Liberté de la presse : explosion des violences contre les journalistes pendant les législatives

©Rudy Bourianne

Les attaques contre les journalistes en France ont quadruplé en juin 2024, révèle la Fédération Européenne des Journalistes (FEJ) et ses affiliés. Une situation préoccupante qui met en lumière un climat de plus en plus hostile à l’égard des médias.

Les agressions contre les journalistes en France ont quadruplé en juin, selon un rapport de la Fédération Européenne des Journalistes. Ce climat de violence et de menaces, nourri par des tensions politiques, alarme les syndicats de presse.

En juin 2024, 22 attaques ont été recensées par la Fédération Européenne des Journalistes (FEJ) sur la plateforme MFRR. Un chiffre édifiant comparé aux 32 incidents notés durant les cinq premiers mois de l’année.

Une montée en flèche des attaques

En un mois, les violations de la liberté de la presse ont « pratiquement quadruplé », faisant de la France le cinquième pays européen le plus dangereux pour les journalistes, derrière l’Ukraine, l’Allemagne, l’Italie et la Turquie.

Les principales menaces proviennent des attaques verbales et des intimidations sur les réseaux sociaux. La FEJ souligne une hausse notable des agressions à caractère xénophobe, doublées en juin, et majoritairement liées à la campagne électorale des législatives anticipées. Ce phénomène reflète « une banalisation des idées d’extrême droite », accentuée par la récente poussée de ces partis dans les urnes.

Un exemple particulièrement alarmant est la menace de mort reçue par Léo Purguette, président et directeur éditorial de « La Marseillaise ». Il figure sur une liste publiée par le site d’extrême droite « réseau libre », menaçant plusieurs dizaines de journalistes, avocats, syndicalistes et élus, avec des injonctions telles que « une balle dans la nuque ».

Cette situation a suscité une vague d’indignation et de soutien de la part de nombreuses personnalités et organisations, dont le collectif de journalistes indépendants Presse-Papiers et le club de la presse de Marseille.

Le rapport met également en lumière un autre aspect préoccupant : l’implication croissante des forces de l’ordre dans les incidents recensés. Les syndicats déplorent les violences policières, les arrestations arbitraires et les pressions judiciaires visant à contraindre les journalistes à dévoiler leurs sources, une atteinte grave aux principes démocratiques.

Concentration des médias : une menace pour le pluralisme

Parallèlement, la dégradation du pluralisme des médias aggrave la situation. Le rapport MPM 2024 révèle un niveau de risque inédit, soulignant « l’influence croissante des propriétaires des médias » et les menaces sur l’indépendance éditoriale.

Le contrôle croissant de magnats des médias, tels que Vincent Bolloré et Rodolphe Saadé, et les stratégies agressives de rachat de conglomérats intensifient une polarisation idéologique dangereuse.

Face à cette crise, la FEJ et ses affiliés (SNJ, SNJ-CGT, CFDT-Journalistes, FASAP-FO) appellent le gouvernement à « redoubler de vigilance sur la question de la protection des journalistes » et à garantir un environnement médiatique libre et diversifié. Ils exhortent également les responsables politiques à respecter le rôle essentiel des médias et les droits des journalistes. En démocratie, le droit à l’information est inaliénable, et sa défense doit être une priorité.


Fédération syndicale sectorielle affiliée à la Confédération Européenne des Syndicats (CES), la FEJ est la principale organisation représentative des journalistes en Europe. Elle représente 320.000 journalistes à travers 77 syndicats et associations dans 45 pays d’Europe.