À la veille du 14 juillet, Gérard Gazay, maire (LR) d’Aubagne, partage ses préoccupations politiques et ses projets pour sa ville. Il aborde la montée de l’extrême droite, la fragmentation politique et ses initiatives pour la mobilité, le logement et la culture à Aubagne.
À quelques jours des festivités du 14 juillet, Gérard Gazay, maire Les Républicains d’Aubagne depuis 2014, exprime ses préoccupations face à la situation politique actuelle et aux résultats électoraux dans sa circonscription (9e) aux mains du RN.
Alors que la France est ébranlée par la dissolution de l’Assemblée nationale et une fragmentation politique, l’édile s’inquiète de la montée de l’extrême droite et de la désaffection croissante envers les partis traditionnels.
Candidat à sa réélection en 2026, il projette de poursuivre la transformation de sa ville, qu’il décrit comme « à taille humaine, riche en patrimoine culturel et naturel, avec une forte identité ». Parmi les projets structurants figurent le Val’Tram et le Bus à Haut Niveau de Service (BHNS), destinés à révolutionner la mobilité urbaine.
Parallèlement, la réhabilitation du centre-ville et l’amélioration de l’accès au logement visent à répondre aux attentes des Aubagnais. Gérard Gazay porte également une attention particulière à la jeunesse et aux initiatives culturelles, convaincu que l’épanouissement personnel passe par la diversité des expériences.
À la tête d’une majorité municipale diversifiée, incluant différentes sensibilités politiques (ancien PS, Horizons, etc.), Gérard Gazay croit « fermement en la collaboration et l’ouverture, ce qui permet de prendre des décisions équilibrées et inclusives pour le bien de notre territoire ».
Néanmoins, il reste profondément attaché à sa famille politique depuis plusieurs décennies. Il espère que la droite républicaine parviendra à redéfinir ses valeurs fondamentales et reste persuadé que des actions concrètes, combinées à une écoute attentive des besoins de ses concitoyens, permettront de restaurer le lien de confiance avec la population.
Le Méridional : Quel bilan tirez-vous de la situation politique suite à la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron ?
Gérard Gazay : Cela n’a pas apporté la clarification souhaitée par le Président. Aucun parti n’a obtenu de majorité absolue, rendant la situation encore plus complexe. Il aurait été préférable de consulter les partis politiques et de laisser passer l’été et les Jeux Olympiques avant de dissoudre l’Assemblée nationale.
Malgré un taux de participation de 66,7 % au second tour, le plus élevé depuis 1997, 70 % des Français ne sont pas satisfaits des résultats de ces élections et 74 % pensent que le pays est ingouvernable.
L’Assemblée nationale est aujourd’hui divisée en trois tiers : un nouveau front populaire, le centre représenté par Emmanuel Macron, et l’extrême droite, rendant le pays difficile à gouverner. Cette situation sans précédent soulève des questions sur la capacité du gouvernement à répondre aux attentes des Français.
Comment avez-vous vécu le départ d’Éric Ciotti pour le RN et comment cela impacte-t-il la défense des valeurs des Républicains ?
Il était disqualifié à mes yeux et ne devait plus occuper son poste de président des Républicains. Prendre une telle décision de manière unilatérale est inacceptable. Nous ne pouvons pas nous allier avec le Rassemblement National ; leurs valeurs ne sont pas les nôtres. Si l’on peut éventuellement se retrouver sur des sujets régaliens, leur politique économique est catastrophique et se rapproche de celle du Nouveau Front Populaire.
Cela démontre que nous devons absolument affirmer et incarner nos valeurs de manière plus claire et déterminée. Il est essentiel que la droite républicaine réaffirme ses convictions fondamentales et se reconstruise autour de ses valeurs pour redonner confiance à notre électorat : travail, famille, ordre républicain, maîtrise de l’immigration, pouvoir d’achat, liberté d’entreprendre, réduction de la fiscalité et du déficit public…
Laurent Wauquiez, nommé président de la “droite républicaine” nouveau nom des LR à l’Assemblée nationale, a justement déclaré “il faut une nouvelle offre politique d’une droite indépendante”. Comment voyez-vous son rôle dans cette reconstruction ?
Gérard Gazay : Nous avons des personnalités, en effet, comme Laurent Wauquiez, qui peuvent incarner cette nouvelle droite forte et indépendante. Il y a aussi sur des figures comme Xavier Bertrand, qui apporte une approche plus sociale, David Lisnard, de Nouvelle Énergie [maire de Cannes et président des maires de France, ndlr]… et intégrer cette diversité pour bâtir une ligne politique cohérente.
Trouver un équilibre entre une droite sociale, gaulliste et libérale est impératif pour proposer une alternative crédible et forte aux électeurs. C’est ce qui a fonctionné à l’UMP. Si je vous parle de la droite libérale d’Alain Madelin, de la droite sociale incarnée par Philippe Seguin… Il faut d’abord asseoir cette ligne politique au sein de la droite et dans un courant assez large, et ensuite on verra qui est capable de l’incarner. Mais il y a urgence.
Compte tenu de la fragmentation politique actuelle, pensez-vous qu’une réforme constitutionnelle est nécessaire pour répondre à la crise de confiance entre le gouvernement et les citoyens ?
La solution ne réside pas uniquement dans les institutions. Le mal est plus profond et concerne la compréhension entre notre gouvernement et nos concitoyens. La véritable question est de savoir comment recréer la confiance. Une fois cette confiance rétablie, les institutions pourront alors aider à la consolider.
Comment comptez-vous restaurer la confiance dans votre circonscription acquise à l’extrême droite ? Quel est votre avis sur la montée de l’extrême droite et la défiance envers les partis traditionnels sur votre territoire ?
Sur notre circonscription, nous avons constaté une montée du Rassemblement National, notamment à cause de la chute des Républicains lors des présidentielles de 2022.
En tant qu’élus locaux, nous devons répondre aux inquiétudes légitimes de nos concitoyens en restant en prise directe avec eux. Les candidats de ce parti élus députés ne portent pas les enjeux locaux au niveau national et n’ont pas les moyens législatifs pour défendre nos problématiques.
La politique locale doit être connectée aux enjeux nationaux, mais aussi répondre aux besoins directs des habitants. Par exemple, à Aubagne, nous travaillons sur des projets de mobilité pour améliorer le quotidien des salariés et sur des initiatives culturelles pour impliquer les jeunes.
A ce titre, quelle est votre vision pour l’avenir d’Aubagne et quels sont vos projets prioritaires ?
Notre priorité est d’engager Aubagne dans le XXIe siècle avec des projets de mobilité durable, une rénovation de notre habitat et de nos espaces publics, et des politiques publiques tournées vers la jeunesse.
En termes de mobilité, le Val’Tram et le BHNS (Bus à Haut Niveau de Service) sont des projets essentiels pour notre commune. Le Val’Tram vise à relier Aubagne à la périphérie de Marseille, pour offrir une alternative au trafic routier et faciliter les déplacements de nos concitoyens.
Le BHNS, quant à lui, est un projet de bus rapide qui desservira efficacement les zones d’activité économique et permettra aux salariés de mieux se déplacer. Ces projets s’inscrivent dans un plan de mobilité plus vaste au niveau de la Métropole et du projet “Marseille en grand”.
Quelle est votre stratégie pour améliorer l’accès au logement à Aubagne ?
Nous travaillons sur plusieurs fronts. D’abord, nous mettons l’accent sur la réhabilitation du centre-ville pour offrir des habitations décentes et attractives. Ensuite, nous plaidons pour que les maires aient plus de pouvoir dans l’attribution des logements sociaux, ce qui nous permettrait de mieux répondre aux besoins locaux. Nous voulons simplifier et rationaliser ce processus pour éviter les situations aberrantes où des familles sont mal logées alors que des solutions existent.
La redynamisation du centre-ville est un défi, surtout face à la concurrence des grands centres commerciaux aux portes de la ville. Quelle est votre approche pour revitaliser le commerce local ?
Nous avons une double approche. Premièrement, nous voulons créer une offre commerçante différenciée, en proposant des boutiques et des services uniques que l’on ne trouve pas dans les centres commerciaux.
Deuxièmement, nous voulons faire du centre-ville un lieu de vie agréable, où l’on ne vient pas seulement pour faire des achats, mais aussi pour passer du temps, profiter de la culture et des loisirs. Cela inclut des réaménagements urbains, des événements culturels réguliers et des initiatives pour soutenir les commerçants locaux.
Quelles sont vos actions en faveur de la jeunesse à Aubagne ?
Aubagne est la troisième ville universitaire du département, avec plus de 1 500 étudiants. Nous investissons dans l’éducation artistique et culturelle, avec des ateliers et des programmes pour toutes les classes primaires.
Notre objectif est que chaque enfant, de la maternelle au CM2, bénéficie d’une éducation culturelle riche, avec des sorties culturelles et des activités artistiques. Nnous développons aussi des infrastructures sportives et des programmes pour encourager la pratique sportive et l’engagement des jeunes.
Quelle est la place des élus locaux dans ce paysage politique ?
Le rapport d’Éric Woerth sur la décentralisation rappelle l’importance de renforcer les prérogatives des élus locaux. Il est plus que jamais indispensable de renforcer leur rôle et de simplifier leurs actions auprès des services de l’État. Les élus locaux doivent être au centre des décisions pour répondre efficacement aux attentes de notre population.
Ce même rapport étrille aussi la gestion de la Métropole…
Le rapport d’Éric Woerth est très critique en effet mais je trouve que la Métropole avance dans la bonne direction sous la présidence de Martine Vassal (DVD). Bien qu’il reste encore beaucoup à faire, des progrès significatifs ont été réalisés en huit ans.
Contrairement à ce que dit le rapport, je pense que nous avançons bien. La Métropole est encore jeune, elle a seulement huit ans, ce qui correspond à l’âge d’un enfant en CE2. On ne peut pas demander à une Métropole de huit ans d’existence d’être au même niveau de maturité que celles qui existent depuis vingt ou trente ans. Beaucoup de choses ont déjà été accomplies, et il est clair que la Métropole avance dans la bonne direction. [Gérard Gazay est aussi vice-président de la Métropole délégué au Développement économique et Vice-président du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, ndlr]
Propos recueillis par Héléna Darine