Entretien – Le pivot suédois arrivé cet hiver a contribué à remodeler le visage de Fos-sur-Mer et ses ambitions, alors que deux matchs à domicile se présentent et pourraient relancer le club provençal dans la course aux playoffs en cas de sans-faute.
Il a manqué au Fos Provence Basket un pivot de l’envergure d’un Mattias Markusson sur la première partie de saison pour pouvoir rivaliser avec les autres écuries de Pro B. Le pivot suédois a parfaitement comblé ce manque depuis son arrivée fin janvier en provenance de Chalon-sur-Saône (Betclic Elite), et les BYers surfent sur une toute nouvelle dynamique, bénéficiant également des apports des autres recrues hivernales, Robert Turner III, Mathieu Wojciechowski et plus récemment Junior Etou.
Pièce maîtresse à l’intérieur, dans la dissuasion, dominateur au rebond et impeccable finisseur, Mattias Markusson a donc largement contribué au renouveau des Provençaux, obtenant par ailleurs le trophée de MVP du match sur les cinq victoires « Black&Yellow » sur les sept dernières rencontres.
Même si Fos Provence Basket est toujours à la lutte avec les autres équipes menacées de relégation, Mattias Markusson reste persuadé que les Fosséens ont désormais les armes pour regarder devant au classement, tout en gardant à l’idée d’arracher une qualification pour les playoffs sur le sprint final.
Alors que deux matchs se présentent à domicile, face à Poitiers ce vendredi puis contre Boulazac mardi 26 mars, le nouveau pivot des BYers revient pour Le Méridional sur son expérience globale depuis son arrivée en Provence et ces perspectives d’avenir ambitieuses qui maintiennent tout un groupe en éveil.
Mattias, ce n’est pas commun de voir un joueur de Betclic Elite rejoindre le dernier de Pro B. Quelles sont les raisons pour lesquelles vous avez décidé de rejoindre Fos-sur-Mer ?
L’entraîneur Rémi Giuitta est entré en contact avec moi et a montré de l’intérêt. Le fait d’avoir mon ancien coéquipier Damien Bouquet dans l’équipe, avec qui j’ai joué à Chalon-sur-Saône l’an dernier, je lui en ai bien sûr parlé. Et il m’a dit à quel point il était heureux ici et satisfait de jouer pour Fos-sur-Mer. Donc c’est un peu la combinaison de ces deux choses, l’intérêt de Rémi et le plaisir avec lequel Damien joue ici, qui a facilité ma décision de venir ici.
Rémi m’avait aussi parlé de la situation, parce qu’à l’époque, on n’avait que trois victoires et on était derniers du championnat. L’objectif était de rester en Pro B à ce moment. Mais j’ai aussi trouvé le projet intéressant, puisque l’an dernier lorsque j’étais en Pro B, l’objectif était de gagner la Pro B. Ici je suis arrivé dans un autre contexte, où l’équipe essaie d’abord de rester en Pro B. C’était un nouveau projet pour moi, et j’ai trouvé ça intéressant.
Êtes-vous satisfait du bilan avec Fos depuis votre arrivée (5 victoires en 7 matchs), et pensez-vous que le niveau de l’équipe s’est amélioré depuis votre arrivée ?
Oui, le niveau progresse, pratiquement à chaque match. Si on regarde nos deux défaites, à l’extérieur, face à une très bonne équipe d’Evreux d’abord, on a perdu d’un petit point et on a eu le ballon de la gagne. Il s’en est fallu de peu pour que le match bascule de notre côté. C’est comme ça. Et à Orléans aussi, une très bonne équipe, taillée pour les playoffs, avec des fans incroyables et une grosse salle… Ils ont très bien joué contre nous, mais encore une fois, à la fin du match, c’était aussi très serré. Il a fini par nous filer entre les mains si je puis dire.
Je ne sais pas si je peux dire que je suis satisfait pour autant. Des fois, quand tu en prends une bonne à l’extérieur, de 20 points tu ne peux rien dire d’autre que l’adversaire a été meilleur. Là sur des matchs serrés perdus comme ça, c’est plus difficile. Mais satisfait ou pas, on essaie juste de gagner autant de matchs que possible à l’heure qu’il est. Chaque défaite est une déception, on ne pourra jamais s’en satisfaire, peu importe qui et où on joue.
Quelle conclusion tirez vous des deux derniers matchs contre des équipes de haut de tableau ?
On a joué deux très grosses équipes, Vichy et Orléans, mais c’est qu’il nous a manqué de la régularité et des deux côtés du terrain, que ce soit en défense ou en attaque. A Vichy, on a très mal défendu en première mi-temps avant de monter en régime après le repos, alors qu’à Orléans, j’ai trouvé que notre défense était meilleure au début, mais que c’est notre attaque qui a été très mauvaise. Même si on a été un peu mieux en deuxième mi-temps, on a encore eu du mal.
Ça a été un mal récurrent pour nous, nos entames de matchs. Il faut qu’on réalise qu’on est une équipe avec de supers joueurs mais qui a encore beaucoup à travailler, et on se doit d’être à fond à chaque match dès le début. Parfois j’ai l’impression qu’on ne se réveille que lorsque qu’on se retrouve dans des situations terriblement compliquées, parfois jusqu’à -20 ! C’est une très bonne ligue, avec de supers joueurs, donc c’est très difficile de revenir après de tels écarts.
Vous étiez au premier rang des performances folles de Robert Turner III contre Vichy puis Orléans. C’était comment d’être témoins de tels shoots ?
Ce garçon est en train de prendre de plus en plus d’ampleur ! Il était aussi en Pro B l’an dernier, et on a eu des trajectoires similaires, puisqu’on est parti en Pro A ensuite après la saison. C’est vraiment un gros joueur. Si on a besoin d’un panier, on lui donne le ballon ! Et il va trouver un moyen de scorer quoiqu’il arrive. Il a été à un niveau absolument exceptionnel sur ces derniers matchs. C’est incroyable de voir un tel talent.
Je me souviens l’avoir affronté en Pro B et en début de saison en Pro A. C’est un joueur qu’on ne peut pas vraiment scouter, parce qu’il sait tout faire, et si tu le restreints d’un côté, il trouvera un moyen de faire autre chose. Même si tu essaies de l’empêcher de faire ce à quoi il est bon, il est tellement complet, que tu ne peux pas l’arrêter. C’est vraiment un joueur compliqué à affronter, donc je suis heureux qu’il soit avec moi aujourd’hui et qu’on défende les mêmes couleurs.
Personnellement, êtes-vous satisfait de votre niveau de jeu et de votre intégration dans l’équipe ?
Oui, je suis très heureux du niveau auquel je joue depuis mon arrivée, et c’est grâce à mes coéquipiers. Ils ont fait un super boulot en m’intégrant à leur systèmes et en me trouvant en match. Il y a beaucoup de joueurs altruistes, qui aiment passer le ballon, même s’ils savent aussi scorer. Donc je suis très heureux de cette équipe, la façon dont elle m’a accueilli et intégré. C’est un plaisir de jouer avec ces gars. Plus que la façon dont je joue, je suis surtout content du basket qu’on arrive à développer en tant qu’équipe. C’est le plus important, jouer et gagner en équipe.
Vous avez déjà joué à au Palais des Sports de Marseille le mois dernier. Qu’en avez-vous pensé ?
C’est incroyable de jouer dans cette salle. Je n’y avais encore jamais joué et je ne savais donc pas à quel point c’était génial. C’était pour notre troisième match, il nous en reste un dernier à jouer le 5 avril contre Rouen. C’était une super atmosphère et on a pris du plaisir à y jouer. C’est vraiment une belle salle. J’ai vraiment hâte d’y rejouer et j’espère que ce sera encore plus chaud que la dernière fois, puisque ce sera notre dernière de la saison à Marseille. J’invite tous les gens, de Fos, Marseille, où aux alentours, de venir voir ce match et je peux vous assurer que vous allez passer du bon temps.
Est-ce un moment particulier dans le quotidien de l’équipe, de délocaliser ces matchs dans une plus grande salle ?
Oui, ça l’est. On change de salle, on change d’atmosphère et l’enceinte est bien plus grande à Marseille. C’est toujours plus cool de jouer dans de grandes salles, avec plus de fans. Et Marseille est une ville spéciale aussi.
Avant de retourner à Marseille, il y a encore deux matchs à jouer à domicile contre Poitiers et Boulazac…. Que faut-il faire pour gagner les deux ?
Chaque match de Pro B est une vraie bataille, que tu joues une équipe de bas, milieu de tableau ou du top 8, contre qui c’est encore plus dur. C’est la Pro B qui est comme ça, c’est toujours difficile de s’imposer. Pour nous, ce sera avant tout une question de régularité. On va devoir se concentrer davantage sur nous plutôt que sur nos adversaires à ce moment de la saison.
Vu qu’on a enregistré quatre arrivées durant la trêve, en terme de vécu collectif, c’est comme si on était encore en pré-saison. On continuer à travailler, apprendre à se connaître et prendre nos habitudes sur le terrain. On doit aussi être prêt dès le début du match. On ne peut pas se permettre de débuter encore mal et remonter la pente en deuxième mi-temps. Parfois, avec un coup de chance, ça peut passer avec une grosse deuxième mi-temps. Mais ça reste rare en Pro B.
Avec les autres recrues, quand on est arrivé au club, la situation était vraiment mauvaise pour le club au niveau du classement, même s’il y avait déjà de très bons joueurs dans l’équipe. Ils n’avaient juste pas assez de joueurs, trop peu de rotations. Maintenant, je sais qu’on a une équipe taillée pour les playoffs. La question, c’est est ce qu’on va avoir assez de temps et assez de matchs restants à jouer pour rattraper les matchs perdus sur la phase aller.
Quelle est l’ambition pour la fin de la saison ?
Je crois qu’on est à 4-5 victoires des dernières places qualificatives pour les playoffs. Ça va être serré, il va peut-être nous falloir un peu de chance quant aux résultats des autres équipes. Mais je sais qu’on a une équipe faite pour les playoffs, et si on l’avait eue depuis le début de saison, je suis sûr qu’on sera à une toute autre place.
La question principale demeure le nombre de matchs qu’il nous reste à jouer. On verra bien. C’est notre objectif, d’accrocher les playoffs. Il n’y a pas de raison qu’on n’y arrive pas avec l’équipe dont on dispose aujourd’hui.
Propos recueillis par Romain DAVESNE