Marseille prépare ses jeunes au métier de nageur sauveteur

A travers un dispositif d’inclusion, la Ville de Marseille finance depuis un an un dispositif de formation afin de préparer la jeunesse au métier de nageur sauveteur.

Sur la plage des Catalans, juste avant que la pluie ne commence à tomber le vendredi 12 juillet au matin, les jeunes actuellement en formation et les lauréats 2024 étaient présents aux côtés de Hedi Ramdane, adjoint au maire en charge de la Jeunesse, pour une remise de diplômes et la présentation du dispositif gratuit de formation au Brevet National de Sécurité et de Sauvetage Aquatique (BNSSA).

« J’ai été profondément marqué lorsque je suis allé dans une piscine et que j’ai vu un jeune nageur sauveteur assis. À proximité, un autre jeune, qui aurait pu être à sa place, travaillait illégalement dans un quartier. Je me suis dit qu’il pourrait être rémunéré légalement aux alentours de 2000 euros pour la ville. Ayant grandi dans des quartiers où de nombreux jeunes manquent d’accès à l’information, je constate souvent qu’ils sont exclus de ce type de dispositifs, » raconte Hedi Ramdane, adjoint au maire en charge de la Jeunesse.

Ouverte aux jeunes de 17 à 30 ans, cette formation au BNSSA, couplée au diplôme de secourisme en équipe PSE1, est entièrement financée par la mairie de Marseille, pour répondre au manque de personnel dans les piscines et sur les plages marseillaises.

En contrepartie de la formation, les jeunes s’engagent à travailler pour la municipalité pendant une période déterminée : deux mois la première année, un mois la seconde et un mois l’année suivante. L’adjoint au maire s’est inspiré de ce qui se fait dans les hôpitaux publics pour mettre en place cet échange « gagnant-gagnant ».

Hedi Ramdane remet les diplômes pour féliciter les jeunes qui ont passé la formation. ©Rudy Bourianne

Avoir un job d’été, payer ses études…

En 2024, grâce à ce dispositif, 37 jeunes ont réussi les épreuves du BNSSA. Parmi eux, 14 ont été embauchés pour la surveillance des plages en juin, et 12 sont en poste pour la surveillance des piscines municipales en juillet.

« Quand on est jeune, on a plein de projets en tête et on veut les réaliser. On a besoin d’autonomie et d’un travail. Pour moi, cela me permet de payer mes études, de soulager mes parents, et aussi de financer mon permis et ma voiture, » raconte Emna, 18 ans, étudiante en art et design aspirant à devenir architecte.

Pour Orvinsh, 19 ans, étudiant en droit, le BNSSA représente une formation supplémentaire pour pouvoir travailler l’été. « Je trouvais que cela complétait bien mon BAFA. Je voulais aussi travailler en extérieur plutôt que dans un fast-food, où c’est moins rémunéré et moins intéressant. De plus, c’est un défi, car je n’allais jamais à la piscine. En trois semaines, j’ai dû m’entraîner intensivement avant de passer la présélection, » explique-t-il, motivé par le dispositif. Encore en formation, il espère obtenir son diplôme le plus rapidement possible.

©Rudy Bourianne

Un dispositif essentiel

Les formations du dispositif « Deviens Nageur Sauveteur », financées par la mairie, sont délivrées par l’organisme AMS Croix Blanche, basé dans le 14e arrondissement de Marseille. « Nous sommes très contents de participer à ce dispositif. On sait que c’est nécessaire, la Ville a besoin de nageurs sauveteurs, » explique Tom Gripon, formateur en secourisme, sauvetage aquatique et maître nageur sauveteur à la Croix Blanche depuis 2018.

Aux côtés de la structure, les marins-pompiers de Marseille ont participé au recrutement des nageurs sauveteurs et encadrent les jeunes formés sur le terrain une fois le diplôme obtenu : « Il faut les amener au niveau que nous exigeons au Bataillon des marins-pompiers, mais ils sont très bons. Nous avons un bel avenir avec certains, » confie Alain Gensasi, responsable des plages pour le Bataillon des marins-pompiers de Marseille.

Les inscriptions pour devenir nageur sauveteur sont ouvertes sur le site de la mairie avec deux étapes : une présélection (en bassin puis un entretien) en septembre 2024 suivie de séquences de formation pour l’obtention du diplôme, valable dès la saison estivale de 2025.

Rudy Bourianne

Rudy Bourianne est journaliste.