Mondial La Marseillaise à pétanque – Pierre Guille : « Les spectateurs, les joueurs ont encore plus besoin de se retrouver pour ce moment de convivialité »

Christophe Casanova, à gauche et Pierre Guille lors de la conférence de presse du Mondial La Marseillaise à pétanque. © EL HAMZAOUI MOHAMMED

Alors que se tenait la conférence de presse traditionnelle qui lance le Mondial La Marseillaise à pétanque au Cloître des Apprentis d’Auteuil (13e) ce mercredi 19 juin, nous nous sommes entretenus avec Pierre Guille. Le Président délégué du Mondial La Marseillaise nous rappelle l’importance du Mondial pour le territoire et nous livre son optimisme et ses ambitions pour cette 63e édition.

Comment s’annonce cette 63e édition du Mondial La Marseillaise à Pétanque ?

Pierre Guille : Elle s’annonce magnifique. Dans ces temps très troubles, politiques, anxiogènes, le Mondial La Marseillaise est une pause. Une pause de bien-être, une pause de bonne humeur, une pause de convivialité, une pause de fraternité et surtout une pause de vivre ensemble dans ce monde où vraiment très compliqué. On peut se retrouver, partager un moment au Mondial indépendamment de ses idées politiques, religieuses, sociétales, sociales, de conditions sociales. On se retrouve au Parc Borély pour jouer ensemble. C’est la seule manifestation sportive au monde qui est ouverte à toutes et tous. Tout le monde peut participer, femmes, enfants, hommes, peu importe. Et c’est le Mondial, et c’est à Marseille et c’est une fierté !

Le public est attendu une nouvelle fois. Les participants aussi avec déjà 500 inscrits d’avances par rapport à l’an dernier. Comment expliquez-vous un tel succès et la longévité de l’évènement ?

Pierre Guille : C’est la rançon du succès, de plus de soixante ans d’expérience et de cohésion. Ça fait 63 ans qu’on permet aux gens de se retrouver. Je pense que ce n’est que plus normal. Les gens cette année en ont encore plus besoin. Les spectateurs, les joueurs ont encore plus besoin de se retrouver pour ce moment de convivialité. C’est aussi ce moment là qu’on attend. J’ai pas mal de copains font Le Mondial à titre personnel et qui me disent « Mais Pierre tu n’imagines pas ce que tu fais… ». Moi je ne me rend pas compte mais eux le voit. Et ils me disent ‘Ils sont entre eux, sans leurs femmes ou avec leurs femmes qui font aussi la partie sans leur mari. Et chacun fait sa partie, c’est ce moment là qu’on attend. Comme dit Patrick Bosso c’est un marronnier, ça revient chaque année mais on aime ça parce que c’est l’ADN de notre territoire.

« La pétanque est le seul sport au monde qui permet au grand-père et au petit-fils de jouer ensemble en se parlant. »

Pierre Guille sur le lien entre générations que représente la pétanque.

Justement, c’est un sport qui se transmet de génération en génération. Toute la famille joue, c’est un sport, une tradition. Peut-on dire que c’est autant un liant culturel que social ?

Pierre Guille : Je le dis et je le redis. La pétanque est le seul sport au monde qui permet au grand-père et au petit-fils de jouer ensemble en se parlant. Moi, je fais un peu de tennis, je ne peux pas parler. Je faisais de la course à pied, je ne peux pas parler. Quand je joue à la pétanque, je peux parler. Et c’est aussi le seul évènement sportif du monde qui permet au joueur du dimanche de tomber contre un champion du monde. Quand je joue au tennis, je ne jouerai jamais contre Nadal, Federer ou Djokovic. Là, si on inscrit une triplette, on peut tomber de manière aléatoire contre le champion du monde en titre.

« Je vais être un peu chauvin mais je pense que le Mondial sera plus important que les JOP sur le territoire. »

C’est une année Olympique et Paralympique pour la France. La pétanque a postulé pour faire partie de cet édition 2024. Allez-vous faire une passerelle avec les Jeux ? Et quels nouveautés vont être présentes sur le Mondial ?

Pierre Guille : Des nouveautés, on en a chaque année. Cette année, on a crée le Mondial des centres sociaux auquel je tiens vraiment. On a crée aussi le Mondial des professionnels du tourisme. C’est aussi la vocation du Mondial. C’est l’évènement numéro 1 du territoire, il se doit aussi de fédérer. Fédérer l’emploi, fédérer la communication, fédérer l’attractivité du territoire et la développer. Pour les JOP, on ne va rien faire de particulier. Je vais être un peu chauvin mais je pense que le Mondial sera plus important que les JOP sur le territoire. Sans dire du mal des JOP, ce n’est pas ce que je veux faire, mais c’est des compétitions de voile ce qui est très bien et compétition de foot, pas amateur, mais jeunes avec des professionnels. Ça va attirer du monde c’est sûr, mais pas autant que les 175 000 spectateurs du Mondial La Marseillais à pétanque.

Vous parliez durant la conférence de presse de 20 millions de retombées pour le territoire. Comment se matérialisent-elles ?

Pierre Guille : Essentiellement touristiques, hôtelières et restaurations. On a 30 pays qui viennent au Mondial, 92 départements. Ils ne rentrent pas le soir chez eux, il faut bien qu’ils restent dormir, qu’ils mangent. Ils vont se balader, visiter Marseille. Ils vont au Frioul, ils vont à Aix, ils vont à Aubagne. C’est un vecteur territorial, je dirais régionale même. On a regardait les retombées, les gens vont jusque dans le Lubéron à peu près d’un côté, sur Nice parfois parce qu’ils vont balader sur la Côte d’Azur. Cette attractivité est naturelle je dirais, quand on fait pour certains 24 000 kilomètres pour venir au Mondial, c’est énorme, il y en a qui viennent de l’autre bout du monde. Si ils perdent la première partie, ils ne reprennent pas l’avion et en moyenne, ils restent à peu près une semaine. Ce qui fait de l’emploi, du chiffre d’affaires… C’est aussi une fierté pour nous.

L’histoire de la pétanque est atypique. Elle a suivi le chemin inverse du handisport. Elle a été créée pour un handicapé à la Ciotat il y a plus d’un siècle. Pouvez-vous nous rappeler cette génèse ? Et l’importance d’avoir crée le Handi-Mondial ?

Avant la réponse de Pierre Guille, nous sommes interrompus par le président du Marseille Cassis, Claude Ravel, venu le saluer et le féliciter pour l’organisation de la matinée.

Pierre Guille : Vous voyez, il y a de l’amitié, c’est aussi ça. Marseille-Cassis c’est comme nous, c’est fédérateur, c’est des marqueurs forts du territoire où on se retrouve en amitié. Nous ne sommes pas dans la compétition, nous sommes amis et on se retrouve. Marseille-Cassis contribue au rayonnement du territoire dans le monde entier comme le Mondial La Marseillaise à pétanque. C’est aussi ce moment-là d’attractivité et de respect.

Pour revenir à l’histoire de la pétanque. C’est un symbole magnifique. Quand on joue au football, au tennis, au handball, au volley, au basket, d’abord on joue à des sports qui n’ont pas été inventés en France mais en Angleterre, aux Etats-Unis ou en Allemagne pour le handball. La pétanque a été inventée en France, chez nous mais elle a été inventée pourquoi, pour qui ? Elle a été inventée pour un handicapée, Jules Lenoir, qui ne pouvait plus faire les trois pas et jouer à la longue. On a changé les règles pour pouvoir jouer « à pied tanqués », les pieds tanqués dans le sol. Ça inverse le paradigme du sport classique où on invente un sport et on a un dérivé pour handicapé. On invente un sport pour un handicapé et tout le monde y joue et ça c’est une fierté, c’est magnifique. Le Handi-Mondial était une évidence pour nous. D’abord le Mondial est aussi ouverts aux handis, tout le monde participe au Mondial. Mais j’ai souhaité il y a trois ans créer le Handi-Mondial et depuis c’est un carton. Il se joue dans 3 pays, 30 départements et les phases se jouent à Borély le mercredi. Donc on peut dire encore une fois qu’on a fait un carton !

Propos recueillis par Rudy Bourianne

Rudy Bourianne est journaliste sportif. Passionné par le club phocéen et le sport en général, il suit notamment l’actualité de l’OM, de la Voile et de l’équipe élite water-polo du Cercle des Nageurs de Marseille pour Le Méridional.