Face à la triplette Tierno, qui aurait peut-être méritée mieux, Jouffre, Quintais et Suchaud se sont imposés 13 à 9 à l’issue d’une bataille épique ! Jouffre remporte son premier Mondial La Marseillaise à pétanque, Quintais, son cinquième et Suchaud, son quatrième.
Tout était mal embarqué dans cette finale de la 63e édition du Mondial la Marseillaise pour la triplette Jean-Claude Jouffre, Philippe Quintais, Philippe Suchaud. Ils étaient menés 8-2 dans la mène 7 par le trio Marc Tierno, Tyson Molinas, Sebastien Rousseau. Précis dans tout les domaines, ils étaient, eux, sur la voie du succès pendant que Jouffre manquait de précision à l’appoint. Hors à la pétanque rien est joué tant que le dernier point n’est pas posé sur le terrain. « C’est que du bonheur mes amis !, » pouvait-on entendre depuis les tribunes dans cette finale qui a tenu toute ses promesses.
La bataille du milieu
La grande lutte a eu lieu entre les deux milieux Philippe Quintais et Sebastien Rousseau. Ce dernier a réalisé un début de partie remarquable et à la conclusion de l’ensemble des premières mènes jouées. A la fois juste à l’appoint et impeccable au tir quand il le fallait.
De son côté, Philippe Quintais, moins en évidence lors des premières mènes, va sortir le bouchon à 6-2 sur une deuxième boule décisive dans la sixième mène. « On a pris un mauvais départ, donc forcément on était un peu inquiet. Mais on est vraiment resté soudés et solidaires. On s’est dit de toute façon maintenant il faut attendre, il faut laisser passer l’orage », raconte Philippe Quintais sur un début de partie où tout s’échappait pour sa triplette.
Toute l’entame, chaque mène sera accrochée, tendue. Personne ne voulant concéder le moindre point à l’autre. Si la triplette de Marc Tierno, lui aussi très précis à l’appoint, peut avoir un regret, c’est peut-être dans la mène 5. Alors que Rousseau sort le grand jeu à l’appoint et que la triplette Jouffre manque de précision avec deux boules perdus pour Jouffre et une chacun pour Quintais et Suchaud, Tyson Molinas peut permettre à son équipe de prendre l’avantage une mène plus tôt et d’asseoir une domination sans partage avec un + 4 potentiel. Mais le tireur des Tierno va manquer sa boule et assurer le minimum syndical avec un point pour le 6-2, juste avant que Quintais ne tire le bouchon dans la mène suivante. Malgré l’écart, les vents qui balayaient le Terrain d’honneur étaient en train de changer de sens.
Le show Suchaud
Et c’est peut-être là que les grands joueurs font voir tout leur talent. Dos au mur, et menés 8-2, Quintais et Suchaud vont porter Jouffre vers son premier titre. Sur un tir exceptionnel dans la mène 8, Suchaud fait casquette à sa boule pour taper celles de la triplette Tierno. Une frappe à 4 points qui relance totalement la partie. Ensuite c’est 9-6, 9-8. Suchaud et Quintais ne manquent plus un tir. Jusqu’à la dernière mène totalement folle. Le bouchon lancé par Quintais est le long de la ligne à 9,95m. A la limite de 5mm. Un point de l’enfer à jouer. La boule de Jouffre est reprise par Tierno et là , Suchaud sort le tir du Mondial. Il tape la boule de Marc Tierno et vient coller la sienne au bouchon. Un coup de maître.
Tyson Molinas vient au tir pour la taper et échoue à deux reprises. Rousseau s’y essaye et manque une première fois le cadre. Il reste deux boules aux Tierno, quatre aux Jouffre qui peuvent sortir. Une solution. Sortir le bouchon. Rousseau le gaucher, se place au cercle, cadre, touche mais voit le cochon revenir vers la droite au centre du terrain. Tierno doit pointer loin mais se retrouve trop court. Suchaud n’a alors plus qu’à tirer et Jouffre à pointer. Le triple champion du Mondial ne s’en prive pas. Il exulte au moment où sa boule touche le fer. « Je suis content pour nous mais aussi pour Jean-Claude. On a pas trop bien entamé la finale. Ce n’était pas nous qui méritions d’être là . On a fait le nécessaire pour revenir. Ca c’est beau », déclare Philippe Suchaud, grand sourire. Jouffre, lui, n’a plus qu’à conclure avec Quintais et remporter son premier titre du Mondial La Marseillaise à pétanque. Avec cette victoire, Quintais et Suchaud entre un peu plus dans l’histoire de la compétition et se rapprochent du record d’Albert Pisapia. Mais quand on demande à Philippe Quintais si c’est pour lui un objectif, il répond avec une classe immense : « Je ne cherche pas du tout son record. Pour moi Albert Pisapia était un homme que j’adorais. Et j’espère qu’il restera toujours le meilleur de La Marseillaise. »
Rudy Bourianne
Rudy Bourianne est journaliste sportif. Passionné par le club phocéen et le sport en général, il suit notamment l’actualité de l’OM, de la Voile et de l’équipe élite water-polo du Cercle des Nageurs de Marseille pour Le Méridional.