L’entreprise lyonnaise Elyse Energy veut investir un milliard d’euros à Fos-sur-Mer pour produire du méthanol de synthèse et du kérosène durable, créant ainsi 600 emplois d’ici 2030.
Fos-sur-Mer s’impose désormais comme le centre névralgique des carburants durables en France. L’entreprise lyonnaise Elyse Energy, fondée en 2020 et spécialisée dans la production de carburants à partir de CO2 recyclé et d’hydrogène vert, a choisi cette zone industrialo-portuaire pour y implanter sa nouvelle plateforme de production de carburants synthétiques.
Baptisé NeoCarb, ce projet représente un investissement ambitieux d’un milliard d’euros. L’usine, qui s’étendra sur 51,3 hectares au nord du site Ascométal, prévoit la création de 600 emplois, dont 100 directs et 500 indirects. Le développement de ce projet se déroulera en deux phases distinctes.
Une localisation stratégique
La première phase vise à produire 100 000 tonnes de méthanol de synthèse, avec une montée en capacité à 200 000 tonnes. La seconde phase transformera ce méthanol en 50 000 tonnes de kérosène durable destiné à l’aviation. Ce processus innovant consommera annuellement 300 000 tonnes de CO2, dont une partie sera capturée des processus industriels de l’usine Lafarge à Saint-Quentin Fallavier, contribuant ainsi à une réduction significative des émissions de CO2.
Pour Elyse Energy, le choix de Fos-sur-Mer est stratégique. Située au cœur des installations du Grand Port Maritime de Marseille, la zone offre une multimodalité idéale avec des dessertes maritimes, fluviales, ferroviaires et routières. Cette localisation facilite la logistique nécessaire pour l’acheminement de l’hydrogène et du carbone indispensables à la production de e-méthanol et de e-kérosène.
La proximité de l’aéroport Marseille-Provence et la connexion au réseau de transport d’hydrogène par le pipe-line BARMAR/H2MED ajoutent aux avantages logistiques de la plateforme PIICTO.
Pour concrétiser ses ambitions, Elyse Energy doit surmonter des défis de taille, notamment en matière de financement. Sur le milliard d’euros nécessaire, 300 millions sont déjà sécurisés grâce à Mirova Europe Investissement et HY24. Il reste cependant à obtenir 700 millions d’euros via des crédits bancaires.
Défis financiers et d’infrastructures
Le site de Fos-sur-Mer nécessitera également des infrastructures robustes pour accueillir et traiter le CO2 ainsi que pour la production d’hydrogène vert. Le CO2 requis sera capté à l’usine Lafarge de Saint-Quentin Fallavier et acheminé par barge le long du Rhône jusqu’à Fos-sur-Mer. Le raccordement électrique de 399 MW est déjà assuré par Réseau de Transport d’Electricité (RTE).
L’annonce du projet par Pascal Penicaud, président de la société, a suscité l’enthousiasme de René Raimondi, maire de Fos-sur-Mer, et de Christophe Castaner, président du port de Marseille-Fos. Une concertation publique est prévue pour l’automne, avec un dépôt de permis en 2025, une décision finale en 2027, pour un démarrage prévu en 2030.
Elyse Energy, fondée par cinq associés, compte aujourd’hui 70 employés. Ses projets ambitieux, comme NeoCarb, s’étendent à travers l’Europe. En Isère, le projet eM-Rhône vise à produire 150 000 tonnes de méthanol de synthèse, tandis qu’en Espagne et au Portugal, le projet eM-Iberica prévoit un million de tonnes d’e-méthanol.