Législatives 2024 : les députés macronistes en voie de disparition dans les Bouches-du-Rhône

Les élections législatives anticipées de 2024 ont révélé une dynamique politique particulièrement défavorable aux députés macronistes dans les Bouches-du-Rhône. La forte montée du Rassemblement National (RN) et l’union solide de la gauche ont conduit à l’élimination des représentants de la majorité présidentielle dès le premier tour.

Marseille illustre parfaitement les dynamiques nationales, avec une montée en puissance du RN et une forte résistance de l’Union de la gauche. La participation électorale élevée à l’échelle nationale (63,34%) et dans les Bouches-du-Rhône (44,11%) a profité principalement aux candidats du RN. Cette mobilisation accrue a renforcé la capacité du parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella à capter des voix dans des circonscriptions clés, consolidant leur avance dès le premier tour.

Les députés macronistes éliminés

Deux ans après leur élection, les députés macronistes Sabrina Agresti-Roubache, Lionel Royer-Perreaut et Claire Pitollat n’ont pas réussi à réitérer leur succès. Deux d’entre eux ont été éliminés dès le premier tour, illustrant un rejet marqué de la politique de la majorité présidentielle. Cette défaite est d’autant plus marquante que certains d’entre eux avaient à peine réussi à se qualifier pour le second tour en 2022. Face à la montée du RN, les députés macronistes sortants ont adopté des stratégies de désistement pour tenter de contrer l’extrême droite.

Des désistements stratégiques

Sabrina Agresti-Roubache et Lionel Royer-Perreaut se sont retirés. Avec un score de 23,61 %, la secrétaire d’État chargée de la Ville a terminé en troisième position dans la première circonscription des Bouches-du-Rhône, qui regroupe les quartiers Est de la ville, loin derrière Monique Griseti (RN) et Pascaline Lécorché (Nouveau Front Populaire). Sabrina Agresti-Roubache a appelé à voter sans ambiguïté pour la candidate du NFP afin de barrer la route au RN. « Dans ma circonscription, pas une seule voix pour l’extrême droite », a-t-elle déclaré depuis son QG de campagne. En 2022, elle avait réussi à accéder au second tour, surpassant la candidate du RN de seulement 479 voix.

Lionel Royer-Perreaut, député sortant de Renaissance dans la sixième circonscription, a également choisi de se retirer malgré sa position pour se maintenir avec ses 25,13 % des suffrages. Contrairement à Sabrina Agresti-Roubache, l’élu n’a pas donné de consigne de vote explicite, soulignant plutôt la liberté des électeurs de faire leur propre choix.

Ces désistements montrent une tentative désespérée de contenir l’influence grandissante du RN, mais aussi une reconnaissance de l’incapacité à mobiliser suffisamment de soutien pour rester en course.

Mohamed Laqhila, un désistement critique

Mohamed Laqhila, député sortant de Renaissance dans la 11ème circonscription d’Aix, a également opté pour le désistement malgré sa qualification pour le second tour. Ayant obtenu 26,28 % des voix, il a décidé de se retirer pour ne pas favoriser une victoire du RN, critiquant néanmoins Marc Pena (Nouveau Front Populaire) pour sa volonté de se maintenir avec 27,54 % des voix face à Hervé Fabre-Aubrespy (RN) crédité de 38,87 % des voix. « Malgré mon appel par voie de presse et par téléphone à Marc Pena, celui-ci persiste dans sa volonté de se maintenir. Je ne serai pas celui qui fera élire l’extrême droite sur le Pays d’Aix. Par conséquent, je ne me présenterai pas au second tour de cette élection et laisse à Marc Pena la responsabilité de son choix et de ses conséquences », a annoncé Mohamed Laqhila, dans un communiqué de presse.

« Je prends acte de la décision de Mohamed Laqhila et je tiens à le remercier pour ce choix de clarté et de responsabilité », a réagi pour sa part le candidat du NFP. « L’heure est au rassemblement d’un front républicain pour éviter une victoire du Rassemblement national (RN) au sein de notre circonscription. »

Incertitude dans certaines circonscriptions

Dans certaines circonscriptions, comme la 2ème et la 14ème, les incertitudes demeurent quant aux consignes de vote.

Anne-Laurence Petel, arrivée en troisième position, a décidé de se maintenir pour le second tour. Face à Gérault Verny (LR-RN) avec 31,7 % des voix et Jean-David Ciot (Nouveau Front Populaire) avec 29,5 %, son choix de ne pas se désister suscite des critiques. En optant pour une triangulaire, Anne-Laurence Petel prend le risque de diviser les votes anti-RN.

Avec 27,21 % des voix, Claire Pitollat de la majorité présidentielle n’a toujours pas tranché sur son maintien ou son retrait, pour laisser le champ libre au Nouveau Front Populaire. Olivier Rioult (RN) est arrivé en tête avec 32,1 %, devant Laurent Lhardit (NFP) – et adjoint à l’Economie de la Ville de Marseille – avec 28,13 % des suffrages. En 2022, au second tour, Claire Pitollat l’avait emporté avec 61,64 % des voix, face au candidat EELV de l’Union de la gauche, Alexandre Rupnik (38,36 %).

Dans cette circonscription relativement aisée des quartiers sud de Marseille, la candidate LR, Laure-Agnès Caradec, a obtenu 8,68 % des voix. Toutefois, dans le contexte actuel, il est incertain que ses électeurs se tourneraient massivement vers la candidate macroniste en cas de triangulaire, plutôt que vers le candidat RN, Olivier Rioult, ancien collaborateur proche de Martine Vassal, présidente (DVD) du Département et de la Métropole. Ces situations soulignent les difficultés internes et les divergences stratégiques au sein de la majorité présidentielle, affaiblissant leur position face à l’extrême droite.

Duel compliqué dans la 8e circonscription

Dans la 8e circonscription (Pélissanne, Berre-l’Etang et Salon de Provence), Jean-Marc Zulesi (Renaissance), député sortant depuis 2017, est en mauvaise posture. Avec un score de 26,73 %, il va affronter le candidat du RN, Romain Tonussi, en tête des suffrages avec 44,63 %.

La date limite de dépôt des candidatures pour le deuxième tour est fixée à demain, mardi 18h.

La Rédaction