Législatives 2024 : Une (re)mobilisation historique redessine le paysage politique

Le Rassemblement National peut-il conserver son avance ? Le parti présidentiel Ensemble ! parviendra-t-il à limiter les pertes ? La nouvelle alliance de gauche, réussira-t-elle à fédérer son électorat ? Quels sont les enseignements du sondage IFOP – Fiducial, pour LCI, Le Figaro et Sud Radio ?

À quelques jours des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, résultant de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron suite aux mauvais scores réalisés aux européennes, le 9 juin, les Français se préparent à retourner aux urnes. Le
dernier sondage IFOP-Fiducial, réalisé pour LCI, Le Figaro et Sud Radio, montre des dynamiques et des changements notables par rapport aux élections précédentes.

Une participation en hausse

Le premier constat frappant de cette enquête est l’augmentation prévue de la participation électorale. 64% des électeurs déclarent qu’ils iront voter au premier tour, une hausse significative par rapport aux 49% enregistrés en 2022. Cette mobilisation pourrait jouer un rôle déterminant dans les résultats finaux, avantageant potentiellement les partis capables de mobiliser leurs bases. Toutefois, la participation
des jeunes reste légèrement inférieure à la moyenne nationale, avec 53% des 18-24 ans et 49% des 25-34 ans prévoyant de voter.

Le Rassemblement National en pole position

Selon le sondage, le Rassemblement National (RN) de Marine Le Pen, testé avec Éric Ciotti, patron des Républicains, semble être le grand gagnant de cette mobilisation. Avec 34% des intentions de vote, le RN dépasse largement ses scores de 2022 (19%). Cette
progression souligne une radicalisation d’une partie de l’électorat français, attirée par les discours sécuritaires et identitaires du parti. Le soutien d’Éric Ciotti, semble avoir renforcé cette dynamique, établissant une alliance stratégique qui semble payer.
La crise chez Les Républicains a culminé avec l’expulsion d’Éric Ciotti après sa tentative d’alliance avec le Rassemblement National (RN). Cette décision a provoqué une division profonde, avec des figures clés comme Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, et Gérard Larcher, président du Sénat, exprimant leur désapprobation. Ciotti a contesté son expulsion et poursuivi les négociations avec le RN, aggravant l’instabilité interne du parti.

Les Républicains ou la règle de 3

Les députés sortants du parti Les Républicains (LR) cherchent à s’éloigner des conflits internes en se concentrant sur leur implantation locale, souvent en évitant d’afficher le logo du parti. L’enjeu dans ce contexte est de sauver les 62 sièges en jeu, malgré la
division du parti en trois groupes distincts : ceux alliés au RN, ceux soutenus par la majorité présidentielle et les indépendants.
Les LR ont joué un rôle déterminant dans les négociations de la loi immigration en commission mixte paritaire. Bien que leurs résultats aux élections de 2022 aient été faibles, leur implantation locale et leur majorité au Sénat leur confèrent une position stratégique.
Avec seulement 62 députés à l’Assemblée nationale, ils ont souvent été indispensables pour le gouvernement, qui ne disposait pas de majorité absolue. Les LR, idéologiquement proches du macronisme et adeptes du compromis, restent les partenaires les plus naturels pour des alliances législatives. Cette situation place les LR, héritiers du gaullisme, au centre des dynamiques parlementaires actuelles.

La montée du Nouveau Front Populaire

Du côté de la gauche, le Nouveau Front Populaire, regroupant La France Insoumise (LFI), le Parti Communiste (PC), le Parti Socialiste (PS), le Parti des Progressistes (PP) et Les Écologistes, maintient une base solide avec 29% des intentions de vote. En légère
hausse par rapport aux résultats combinés de la Nupes en 2022 (26%), cette coalition de gauche montre une résilience et une capacité à fédérer un électorat diversifié autour de thématiques sociales et écologiques.

La majorité présidentielle en recul

Le parti de la majorité présidentielle, Ensemble !, recueille 22% des intentions de vote, un chiffre en baisse par rapport à ses performances de 2022 (26%). La gestion des crises économiques et sociales récentes semble peser sur ces résultats, malgré les efforts du président Emmanuel Macron pour peser dans le match. À dix jours du premier tour des élections législatives, la majorité présidentielle est en pleine
tourmente. Sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale est critiquée par de nombreux membres de son propre camp. Des candidats font campagne sans afficher les photos du président ou du Premier ministre. Les critiques viennent de poids lourds comme Édouard Philippe (Horizons), ancien Premier ministre, qui accuse Emmanuel Macron d’avoir brisé la majorité sortante. Gabriel Attal, actuel Premier ministre, prend également ses distances. Il souhaite que les élections permettent aux Français de le choisir pour rester à Matignon. Les élections législatives s’annoncent difficiles pour le camp présidentiel, avec des députés cherchant à s’affranchir de l’influence de Macron et
à retrouver leur liberté de parole et d’action.

La détermination des électeurs de Reconquête

Un autre fait notable est la certitude des électeurs de Reconquête, le parti d’Éric Zemmour. 99% de leurs sympathisants se disent sûrs de leur choix, ce qui pourrait se traduire par une forte mobilisation le jour du vote. Avec 2% des intentions de vote, ce parti reste marginal, mais sa capacité à mobiliser un électorat déterminé pourrait lui permettre de jouer les trouble-fêtes dans certaines circonscriptions.

Un paysage politique fragmenté

L’enquête révèle également une fragmentation du vote selon les critères sociodémographiques. Les catégories aisées et les classes moyennes supérieures tendent à soutenir les Républicains (LR) et Ensemble !, tandis que les catégories modestes et précaires sont plus enclines à voter pour le RN ou le Nouveau Front Populaire. Cette polarisation socio-économique reflète les tensions et les inégalités
croissantes au sein de la société.

L’enquête a été réalisée en ligne du 18 au 20 juin 2024 auprès de 1 861 personnes inscrites sur les listes électorales, extraites d’un échantillon représentatif de 2 000 personnes. La représentativité a été assurée par la méthode des quotas, en fonction de critères
sociodémographiques, socioprofessionnels et géographiques.

La Rédaction