiance fraîche que nous avons rencontré Lauriane Nolot, sourire aux lèvres, arborant un Zinka bleu comme un clin d’œil à « Pierrot le Fou » du Godard, de la Nouvelle Vague. Prête à en découdre avec la mer et le ciel.

Pour cette nouvelle journée de la 55e édition de la Semaine Olympique Française (SOF), la manche a finalement été annulée faute de conditions météorologiques favorables. La longue attente des kitefoilers postés sur la plage des Salins s’est soldée par un rangement de matériel. Pas de quoi entamer la bonne humeur de la championne française. « C’est le jeu, demain nous aurons plus de manches à disputer en une journée », confie-t-elle sereinement.

À 25 ans, la Varoise est déjà, entre autres, championne d’Europe en titre (en mars 2024 à Mar Menor, en Espagne), championne du Monde 2023, vainqueur du Test Event à Marseille, élue Marin de l’année 2023 par la Fédération Française de Voile (FFV). Elle se prépare cet été à se lancer à l’assaut des Jeux Olympiques 2024, les premiers pour sa discipline. Un palmarès impressionnant qu’elle espère voir s’étoffer dans les prochaines semaines et cet été dans la rade de la cité phocéenne, où elle sait qu’elle est attendue.

Comment vous sentez-vous à moins de quatre mois des Jeux Olympiques qui arrivent cet été ?

Pour l’instant, ça va. Je pense que je suis encore dans ma routine quotidienne, surtout que j’ai encore d’autres compétitions avant les Jeux. En ce moment, nous sommes en pleine compétition à la Semaine Olympique Française (SOF) et, dans trois semaines à un mois, nous aurons les championnats du Monde (du 11 au 19 mai à Hyères). Pour l’instant, je me concentre davantage sur ces étapes que sur les Jeux. Je pense qu’après les championnats du Monde, cela deviendra plus concret. Mais pour le moment, je me prépare pour d’autres échéances.

En tenant compte de ces échéances, avec la SOF en cours et le Mondial en mai, avez-vous des objectifs spécifiques pour ces compétitions ?

Clairement, nous allons utiliser ces compétitions comme des checkpoints. Nous avons déjà eu une période d’entraînement depuis la sélection jusqu’à maintenant. J’ai participé aux championnats d’Europe il y a trois semaines, ce qui a permis d’identifier ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné.

J’ai utilisé le temps d’entraînement entre les Europes et la SOF pour travailler sur les points à améliorer. À la SOF, nous allons justement essayer de voir si ces points sont maîtrisés ou s’ils nécessitent encore du travail. Après la SOF, nous ferons de même pour les championnats du Monde. Ce seront vraiment des checkpoints qui nous permettront de nous mettre en situation de compétition, de voir ce qui fonctionne ou non, et de continuer à travailler en conséquence.

55 édition de la Semaine Olympique Française et « Last chance Regatta » à Hyères. © FFVoile / SailingEnergy

Vous avez été sacrée championne du Monde en 2023 et également élue Marin de l’année la même année. Votre nom rejoint des légendes comme Franck Cammas, Michel Desjoyeaux, Camille Lecointre, Jean-Baptiste Bernaz… Comment vous sentez-vous à l’idée d’être associée à ces grands noms ?

C’est assez ouf’, car ce sont des figures emblématiques de la voile, connues par presque tous les licenciés de la FFV [Fédération Française de Voile, ndlr]. C’est très impressionnant.

Pour moi, la plus grande fierté est de voir le kite, mon sport, figurer parmi les disciplines reconnues avec les Marins de l’année. Cela signifie que le kitesurf a enfin sa place dans les sports de voile et que nous montrons que nous sommes là pour obtenir des résultats. J’en suis vraiment ravie.

Le fait que ce soit également une première pour le kite aux Jeux Olympiques est-il une source de fierté ?

Oui ! C’est une immense fierté de voir le kite faire son entrée aux Jeux Olympiques pour la première fois, et en plus en France. C’est également une fierté pour nous, les Français, d’arriver en tant que favoris, avec Axel (Mazella). J’espère qu’on va réussir à marquer l’histoire !

Les JO, on m’en parle 14 000 fois par jour donc c’est vrai qu’au bout d’un moment, si je n’ai pas quelqu’un pour m’aider à canaliser tout ça, à faire redescendre un peu cet engouement, il y a de quoi devenir fou des fois, mais ça fait partie du jeu.

Lauriane Nolot

Est-ce que le statut de favoris pour des Jeux Olympiques en France représente une pression supplémentaire ?

Oui et non, parce que je pense que c’est une position assez confortable de savoir qu’une médaille est potentiellement à notre portée. Nous arrivons avec une grande confiance en nous. Mais, d’un autre côté, il y a aussi une forte attente de la part de notre entourage, de la fédération, et de tout le monde, car ils comptent sur nous pour obtenir des résultats cet été. Forcément, on se dit qu’il faut être à la hauteur car tout le monde nous attend au tournant ! (rire). Donc oui, c’est un peu un mélange des deux.

Votre préparation se concentre-t-elle sur des aspects spécifiques, comme le mental, qui joue un rôle essentiel au plus haut niveau ?

Certaines dimensions vont effectivement être plus poussées, comme la préparation mentale. L’entraînement sur l’eau et la préparation physique restent constants, car il est important de ne pas changer nos habitudes. C’est vrai que la partie mentale est davantage travaillée en raison de l’augmentation des attentes et de la pression.

Rien que l’attention médiatique autour des Jeux est énorme. n m’en parle 14 000 fois par jour donc c’est vrai qu’au bout d’un moment, si je n’ai pas quelqu’un pour m’aider à canaliser tout ça, à faire redescendre un peu cet engouement, il y a de quoi devenir fou des fois, mais ça fait partie du jeu.

Est-ce que vous arrivez à gérer cette pression ?

Oui, ça va, j’arrive plutôt bien à la gérer jusqu’à présent. Je ne me prends pas la tête avec ça, je l’accepte comme elle vient. Je considère cela comme une aventure, une expérience à vivre, donc pour l’instant, tout se passe bien.

Pour les néophytes qui nous lisent, pouvez-vous décrire votre sport, le kitefoil, et ce que l’on ressent lorsqu’on est sur la planche entre l’air et la mer ?

Le kitesurf est un sport de voile où l’on est tracté par un grand cerf-volant, avec une planche sous les pieds pour glisser sur l’eau. Le kitefoil est une version améliorée du kitesurf : on utilise un appendice sous la planche, appelé foil, qui nous permet de décoller et de « voler » au-dessus de l’eau.

La planche ne touche plus l’eau, seul le foil le fait, créant une sensation de vol. On se sent comme le Surfer d’Argent, en lévitation au-dessus de l’eau, une sensation vraiment incroyable. De plus, les sensations de vitesse sont folles, c’est vraiment l’aspect le plus excitant de notre sport !

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Avec les Jeux, espérez-vous que le kitefoil gagne en visibilité et en popularité ?

Déjà, j’ai l’impression que les Jeux mettent beaucoup en avant le kitefoil. Au Test Event, nous avons fait une très belle impression avec le kite. Nous étions toujours les premiers à entrer dans la rade et à offrir un spectacle à 50, voire 100 mètres de la digue.

C’est un sport très visuel et rapide à regarder. J’espère vraiment que nous aurons de bonnes conditions à Marseille pendant les Jeux pour montrer à quel point c’est un sport génial.

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Propos recueillis par Rudy Bourianne

Rudy Bourianne est journaliste sportif. Passionné par le club phocéen et le sport en général, il suit notamment l’actualité de l’OM, de la Voile et de l’équipe élite water-polo du Cercle des Nageurs de Marseille pour Le Méridional.